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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

1999

Dr J.-G. Rozoy

LE MODE DE VIE AU MÉSOLITHIQUE



1. Les modes de chasse

La chasse (au sens large, y compris la pêche) est l'activité essentielle de l'humanité avant le passage à la production lors du Néolithique. Ceci est particulièrement intense dans nos régions tempérées où les végétaux ne fournissent qu'un appoint alimentaire minime et saisonnier. Les modalités de la chasse déterminent une grande part des outils, et influencent très fortement l'organisation sociale et l'idéologie.

L'arc et la flèche sont au Mésolithique le moyen principal et presque unique de subsistance. (Rozoy 1978, chap. 21). Du fait de leur grande efficacité (Fischer 1989), leur persistance et leur généralisation ont entraîné dans la vie des chasseurs des changements considérables et font du Mésolithique une période autonome, décisive dans l'évolution culturelle de notre espèce (Rozoy 1989, 1993).

La microlithisation des armatures de chasse (et, par contagion, d'une bonne part des autres outils) est la conséquence du passage à l'arc : sur une flèche de 20 g qui vole à 100 km/h, il faut des armatures de 1/2 à 2 g. Les pointes de sagaies en os ou en bois de renne des Magdaléniens pèsent 15 à 30 g et sont adaptées à des sagaies de 200 ou 300 g. Elles déséquilibreraient totalement les flèches (Rozoy 1992 c). Et il faut quatre à six heures pour en faire une. Comme on fait beaucoup de flèches, qu'on en perd chaque jour, il faut des pointes et des tranchants latéraux en silex, vite taillés, vite montés, qui percent et coupent très bien la peau et les chairs du gibier. Il faut aussi de quoi lisser les hampes de ces flèches. La panoplie des outils change du tout au tout : on n'a plus besoin de ces burins de tous types qui servaient à faire les pointes de sagaies par la technique du sillon et de la baguette. Voilà 30 à 50 % de l'outillage de silex qui disparaît ! Les Mésolithiques font encore des burins, mais 1 ou 2 % leur suffisent. On taillait de grandes lames de silex pour y faire des grattoirs, qui se tenaient bien en main. Il faut maintenant des lamelles plus fines pour y couper des armatures (au-delà de 4 mm d'épaisseur, la section des lamelles devient difficile); le débitage lui-même change en proportion (Fagnart 1993), grâce au débitage indirect (Walczak 1995). On fait aussi des grattoirs plus courts, très probablement emmanchés. Et on utilise de plus en plus des éclats retouchés n'importe où, sans trop se soucier d'une forme définie. Cela ne fera que se développer, jusqu'à la moitié des outils, au moins dans certains groupes.

La transition d'un style à l'autre va prendre 500 à 1 000 ans. Il y a des pesanteurs sociologiques, des résistances. Dans toute l'Europe (sauf dans la grande plaine russe où il n'y a pas de pierres), on fera d'abord les armatures à la mode paléolithique du bord abattu ("dos"), en contournant le bout de la lamelle pour obtenir une pointe. Il y aura une seule classe d'armatures, mais avec quantité de variantes. Ce sont les Aziliens (du Périgord, des Pyrénées) et les Aziloïdes de toute l'Europe (Tjongérien, Creswellien évolué, cultures à Federmesser). Puis on inventera de couper la lamelle, en en franchissant les arêtes, d'où la pointe à troncature oblique, qui remplace les pointes à dos, et de multiples combinaisons. Les unes sont géométriques : triangles isocèles, puis scalènes, segments de cercle, plus tard trapèzes. D'autres ne le sont pas : pointes de Sauveterre, pointes du Tardenois et leurs multiples variantes, feuilles de gui dans le Nord, armatures à éperon dans l'Ouest, flèches de Montclus et du Châtelet dans la moitié sud de la France. Ces variantes infinies sont des modes locales qui ne diffèrent pas plus que nos actuels modèles de voitures, mais (comme ceux-ci) nous permettent aujourd'hui d'identifier les fabricants et de distinguer les cultures régionales. A partir de cette seconde invention, il y aura toujours partout au moins deux classes d'armatures en usage à la fois, et plus souvent trois ou quatre (Rozoy 1992 d) : cela témoigne dans l'emploi des flèches d'une plus grande diversification que nous ne savons, hélas, pas percer plus avant. En Europe du Nord, on continuera longtemps à utiliser des pointes barbelées en os, taillées au burin, à côté des armatures de silex (Verhart 1990). Vers 7 800 B.P. (non calibré), se répand partout une invention dans la technique de l'arc et de la flèche, que nous ne savons encore pas préciser non plus, mais qui entraîne la fabrication de trapèzes typiques et de lamelles plus régulières, du style de Montbani (de Montclus dans le Midi).

Les tactiques de chasse laissent peu de traces. L'approche est attestée indirectement par des masques découpés dans des têtes de cerfs, datés du Préboréal et du Boréal (Clark 1954, Gramsch 1973). L'arc est un avantage manifeste pour ce procédé, par sa précision et par l'absence de mouvement effrayant les bêtes. Des bâtons de jet ont été retrouvés dans les tourbes nordiques. La combinaison de l'embuscade et du rabattage, difficile à prouver, a probablement été la technique de base, elle est figurée sur les peintures du Levant espagnol (fig. 1). Des pièges sont attestés, non pas des fosses, souvent postulées et jamais constatées, et qui ne sont pas dans les façons de ces chasseurs, mais des pièges à ressort (Vis, Bourov 1973, 1990). Des filets ont été trouvés dans la tourbe (Gramsch 1989), ils ont pu servir pour le poisson, mais aussi pour des mammifères. La présence d'os de petits oiseaux fait conclure à leur piégeage (lacets, filets...).

La pêche est difficile à mettre en évidence et à étudier. Les restes de poisson (saumons, truites) abondent dans quelques sites au bord de rivières moyennes, mais la répartition d'ensemble des gisements n'est pas orientée sur l'eau. Des pagaies attestent la navigation fluviale, mais les espèces de poissons trouvées dans les sites près de la mer sont celles que l'on peut prendre du rivage.

2. Equilibre écologique

Les animaux présents étaient bien plus nombreux dès la fin de la glaciation qu'au temps des Magdaléniens : le renne (135 kg) avait émigré, mais était remplacé par le cerf (175 kg) et le chevreuil (22 kg). Au lieu de 5 rennes au km2 (200 à 400 kg de viande selon le poids attribué au renne) il y a 4 à 8 cerfs (420 à 840 kg de viande), plus 2 sangliers (120 kg) et 10 chevreuils (130 kg). L'aurochs était resté, peut-être même plus abondant dans un climat plus doux. Elan, cerf géant, bison d'Europe remplaçaient avantageusement le cheval. Dans un rayon de deux heures de marche (10 km) il y avait autour d'un groupe d'archers 1 200 cerfs (en tablant sur l'effectif minimal de 4 au km2), 600 sangliers et 3 000 chevreuils. Cela aurait même permis une vie sédentaire, en ne tuant chaque année que 15 à 20 % des bêtes, taux limite pour permettre la survie des espèces (Rozoy 1978, chapitre 21).

Les proportions des différents gibiers consommés sont le seul élément que l'on puisse déduire des restes osseux retrouvés dans les couches. Les os abandonnés ne se conservent qu'exceptionnellement et ne permettent donc pas de calculer les effectifs de population des hommes préhistoriques, qui devront être estimés par d'autres moyens (v. ci-dessous). Les proportions de viandes abattues (fig. 2) sont au mieux estimées en poids, en se basant sur le nombre de restes (et non sur le nombre minimum d'individus, qui favorise trop les espèces rares) et sur une moyenne de 60 % de viande par bête abattue.

Les archers ont chassé les plus grands animaux du milieu : aurochs, cheval dans les époques (Dryas III, Préboréal) ou les zones (Provence, Causses) pas trop boisées, mais on trouve encore de l'aurochs au Boréal dans la Somme (Ducrocq 1995) et dans l'Ardenne (Cordy 1976). Renne et cerf géant là où il y en avait (Remouchamps au Dryas III, Dewez 1974 a), ou bouquetin (en montagne), cerf et sanglier ensuite dans la généralité des cas : plus de sanglier au Préboréal et au Boréal, dans une forêt claire, plus de cerf à l'Atlantique dans une forêt plus fermée, cela correspond à la fréquence des espèces (Rouffignac, Barrière 1973-74, Rozoy 1978). Le chevreuil, omniprésent, abondant, mais trop petit, n'a été utilisé que très occasionnellement. En poids de viande, castor, loutre, lapin et tous animaux petits n'ont constitué que des appoints gustatifs, tout comme les coquillages de bords de mer ou les escargots (les amas de coquilles sont impressionnants, mais en poids de viande c'est minime et ne peut fournir plus de 3 % des calories nécessaires, Peterssen 1922, Rozoy 1978 p. 1035). Martre, blaireau, putois, loup, renard, lynx, peu sapides, sont chassés pour leur fourrure, de toutes façons les quantités en sont trop faibles pour intervenir dans les comptes de poids de viande. L'ours lui-même ne fournit que peu, dans un seul site connu (Birsmatten, Bandi 1963, Rozoy 1978). Nos archers sont des chasseurs de grands herbivores, ils n'ont pas peur des plus dangereux (aurochs). Si l'on reprend les calculs en ne comptant que 20 % de viande par bête (la bonne viande à rôtir), la place des petits animaux (lapin compris) reste minime. L'homme apparaît à cette époque comme un prédateur parmi les autres, ne prélevant probablement pas beaucoup plus que le loup : 5 à 7 % des animaux chassés. Aucune espèce n'a été exterminée, à ce niveau les archers n'avaient pas même à s'en préoccuper.

La diversification des sources de viande est systématique : il y a toujours au moins deux sources principales, mais souvent (dès que c'est possible avec de grands animaux) trois ou quatre (fig. 2). Il n'y a donc aucune orientation vers un seul animal, qui pourrait être un prélude à la domestication. Au contraire, le choix est beaucoup plus diversifié qu'au Paléolithique supérieur où le renne (ou parfois le cheval) fournit souvent 80 ou 90 % de la viande, dans un milieu de steppe froide fréquenté par des animaux très divers. Cette diversification, mais limitée aux grands animaux, est considérée par A. Bridault (1994) comme "une économie d'abondance relative", sans différence entre les Aziloïdes et le Mésolithique proprement dit.

La place de la pêche est mal connue actuellement, à cause de la difficulté de son étude. On connaît surtout des restes de saumon et de truite, qui sont les plus faciles à voir, dans des sites de bord de rivière, mais ceux-ci ne sont pas les plus nombreux, et ils ont fourni aussi du cerf et du sanglier. Montclus (Escalon 1966, Rozoy 1978) a donné une industrie du silex normale, non spécialisée. Il y aurait donc pour ce site un faible degré de spécialisation (mais à Lautereck, Taute 1966, l'industrie est spéciale). D'après les comparaisons ethnographiques (Lee 1968), la pêche a pu fournir entre 25 et 75 % des ressources, les données actuelles plaident plus pour 25 % que pour 75 %. Les recherches se poursuivent.

Les végétaux, dans nos climats, sont marginaux dans l'alimentation tant qu'on ne cultive pas. Il y a bien 400 espèces comestibles (dont 200 de champignons), mais la plupart sont très peu énergétiques, et toutes sont trop saisonnières pour compter beaucoup. Seules les noisettes sont couramment trouvées (mais ce sont les cachettes des écureuils), les noix d'eau aux Pays-Bas, et quelques graines récoltées (mais sans culture) dans le Midi (Vaquer et Barbaza 1987). La récolte du miel est attestée par les peintures du Levant espagnol. Les végétaux n'apportent certainement pas plus de 5 % des calories nécessaires à la vie. L'influence humaine sur la végétation a été très faible au Mésolithique : quelques incendies accidentels, mais pas de défrichement systématique ni maintenu, pas de début de passage à la culture. La présence de chénopodiacées et d'orties dans les sites (plantes de lumière et surtout de fumier) ne s'accompagne pas de plantes de prairies défrichées (plantain, oseille sauvage), au total l'influence est minime.

3. La vie en petits groupes

Les archers ont vécu dans les sites les plus divers. Il n'est pas d'époque ou de culture qui en ait utilisé une aussi grande variété. On trouve leurs armatures caractéristiques, et les traces de leurs campements, sur le calcaire et même la craie, sur l'argile, les limons loessiques, l'arène granitique ou le vieux sol acide armoricain comme sur le sable, le schiste, le basalte ou dans les rochers, en plaine comme en bords ou au milieu de plateaux ou en montagne jusqu'à 2 000 m, souvent aux bords de marécages, parfois au bord de rivières moyennes, mais plus souvent loin de l'eau et en hauteur (Kvamme et Jochim 1989), en plein-air la plupart du temps, mais les abris et les entrées de grottes fournissent des stratigraphies (Birsmatten, Montclus, Rouffignac) qui sont avec le radiocarbone les bases de nos chronologies. Les vrais sites de bord de mer ne nous sont pas connus parce que la mer a remonté (de 100 m pour les plus anciens, de 10 m pour les derniers), mais les sites des rivages actuels contiennent des amas de coquilles qui attestent la fréquentation des plages voisines, même si elle a eu beaucoup moins d'importance qu'on ne l'avait cru. Ces hommes des bois ont vécu à peu près également sur tous les terrains, on sait d'ailleurs que par suite de la constitution de la terre végétale les sous-sols différents portent, sauf cas extrêmes (sables, craie) des forêts très analogues... et les mêmes espèces animales, plus importantes pour les archers que nos distinctions botaniques. Le terrain était occupé en entier, pour la première fois dans l'aventure humaine, car les Paléolithiques se cantonnaient dans quelques biotopes favorables (Rozoy1992 b, 1995 c).

Les gisements sont plus petits qu'au Paléolithique. Il y a certes quelques grands sites (50 m et plus de diamètre), mais ceux qui ont été étudiés à fond se sont avérés être des coalescences de sites moyens ou même petits. La forme ovale des concentrations de silex (Rozoy et Slachmuylder 1990, Rozoy 1995 d) évoque pour ces campements une structuration plus élaborée qu'on ne le pensait. Beaucoup de sites moyens comportent plusieurs foyers (jusqu'à 22 à Montbani II) ou/et plusieurs niveaux (Sablonnière II, Parent 1971, 1972, 1973, Rozoy 1978 p. 461-477) et résultent de campements successifs des mêmes archers revenant d'année en année (ou de lustre en lustre, ou de saison en saison) utiliser la même clairière. Il est donc difficile d'évaluer sur cette base le nombre de personnes du groupe. Mais, outre quantité de petits sites de plein-air, on dispose des traces de cabanes, dépassant rarement 10 m2 et jamais groupées, et de nombreux abris naturels très petits, même au voisinage de plus grands qui ont été négligés. Les groupes élémentaires auraient donc rarement dépassé 10 à 15 personnes - soit 2 ou 3 familles nucléaires. (voir au 4. pour les effectifs de population).

Les structures observées dans les sites sont peu spectaculaires : de très vagues traces de tentes ou de cabanes, dont on ne peut dire si elles sont rondes ou rectangulaires, sont marquées par des pierres alignées dans les sites où la pierre était disponible à portée immédiate, parfois (dans les sites sans pierres) par un vide anormal (Sonchamp III, fig. 3) ou au contraire par l'accumulation des outils et déchets à l'intérieur (Montclus 13 D, Escalon 1966, Rozoy 1978, p. 295), ou par des traces dans le sol (Maglemosien, Blankholm 1981). Il y a des foyers, rarement construits avec des pierres, le plus souvent de simples traces charbonneuses à même le sol. La multiplicité de ces derniers dans un même site laisse hésiter entre des passages successifs et des activités diverses (chaque famille a pu avoir son foyer). On a constaté dans les sites sableux quelques fosses dont la destination demeure inconnue, la percolation en effaçant la plupart, et dissolvant les os (animaux ou humains) qui auraient pu favoriser une attribution. A l'Allée Tortue (Rozoy et Slachmuylder 1990) il y a des amas de meulière élevés sur certaines fosses, ce sont peut-être des monuments funéraires analogues à ceux de Téviec et Hoédic (voir ci-dessous, au 6.).

La durée d'occupation des sites est difficile à préciser : "4 individus pendant 6 mois ou 2 individus pendant un an ?" a écrit François Bordes (1970), pour le Paléolithique. Pour le Mésolithique, on dirait plutôt : 10 personnes pendant trois mois ou 20 personnes pendant six semaines ? Sous les abris, on trouve environ une centaine d'outils par siècle. Il s'agit de passages répétés (un jour ou deux, sinon on observerait des structures), mais on y a fait les mêmes activités faiblement spécialisées qu'en plein-air (puisque les compositions des outillages sont les mêmes). La vie normale était celle du camp de plein-air, qui pour laisser plusieurs centaines d'outils a dû durer quelques mois. En une seule fois ? Peu probable à cause de la multiplicité des foyers. Nous n'avons pas d'indices sérieux d'activités spécialisées ni même saisonnières.

Le nomadisme était purement culturel : Nos gens connaissaient leur terrain, puisqu'ils revenaient aux mêmes points et campaient au même endroit du site, où ils avaient leurs habitudes, on peut même imaginer qu'ils y avaient leurs traditions et leurs légendes. Ce n'était pas une errance au hasard, mais des retours plus ou moins fréquents dans des lieux bien connus qui portaient certainement des noms. Ils auraient pu vivre sédentaires, disposant dans le rayon de deux heures de marche de 160 tonnes de viande, dont 30 abattables sans raréfier le giber (plus les petits animaux et le poisson, voir ci-dessus, au 2.), alors que 20 personnes n'en consomment que 9 tonnes par an. Même en tenant compte du gaspillage, deux ou trois camps de base auraient suffi, qui auraient laissé des traces bien plus fortes que ce que nous trouvons. Ce n'aurait pas été plus nomade que nous-mêmes, qui allons ailleurs l'été et en fin de semaine. Mais, comme la plupart des peuples chasseurs subactuels (Constandse-Westermann 1995), les archers mésolithiques ont déménagé beaucoup plus souvent, sans nécessité économique : c'est une question d'état d'esprit.

4. La population a beaucoup augmenté

La capacité nutritive maximale du territoire est, pour estimer les nombres absolus des habitants, le seul mode de calcul acceptable (et très approximatif). Ni le nombre de sites, ni les restes de cuisine ne permettent un calcul des effectifs d'ensemble : beaucoup de sites sont détruits, ou enfouis, et nous ignorons dans quelles proportions; les carnivores emportent les os, qui de toute façon ne se conservent pas s'ils ne sont pas enfouis rapidement, or ce cas est rare. On se base donc sur la population animale consommée : 4 cerfs (minimum) et 2 sangliers au km2, dont on peut tuer sans risque de disparition un animal sur six, et qui fournissent 60 % de viande (le chevreuil a été très peu utilisé). Et une consommation moyenne de 2 500 calories par personne et par jour, soit 1,2 kg de viande. Mais la population effective (observée sur les peuples chasseurs subactuels) ne suit que de loin cette capacité nutritive théorique, ne serait-ce qu'en raison des mauvaises années où les effectifs des animaux s'effondrent de moitié. Il paraît raisonnable de n'en compter que le tiers. On parvient alors, en tenant compte aussi (forfaitairement, vu le manque de données) de la pêche et du gaspillage, à 30 000 à 70 000 rations réellement disponibles : 50 000 habitants en France à l'Atlantique, peut-être moitié plus au Boréal (Rozoy 1978, p. 1064-1066). Il ne s'agit que d'un ordre de grandeur, une base de discussion à peu près raisonnable. Elle donne toutefois la mesure de l'abîme qui nous sépare des chasseurs mésolithiques : l'agglomération de Périgueux répartie sur toute la France, 500 personnes par département, soit 25 à 50 groupes de 10 à 20 personnes (enfants compris), ou encore deux groupes de 15 personnes par canton.

Les gisements sont beaucoup plus nombreux qu'au Paléolithique, dans une proportion énorme qui compense très largement leur petite taille, et suggère que la population dépasse très fortement celle du Magdalénien, culture la plus abondante (en France) de tout le Paléolithique. Des recensements basés sur les publications, sans examen systématique du terrain (Kwamme et Jochim 1989), montrent pour les zones à peu près étudiées un site mésolithique pour 5 à 6 km2, et c'est ce qu'on trouve aussi partout chaque fois que l'on prospecte sérieusement (Rahir 1903, Fagnart 1993), contre un site pour 1 400 km2 pour le Magdalénien sur l'ensemble de la France, mais un site magdalénien pour 230 km2 effectivement occupés en Périgord. Compte tenu de divers correctifs (Rozoy 1992 c), l'augmentation des populations totales atteignait quatre à cinq fois plus pour le Boréal ou l'Atlantique, juste avant la néolithisation. Le Périgord est la seule région où les populations du Magdalénien supérieur avaient atteint une densité comparable à celle du Mésolithique. La différence entre le Magdalénien et le Mésolithique est essentiellement dans l'occupation totale et uniforme par les archers, opposée à une utilisation d'îlots dans un désert glacé pour les lanceurs de sagaies. François Bordes (1968, p. 235) a écrit, à juste titre : "On pourrait définir le monde paléolithique comme un désert humain fourmillant de gibier" et aussi : "un homme pouvait sans doute vivre toute sa vie en ne rencontrant que très rarement un homme d'une autre tribu, surtout d'une autre culture". Ce n'est plus le cas au Mésolithique, il n'y a plus ces immenses espaces vides entre les groupes régionaux, chaque groupe régional (tribu, probablement) a des voisins qu'il connaît et fréquente. En témoigne la très rapide diffusion à travers toute l'Europe des inventions importantes, comme localement celle des petites particularités typologiques qui permettent de sentir au niveau des frontières interculturelles des influences réciproques.

La composition des groupes élémentaires ("bandes" selon la terminologie ethnographique) nous est plus ou moins connue par le biais des nécropoles. Celles-ci ne concernent toutefois que les stades récent et final à trapèzes. Contrairement à ce qu'on a cru longtemps, la moitié de la population vivait jusqu'à 60 ans (Masset 1974). En moyenne, une bande pouvait donc comprendre 2 personnes de + ou - 60 ans, 3 autour de 45 ans, 3 autour de 30 ans, 4 autour de15 ans et 6 enfants, soit seulement un enfant sur trois, c'est d'ailleurs la proportion constatée à Téviec et Hoédic (11 hommes, 13 femmes, 12 enfants). Ces groupes très restreints étaient nécessairement exogames, ne serait-ce que par manque de possibilités objectives dans le groupe. On a souvent postulé, par comparaison avec les tribus de chasseurs subactuels, des réunions des bandes à certaines saisons favorables, avec tout le cérémonial s'y rattachant : rites, danses, échanges de personnes entre groupes, fiançailles ou mariages,etc. Cela doit laisser des "sites d'agglomération" pour lesquelles les "grands" sites seraient des candidats évidents... s'ils ne se composaient de multiples sites moyens ou même petits dont la contemporanéité n'est aucunement assurée. Nous n'avons actuellement en France aucun signe objectif de telles pratiques, qui sont cependant vraisemblables.

Les cultures régionales couvrant 10 000 à 30 000 km2 manifestent une constante stabilité dans leur outillage (Rozoy 1991 b, 1994). Par la parure, R.R. Newell et coll. (1990) retrouvent des surfaces analogues. Cette mosaïque spatiale (Rozoy 1992 a, 1995 e) est certainement le reflet des unités sociales, probablement fondées (comme chez les chasseurs subactuels) sur une endogamie (à 80 %) et une communauté de langage. Ces groupes régionaux comptaient de 1 000 à 3 000 personnes, au-delà il y avait subdivision en deux cultures-filles, comme on peut le percevoir au cours du stade moyen pour le Tardenoisien de part et d'autre de la Seine. Les cultures correspondaient à des "tribus" de chasseurs, mais sans aucun signe de centres de décision plus importants ou plus riches comme on en rencontre dans les tribus de producteurs. L'organisation était certainement au niveau de la bande et non à celui de la "tribu" (Constandse-Westermann et Newell 1989, Newell 1995 a, b). Il s'agit donc plutôt de peuples qui n'ont guère d'équivalents actuels (voir 6.).

5. Sociologie, rapports interculturels

La division du travail n'a pas laissé de traces perceptibles. On n'a pas trouvé de lieux où tel ou tel travail aurait été accompli exclusivement. Les Mésolithiques ont sûrement harponné le saumon lors de sa migration, mangé des champignons et des noisettes à l'automne, etc, mais nous ne trouvons aucun site spécialisé à ces fins, qui nous donneraient des outillages particuliers. Les détails typologiques sont toujours groupés géographiquement, et avec des spécificités de style qui excluent l'interprétation en termes de déplacements saisonniers des mêmes chasseurs allant d'une région à l'autre : ils changeraient peut-être d'outillage, mais non de style. De la division du travail entre les sexes, absolument générale chez les peuples chasseurs subactuels (les hommes chassent, les femmes et les enfants collectent et font la cuisine), le seul témoignage très indirect est l'absence totale de femmes et d'enfants dans les sépultures en grottes ou abris (v. 6), qui semblent n'avoir été utilisés que très brièvement lors d'expéditions de chasse. Les grottes fournissent les mêmes outils que les sites de plein-air, donc faible spécialisation du travail entre les sexes.

Le régime matrimonial n'a pas laissé de traces positives. La petite dimension des abris et des campements évoque de petits groupes de 10 à 20 personnes qui pouvaient comprendre deux ou trois générations (voir ci-dessus au 4.). Il est alors hautement vraisemblable que la famille nucléaire ait été la base de la société (un couple et ses enfants). Dans un tel groupe il n'y a place que pour deux ou trois familles, surtout compte tenu des grands-parents, et l'exogamie est pratiquement certaine, faute de choix. La proscription de l'inceste est si générale dans les sociétés humaines qu'elle est aussi à présumer, d'ailleurs l'unité culturelle des groupes régionaux sur 100 à 200 km suppose une large circulation humaine dans cet espace. Mais les détails nous échappent complètement. Nous ne savons rien des classes ou castes destinées par nature (sociale) l'une à l'autre, des échanges nécessaires au maintien des dimensions des groupes, de la fidélité (ou non-fidélité) conjugale, de la stabilité (ou non-stabilité) des unions, et il n'apparaît aucun espoir de pouvoir seulement aborder ces questions, qui sont le pain quotidien des ethnologues.

Des meurtres sont attestés par la présence d'armatures de flèches dans les os de quelques squelettes, (le sujet K6 de Téviec, un cas à Bögebakken et un à Schela Cladovei). Il peut s'agir d'accidents de chasse (voir fig. 2 la scène de chasse avec la harde de cerfs encerclée, les rabatteurs ou les chasseurs en embuscade peuvent s'atteindre les uns les autres). Mais un accident simulé peut être un bon moyen d'assouvir une vengeance personnelle (voir au 6. au sujet des sépultures doubles et triples). Ces meurtres ou accidents demeurent des cas isolés, il n'y a pas trace de guerre véritable, qui n'apparaîtra en France qu'à l'âge du bronze. La guerre et même toute forme de domination n'auraient aucun sens dans une société où il n'y a pas de réserves à voler, et où le dominé peut toujours s'en aller avec son arc et survivre loin du dominateur dans une forêt non bornée, non jalonnée, non divisée, où le gibier ne manque pas. Il n'y a pas de domination, pas de cabanes plus riches ou de tombes princières. Comme dans toutes les sociétés de chasseurs actuels, le chef est celui qui sait persuader, qui sait conseiller. La cohésion du groupe est plus importante que la dominance.

L'organisation sociale est établie au niveau de la bande (groupe élémentaire), et elle est certainement beaucoup moins complexe que dans des tribus de 800 membres avec problèmes de propriété ou de réserves. "L'organisation qui assume tous les rôles est la famille elle-même" (Service 1968).

Les cultures archéologiques sont-elles des tribus ou des peuples ? Les lots d'outillage (lithique et autres), cohérents sur des surfaces de 10 000 à 30 000 km2, attestent une unité sociale d'ordre plus élevé, au-dessus de la bande (Rozoy 1995 e). Chaque culture occupe un espace défini, assez stable au cours des millénaires, pouvant nourrir 30 à 300 bandes de 10 à 20 personnes, soit 800 à 5 000 personnes par culture (Le colloque de Sauveterre, Rozoy 1995 a, a établi que l'industrie lithique du Sauveterrien semble homogène sur un espace de 200 000 km2, mais une subdivision ultérieure par d'autres méthodes demeure probable). La cohésion technique maintenue de siècle en siècle atteste des rapports constants, intenses et préférentiels entre les bandes au sein de la culture. Mais la distribution égale des caractères génétiques dans toute l'Europe suppose une communauté de reproduction beaucoup plus large, l'endogamie de la culture devait donc être limitée (80 % ?). L'absence de tout centre plus riche ou plus dense exclut l'idée d'autorité gestionnaire au niveau de la culture. Plus que de tribus (organe-type des premiers producteurs) il s'agit donc de peuples qui n'ont plus guère d'équivalents actuels (voir 4.). Lors de l'évolution, un peuple devenu trop nombreux (au-delà de 3 000 personnes) peut se diviser, c'est le cas du Tardenoisien au cours du stade moyen.

Rapports entre les cultures : On perçoit sur les marges des territoires des influences nettes, mais qui demeurent marginales. Tel type spécial d'outil ou d'armature, courant dans une culture, par exemple à 15 ou 20 %, est trouvé dans la voisine, ne pénétrant en général que de quelques kilomètres, et beaucoup moins abondant : 2 ou 3 %. Les frontières étaient perméables, le montre aussi la diffusion rapide des grandes inventions : l'arc, la troncature oblique, les trapèzes. Mais, hors ces grands cas, les rapports restent purement individuels, ne concernant que les groupes et surtout les personnes proches de la frontière.

Déplacements et échanges sont attestés par la diffusion de certains matériaux ou objets (parure surtout, allant jusqu'à 500 km, fig. 5). Mais ils conservent un caractère individuel et ne portent que sur le superflu, influant sur les rapports d'identification culturelle, mais jamais sur l'économie de base.

6. Sépultures, anthropologie physique

Comme au Paléolithique, on trouve dans les couches mésolithiques de toutes les périodes, partout en France et en Europe, des restes anatomiques isolés et des sépultures isolées, celles-ci parfois remaniées par des tombes ultérieures, ce qui n'en fait pas des nécropoles. Le fait nouveau est constitué, aux stades récent et final seulement, par les cimetières, qui sont les premiers dans l'histoire de l'humanité.

Les restes humains isolés comprennent toujours des os de la tête : crâne ou fragments (avec ou sans la face), dents ou mandibule. Moins de la moitié des cas comportent un accompagnement d'os non crâniens, parfois des os longs résistants aux causes de dissolution, que naturellement on attendrait plus souvent que le crâne, mais souvent aussi des phalanges, qui sont d'ordinaire les premières à disparaître. Il est donc certain qu'il ne s'agit pas d'une conservation différentielle de corps abandonnés, et qu'un choix a été opéré par les Préhistoriques (Rozoy 1978, chap. 21). Le choix du crâne (intact, tout au moins à l'origine) permet d'écarter l'idée d'anthropophagie. S'agissait-il de magie, de religion, de culte des ancêtres ? En tous cas de pratiques d'ordre idéologique, impliquant des reliques crâniennes, ou du moins céphaliques. La personnalité humaine était déjà considérée comme essentiellement céphalique et probablement psychique (mais la tête porte les organes des sens et il y avait probablement quelque confusion entre un chasseur à bonne vue, bonne ouïe et un chasseur adroit ou malin). Il y a aussi, dans la plupart des nécropoles, des tombes vides (cénotaphes).

Les sépultures isolées sont presque toutes dans des abris ou grottes : c'est un biais dû à leur nature calcaire conservant les os et aux méthodes de recherche anciennes, qui ont favorisé ces sites et les sables, où les os ne se conservent pas. On commence à en trouver dans de grands habitats calcaires de plein-air (Ducrocq 1995, Verjux 1995). Ces localisations montrent que, même en cas d'accident au cours d'une chasse, l'on enterrait dans le plus proche endroit connu et fréquenté. Après l'Azilien, toutes ces sépultures en grottes et abris sont masculines : les grottes n'étaient utilisées qu'occasionnellement, lors d'expéditions de chasse effectuées par les hommes (voir 3.). Il y a là un changement, puisqu'à l'Azilien, dans un climat déjà clément, et avec l'arc, on trouve encore des femmes enterrées dans les grottes : le mode de vie paléolithique n'a cédé que lentement, c'en est un témoignage de plus.

Les cimetières ne sont connus qu'au stade récent, et même pour la plupart au stade final. Ceux que nous avons en France (Téviec et Hoédic, Péquart 1937, 1954), comme au Portugal (Mugem, Roche 1972, 1989) étaient dans des amas de coquilles, or les amas semblables des stades antérieurs sont noyés par suite de la remontée de la mer. Mais divers cimetières de plein-air sans coquilles au Danemark (Bögebakken, Albrethsen et Petersen 1977), en Suède (Skateholm, Larsson 1989), en Lettonie (Zvejniecki, Zagorskis 1974, Rozoy 1975) et en Roumanie (Schela Cladovei, Boroneant 1973, 1990) sont aussi des stades récent et final, aucun n'a été trouvé pour une époque plus ancienne; il semble donc que la période à trapèzes ait vraiment inventé d'enterrer les gens côte à côte. Et peut-être de les enterrer tous, ce qui ne semble pas le cas auparavant.

Les sépultures doubles et triples comprennent toujours un enfant. Un bébé pouvait être condamné du fait de la mort de sa mère, mais il y a de grands enfants et même (à Bögebakken) deux adultes, cela évoque le meurtre rituel destiné à fournir un compagnon au défunt ou à venger une mort suspecte. Il y a trop de tels cas pour que l'on puisse douter du sacrifice, d'ailleurs un adulte sacrifié de Bögebakken avait été tué d'une flèche dans la nuque. Cela nous montre, à nouveau, les archers mésolithiques beaucoup plus complexes qu'on ne le croyait.

La position contractée du défunt (fig. 6) est en France la règle générale, mais non absolue : au stade moyen on trouve plusieurs sépultures en position allongée. Ce n'est donc pas une question d'économie de travail pour creuser la fosse, mais une motivation idéologique et un phénomène interculturel. Des coffrages ont été observés dans plusieurs grottes ou abris où des dalles étaient disponibles, ailleurs on trouve la protection du défunt par des bois de cerf, et parfois l'érection d'un monument par accumulation de pierres. Ce monument peut être accompagné d'offrandes funéraires, en particulier des mâchoires de cerf ou de sanglier. Autres offrandes : les outils ou flèches déposés près du corps. Le défunt était muni du nécessaire en vue d'une vie de l'autre monde conçue comme très semblable à celle d'ici-bas, avec les mêmes besoins.

La parure des défunts, souvent abondante, porte les traces d'un long usage, c'était donc celle portée sinon dans la vie quotidienne, du moins les jours de fête. Sa composition binaire systématique (selon le sexe, Taborin 1974) évoque une valeur idéologique : magie ou symbolisme (ou les deux), cette dualité indique une conception dichotomique du monde comme il en a été évoqué une pour le Paléolithique, mais nous n'en voyons pas plus la nature des deux pôles. L'usage de l'ocre est fréquent, sans qu'on puisse affirmer la continuité depuis le Paléolithique.

Le type anthropologique est en France celui de Téviec, de petite taille, nettement dérivé de celui de Cro Magnon, mais en voie de brachycéphalisation. L'ensemble est très homogène sur une grande surface (Newell, Constandse-Westermann et Meiklejohn 1979), ce qui confirme les relations constantes (avec intermariages) entre les groupes. Mais les Danois de Bögebakken étaient nettement plus grands.

7. Art et idéologie

Les décors figuratifs ont totalement disparu en France dès l'Azilien. Le splendide bestiaire magdalénien, plus qu'une magie de chasse, paraît avoir formé des symboles, encore sous forme concrète. Il se charge à sa fin de motifs non figuratifs qui sont sans doute, au moins en partie, des symboles sous une forme plus abstraite. Ces motifs abstraits subsistent seuls au Mésolithique. Et les archers avaient l'habitude d'incinérer ces objets (Rozoy 1978, p. 1138). C'est gênant pour la recherche, mais hautement spirituel.

Les gravures abstraites, issues des signes abstraits de la fin du Paléolithique, comprennent des séries de traits courts ("marques de chasse") : ils répondent probablement à plusieurs soucis différents. Des pièces analogues chez les chasseurs subactuels servaient d'aides-mémoire à des jeux de hasard, divinatoires ou non (Dewez 1974 b). Ce n'est qu'un exemple des multiples possibilités, toutes indémontrables. Pour le début du Mésolithique on dispose à Remouchamps (Dewez 1974 a, Rozoy 1978, p. 145) d'un os gravé de cupules groupées par 5, qui prouve l'existence, au moins pour quelques initiés, d'une base de numération, mais la numération du second ordre n'est pas attestée. C'est en tous cas un pas de plus sur "la route de l'abstraction" (Bordes 1970). Une autre série de pièces décorées comprend des quadrillages, rares au Paléolithique, et dont plusieurs couvrent toute la pièce : ici, une valeur purement décorative est plausible, toujours sans démonstration (Rouffignac, Barrière 1973-74, Rozoy 1978). Il y a enfin des motifs organisés : damiers, chevrons, motifs dérivés de filets de pêche, décors pointillés, cercles... (Rozoy 1978, p. 1048 et 1136, Bagniewski 1990) et des traits gravés sans ordre, mais souvent parallèles.

La parure personnelle : sa valeur n'est pas uniquement décorative. Elle est différente selon les sexes. A Téviec et Hoédic (Taborin 1974), les hommes portent de nombreuses coquilles de Trivia (le "pucelage") avec peu de Litorina, les femmes portent beaucoup de Litorina (qui ressemble à divers autres coquillages et aux croches de cerf) avec peu de Trivia. Cette complémentarité binaire est retrouvée ailleurs sous une autre forme. Qu'il s'agisse de magie (rôle apotropaïque de Trivia, protégeant du mauvais oeil) ou plus probablement de symboles, elle indique une division binaire du monde, comme au Paléolithique supérieur, mais cette fois le monde animal a perdu de son importance, tout est clairement centré sur les humains. En sus des colliers de coquillages, on trouve aussi des dents animales percées (canines), une molaire humaine percée, des coquilles de moules dentelées, des coquilles fossiles, des boucles de raie, de rares perles et quelques pendeloques. L'ocre, surtout ocre rouge, est présent comme au Paléolithique supérieur, moins abondant toutefois, et il n'est pas certain que ce soit en continuité avec lui. L'ocre est sous ses deux formes classiques, en poudre et en bâtons, cela évoque d'improuvables décors corporels... aussi bien que son emploi pour la conservation des peaux. Des galets, parfois ocrés, ont pu avoir un rôle non strictement matériel dont le sens nous échappe.

Le psychisme des Mésolithiques est dominé par l'abstraction et il est centré sur le monde humain. C'est par rapport à la fin du Paléolithique, qui en manifestait nettement les prémisses, non une opposition, mais plus exactement une évolution et un couronnement : les figurations réalistes (abstractions sous une forme encore concrète) ne sont plus nécessaires, les symboles abstraits qui les accompagnaient de plus en plus nombreux les remplacent totalement en France. Dans les autres régions, là où subsistent des figurations, celles-ci sont plus stylisées, montrant que les intéressés étaient capables de les identifier malgré cette schématisation. C'est une autre preuve du niveau supérieur atteint dans l'abstraction. Le cerveau humain a poursuivi son évolution (Rozoy 1995 b). Ce graphisme atteint une maîtrise d'expression, une vivacité du mouvement, de la vie, jamais obtenue au Paléolithique. C'est de l'art pour le plaisir, mais moins sensuel, beaucoup plus contrôlé rationnellement, plus intellectuel, le cortex cérébral y intervient plus que l'hypothalamus, centre de l'émotivité. Dans ces scènes, l'action humaine est principale, les animaux sont clairement dominés. Il y a une nette distanciation de la Nature, l'homme commence à s'en sentir maître et possesseur (voir 1.).

Les figurations humaines sont maintenant réalistes. Elles manquent en France, mais sont présentes en Italie (statuette de Gaban, fig. 7), aux Pays-Bas (statuette du Volkerak), par dizaines au Danemark (sur des os, Rozoy 1978, p. 1048) et par centaines dans le Levant espagnol (sur des parois rocheuses, fig. 1). Ces quatre régions fournissent quatre styles et techniques bien différents qui soulignent l'autonomie des cultures au sein du Mésolithique, contrastant avec l'unité du Magdalénien en la matière comme pour l'industrie lithique. En Espagne et au Danemark il y a des scènes, des groupements de personnes, absents au Paléolithique. Il n'y a plus devant ces représentations la crainte qui conduisait les Paléolithiques (maîtres en réalisme pour les animaux) à les figurer en caricatures, ou à les rayer de multiples traits pour les cacher (La Marche, Airvaux et Pradel 1984). Ont disparu aussi les figurations féminines sans têtes ni pieds, hypertrophiant le bas-ventre, qui manifestaient un souci envers les maternités dont probablement l'origine lointaine (le rôle de l'homme) n'était pas saisie. Ces progrès mentaux (Rozoy 1991 a) et une meilleure compréhension des phénomènes de la vie vont être des atouts capitaux pour le passage à la production.

Les mutations sociales induites par l'arc vont de pair avec ces changements psychiques. Le collectivisme obligé des Paléolithiques, vivant en forts groupes de 50 à 80 humains où chaque personne comptait moins que la cohésion de la bande, cède la place à un individualisme basé sur la famille nucléaire. Celle-ci demeure encore de nos jours, par-delà la collectivisation des producteurs, la base de la société.

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Légendes des illustrations

Fig. 1 : Scène de chasse de Valtorta,

Fig. 2 : Proportions de viande,

Balancement entre cerf et sanglier, selon l'écologie (plus de cerf dans la forêt fermée de l'Atlantique, plus de sanglier aussi en Périgord sur des terrains calcaires où la forêt est moins dense). Très peu de chevreuil. La place du lapin (oryctolagus cuniculus) est minime, les escargots ne peuvent même pas apparaître sur ces graphiques. L'aurochs est important dans le Midi et dans les périodes anciennes (Dreuil), le renne au Dryas III, le cheval à l'Alleröd. Les "ovis" de Grammari ont depuis été déterminés comme des bouquetins.

et Fig. 3 : La cabane de Sonchamp III avec son foyer :

 

Fig. 4 : Carte des cultures selon Kozlowski et selon Rozoy

et Fig. 5 : Carte des diffusions d'objets

 

Fig. 6 : Sépulture de Téviec

et Fig. 7 : colliers de Téviec :

 


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