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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

1996

C. et Dr J.-G. Rozoy

FOUILLES SUR SABLE AU TILLET



RÉSUMÉ

Ce site sur sable sis à 50 km au nord de Paris a été perturbé en partie par des tumulus hallstattiens et par les cultes consécutifs pendant mille ans, sa partie centrale a été détruite par un carrier. Mais dans les zones intactes une méthode bien adaptée a permis d'isoler déjà et d'analyser en détail quatre concentrations distinctes de silex taillés attribuables au début du stade moyen de la Culture de la Somme. Les silex et le cailloutis qui les accompagne sont, comme dans le Tardenois, dans l'horizon A 2 d'un podzol fossile qui a été recouvert de 40 cm de sable (10 cm du Mésolithique au Gallo-romain et 30 cm depuis le Gallo-romain). La concentration Tillet-2 comporte le même bas taux d'armatures (24 %) que l'ensemble des premiers sondages sur le site. Tillet-3, -4 et -5 ont des taux d'armatures plus élevés (35 à 40 %), avec une opposition entre Tillet-3 et Tillet-4, les rapports numériques des segments de cercle et des triangles étant inversés. L'analyse topographique montre qu'il ne s'agit pas d'un "camp d'agglomération", mais de séjours séparés. Chaque concentration est homogène et n'a été utilisée qu'une fois principale, mais les différences entre elles évoquent l'idée de travaux distincts. Plusieurs fosses ont été perçues, la nature acide du contexte ne permet pas de présumer de leur raison d'être (os dissous). Deux petits foyers et les traces de deux autres, adossés à des blocs de grès, ont fourni un peu de charbon. La présence de ces blocs a été l'élément déterminant du choix des emplacements par les archers. L'emplacement de deux cabanes rectangulaires successives a pu être dépisté pour Tillet-2. La distribution des outils du fonds commun est liée (quoique les postes de travail soient distincts) à celle du débitage et permet de déduire des séquences de fabrication de séries homogènes pour une utilisation immédiate sur place avant abandon. La distribution des armatures est plus dispersée et semble montrer leur fabrication par séries de 5 ou 6 pièces et le traitement ultérieur par petites séries (2 ou 3). Les liens statistiques dans la distribution topographique des outils communs montrent à Tillet-2 des relations entre classes d'outils que l'on ne retrouve pas à Tillet-3. Aucun lien statistique n'est apparu entre les classes d'armatures. Les camps des archers mésolithiques apparaissent beaucoup plus organisés qu'on n'avait tendance à le présumer, avec des postes de travail différenciés et une division chronologique et sans doute sociale du travail, les camps successifs au même endroit n'utilisaient pas les mêmes outils, et sans doute étaient consacrés à des travaux différents.

Historique. Tillet-1, les tumulus hallstattiens et les cultes subséquents.

Ce site sur versant sableux boisé à Cires-les-Mello (Oise), section "Le Tillet", lieudit "Voierie Besnard" (1 km au sud du village), à 50 km au nord de Paris (fig. 1), a été découvert en 1987 lors de l'inspection du front de la carrière de sable qui, on l'a compris par la suite, avait déjà détruit depuis 50 ans tout un centre cultuel protohistorique et gallo-romain et plusieurs concentrations de silex mésolithiques. Le style des silex ne correspondant pas à celui du Néolithique régional, et quelques armatures mésolithiques ayant été identifiées, J.-Cl. Blanchet, Directeur régional des Antiquités, nous demanda d'entreprendre avec notre équipe bénévole le sauvetage qui se poursuit encore chaque été. La concentration dépistée initialement entre de gros blocs de grès fut détruite volontairement par le carrier dans les jours suivants. Nous en avons récupéré une petite partie des pièces à la surface des déblais, mais dans ces conditions les rapports numériques des outils sont inversés, les petites pièces étant moins facilement perçues. Une campagne de sondages le long du nouveau bord de carrière eut lieu en juillet 1987 : 29 sondages de 50 x 50 cm espacés de 10 en 10 m et parfois moins, sur une longueur de plus de 200 m, avec tamisage à sec à 5,5 mm depuis la surface. En effet, la recherche par tranchées mécaniques est, pour le Mésolithique dans les sables, à la fois trop destructrice et peu démonstrative : il n'y a pas de structures visibles, seulement des vestiges fugaces, des structures latentes très peu apparentes. Globalement, l'ensemble, attribuable à l'évidence au stade moyen du Mésolithique, montra un taux d'armatures de 20 % (14 armatures pour 68 outils), très inférieur à celui du Tardenoisien (50 à 70 % à ce stade). Cette information, confirmée de façon nuancée par les recherches suivantes, a permis l'identification de la culture de la Somme en tant qu'entité autonome, distincte du Tardenoisien. Ces sondages ont orienté les recherches en dépistant les zones subsistantes après la destruction du centre principal. Par la suite eurent lieu chaque année des campagnes de sauvetage de 18 à 23 jours avec 15 à 25 fouilleurs, tous bénévoles. Le coût pour les collectivités fut donc minime. Les résultats scientifiques furent importants, puisque, outre six concentrations de silex mésolithiques (en sus de celle(s) détruite(s)), il y avait deux tumulus hallstattiens et des vestiges laténiens et gallo-romains, au total près de mille ans de cultes protohistoriques et historiques.

La première zone fouillée fournit, à notre grande surprise, deux structures de pierres décimétriques (meulière compacte locale, grès local et calcaire paralocal avec traces d'appareillage). Ces pierres de récupération bien organisées (hérisson rectangulaire de 2 x 1 m appuyé sur un bloc de grès en place) étaient la couverture d'inhumations gallo-romaines, un débris d'os long conservé par le hasard d'une pierre calcaire posée sur lui en atteste. Outre les silex épipaléolithiques déplacés, les structures du site "Tillet 1" contenaient et recouvraient des centaines de tessons attribuables au La Tène III et au Gallo-romain, des perles de verre bleu, des fragments d'anneaux en verre jaunâtre, des débris de fer difficilement identifiables, comportant beaucoup de clous, et 50 monnaies gauloises et romaines, ces dernières surtout du 1° et du 4° siècles. Une autre structure enterrée de pierres centimétriques, très bien classées (moins de 2 cm) formait une couche horizontale épaisse de 5 cm, produit d'un tamisage effectué par les Gallo-romains extrayant de la couche géologique sous-jacente les pierres pour leurs structures. L'étalement parfaitement plan de ces déchets souligne la volonté d'aménagement du site autour des tertres séparant notre fouille du nouveau bord de la carrière, qui n'étaient pas des tas de déblais de celle-ci, mais des tumulus protohistoriques. Il y a encore à 50 m au sud un troisième tumulus (sans silex) dans lequel une tranchée de fouille a montré à la base une aire brûlée et un tesson protohistorique remonté par un terrier. La fouille de 1992 trouva à la base du tertre 1 quelques os brûlés, un fond de vase avec une perle et de minimes débris d'un miroir en bronze argenté. Plus haut, un débris d'os humain, conservé grâce à quelques pierres calcaires. Il y avait donc, dans ce tumulus à incinération, au moins une sépulture adventice à inhumation. Les mobiliers de chaque structure étaient très modestes et largement dispersés par les animaux. La difficile reconstitution par C. Rozoy des vases de la base du tumulus a permis d'attribuer celui-ci au Hallstatt. La sépulture secondaire peut être laténienne.


Ce premier ensemble de silex, "Tillet-1", appartient au stade moyen de la Culture de la Somme (Rozoy 1994). Fouillé sur un total de 124 m2 (fig. 2), il a fourni 1 235 outils. A l'exception d'une petite zone de 5 m2 au sud, où existait un atelier de taille du silex qui a fourni un outil de Montmorency en grès lustré, il était entièrement remanié par les pratiques cultuelles postérieures. L'ensemble mésolithique remanié provenait de plusieurs concentrations qu'il est impossible de démêler. Le taux d'armatures pointues était de 37,7 % au début (129 sur 342 outils en 1988-89), en opposition avec les produits des sondages (20 %). Ce taux inattendu est inférieur à ceux du Tardenoisien, mais beaucoup moins que celui de l'ensemble des sondages, il est du même ordre que ceux de Tillet-3, -4 et -5, mais pas que celui de Tillet-2 où le taux d'armatures est bas (24 %). A mesure que la fouille se déplaçait vers le Nord, le taux d'armatures baissait. Les Gaulois avaient dû remanier (sur place ? ce n'est pas sûr) au moins deux concentrations, Tillet-1-Sud à 38 % d'armatures, Tillet-1-Nord avec beaucoup moins (20 % ?). D'ailleurs, 124 m2, c'est beaucoup trop pour une seule concentration. Mais des valeurs recueillies dans ces conditions ne permettaient à elles seules de rien conclure. Il fallait trouver des concentrations non remaniées. Des vestiges d'autres concentrations détruites existent encore en bordure de carrière à 50 m et à 110 m au S.O. des concentrations fouillées, et une autre a été découverte à 100 m à l'Est à l'occasion d'un travail d'engins. Un examen plus approfondi et des sondages multipliés en fourniraient probablement encore d'autres. Il s'agit donc d'un ensemble particulièrement étendu et abondant, comparable à ceux de Piscop ou Auffargis (pour le stade moyen) et de l'Allée Tortue (pour le stade récent) (Rozoy 1978, 1990). La présence des rochers de grès, constituant des points d'appel, explique cette abondante fréquentation.

Méthodes de fouille et d'analyse

Dans ces sables siliceux l'os n'est pas conservé, les pollens anciens sont détruits et remplacés, dans les meilleurs des cas, par ceux contemporains du recouvrement. Le charbon est le plus souvent lessivé (on en perçoit parfois la trace plus bas, Rozoy 1978, p. 463 et pl. 129) ou pollué. Les structures qui ont pu exister sont presque toujours effacées par la permanente percolation à laquelle les sables sont soumis, formant de pseudo-couches colorées qui sont en réalité les horizons de podzols fossiles ou actuels; les fosses ne sont donc généralement perceptibles que par la présence anormale de silex à des niveaux où le reste de la fouille n'en fournit pas et parfois par la constitution d'horizon B du podzol à la faveur de la croûte calcaire des silex. La couche archéologique est soulignée dans les sables par la présence d'un cailloutis faible (Tigny-Les-Marnières, Rozoy 1996 b) ou assez important (certaines parties du Tillet), selon les pierres à disposition des archers, et parfois par l'abondance des pierres brûlées (Allée Tortue). Notre seule vraie source documentaire est constituée par les silex apportés, débités, utilisés et/ou retouchés, qui sont dans l'ensemble de petites dimensions (moins de 5 cm à 95 %, moins de 3 cm à plus de 70 %) et dont le maintien en place, dans du sable fluent, est pratiquement impossible, imposant le démontage à mesure. Comme il l'a été aussi observé dans les couches supérieures sableuses de Pincevent, où les couches correspondantes ont pour cette raison été enlevées à la pelle mécanique (Gaucher 1996, p. 95-97), les éléments archéologiques synchroniques ne forment pas dans les sables une mince pellicule dense, mais sont dispersés sur 15 à 20 cm d'épaisseur par suite de diverses actions humaines et naturelles, le piétinement des archers eux-mêmes, suivi des terriers de taupes et des vides de racines (les traces des uns et des autres ne se distinguent que lorsqu'ils sont remplis par le sable d'une autre couche pédologique, de couleur différente). L'expérience nous a montré toutefois, tant dans le Tardenois qu'au Tillet, que ces multiples causes n'effacent pas complètement la distribution originale des silex, la majorité des déplacements s'effectuant sur place dans le sens vertical, la pauvreté du milieu limitant les bioturbations et l'apport ultérieur de sable séparant les époques. La répartition des silex, généralement seule structure conservée, ne se voit ni au décapage ni même à la fouille, elle apparaît essentiellement sur les plans. Il était impératif d'en tirer le plus possible. A cette fin, et dès le début des travaux menés en étroite collaboration avec le regretté René Parent (Rozoy 1989), fut mise au point une méthode de fouille exigeante permettant l'obtention de plans fiables.


Nous avons fouillé par quarts de mètres carrés et par niveaux artificiels de 5 cm (de 10 cm dans les sables de recouvrement), sauf dans les rares endroits où des couches naturelles étaient perceptibles. Nous avons pointé en place dans les 3 dimensions les silex remarquables : outils et armatures, éclats, lames ou lamelles utilisés, nucleus, microburins, mais aussi "grands" silex à plat, éclats d'avivage, de décortication. Le sable extrait a été tamisé à 4 mm pour récupérer ce qui avait échappé à la fouille, essentiellement petits déchets, microburins, débris d'armatures. Le soi-disant "déchet" a été conservé par unités de fouille. De cette façon, une fouille de 100 m2, habituellement conduite sur 8 à 10 niveaux, fournit quelque 3 500 à 4 000 petits sacs de "déchet", chacun avec son carton d'identification. Ces sacs sont vérifiés pendant la fouille même par la personne qui tient le cahier (habituellement C. Rozoy) pour en sortir les outils ou pièces remarquables non reconnus par les fouilleurs ou trouvés au tamis, puis compter les silex restants et en inscrire les nombres sur un plan, niveau par niveau. Les totalisations dans chaque carré fournissent à mesure une première vue de la répartition topographique et permettent d'orienter l'extension de la fouille dans les jours suivants. De la sorte sont conciliées les exigences d'un suivi scientifique valable permettant la constitution de plans détaillés et d'un rendement acceptable du travail, évitant d'ouvrir sans utilité, comme cela nous est arrivé au début, de larges surfaces hors de la concentration étudiée, mais invitant aussi à compléter l'année suivante une zone arrêtée trop tôt. Une équipe de 12 à 15 personnes fouille ainsi environ 25 à 30 m2 en trois semaines de camp. Les données du cahier et du plan sont ultérieurement reportées sur ordinateur pour confection des plans de densité et de répartition des outils, grandement facilitée par les programmes informatiques modernes. Les outils non identifiés à la première phase sont portés sur les plans au centre de leur unité de fouille, cela ne modifie pas sensiblement la vue d'ensemble, grâce à la précaution prise de travailler par quarts de mètres carrés. Les pièces de plus de 2 cm sont ensuite extraites des sacs et marquées pour permettre l'étude du débitage (pour la Roche-à-Fépin qui est loin des sources de silex, on a même sorti et marqué les objets de 1 à 2 cm). Il reste à raisonner sur la signification de ces plans.


Les différents éléments trouvés n'ont pas la même valeur pour cette interprétation. En première analyse, les silex non retouchés paraissent un "déchet", et dans cette hypothèse sont présumés être restés là où ils ont été produits. Aux stades récent et final, les lames et lamelles brutes, de débitage Montbani, sont cassées par flexion à plus de 80 %, même lorsqu'elles ne portent pas visiblement les encoches ou retouches (Montbani ou autres). Ce sont en réalité des outils, donc on ne les trouve pas là où elles ont été produites, mais là où les chasseurs les ont abandonnées ou jetées après emploi. Une partie des éclats (les plus grands ? ce n'est pas sûr) est probablement dans le même cas. Les témoins du débitage sont seulement les blocs et surtout les petits éclats, esquilles et cassons; les extrémités éliminées des lames et lamelles peuvent probablement y être jointes. Un examen attentif montre qu'au stade moyen le raccourcissement systématique des lames et lamelles est déjà une pratique courante (Walczak 1996). On devra donc en tenir compte. On sait aussi que les nucleus, encombrants, peuvent être rejetés hors du camp. Pareil caractère était déjà connu de Ponteau et de la couche 4 de Rouffignac, où bon nombre de nucleus avaient été rejetés hors des limites d'abri (Escalon 1966, p. 173, Rozoy 1978, p. 343), et nous verrons que cela se rencontre aussi pour les éclats de décortication. Les outils du fonds commun sont pour partie abandonnés sur les lieux du travail, mais s'ils sont cassés ou jugés hors d'usage ils peuvent avoir été, comme les nucleus, jetés au loin. Ils n'indiquent donc pas les mêmes aires de travail que le débitage, et leurs indications sont moins sûres. Leur accumulation dans une zone restreinte, avec vacuité d'autres parties, montre une action définie et ponctuelle, suggérant une occupation unique. Inversement, leur répartition uniforme sur tout le camp suggère des utilisations répétées et indépendantes, donc des actions renouvelées, que ce soit au cours d'un même séjour ou de plusieurs. Ces distributions ne peuvent être jugées à simple vue, mais doivent faire l'objet de tests statistiques appropriés. Contrairement aux outils communs, les armatures sont, par destination, prévues pour un usage en dehors du campement. Et nous savons qu'au moins les 5/6° en sont perdus au dehors. (Rozoy 1978, p. 849). Leur présence au camp peut découler de plusieurs mécanismes : pièces cassées ou perdues en cours de fabrication, dont témoignent aussi les microburins, pièces mises en réserve et oubliées, pièces montées sur des flèches non employées et abandonnées (éventuellement après une chasse réussie au premier tir), pièces revenues au camp dans la viande des bêtes abattues, pièces (brisées ou non) éliminées lors de la réfection des flèches. Cette multiplicité de causes d'abandon indépendantes les unes des autres favorise évidemment la distribution aléatoire.

Le terrain

Les archers du Tillet ont campé sur des sables tertiaires (Eocène, Bartonien-Auversien, sables de Beauchamp, épais de 30 m) qui, comme dans le Tardenois et le Soissonnais voisins, forment des îlots de faible ampleur dans ces terres très fertiles où l'on cultive céréales et betteraves (limons picards reposant sur le calcaire, qui fournit abondance de silex à portée de flèche). Toujours comme dans le Tardenois et le Soissonnais, des blocs de grès de toutes tailles (du décimètre à plusieurs mètres) sont présents à tous les niveaux. Il doit y avoir du grès lustré à proximité, car nous en avons trouvé quelques éclats et deux outils de Montmorency. Des plaquettes de meulière compacte de dimensions décimétriques forment, comme dans le Tardenois et le Soissonnais, une couche plus ou moins continue dont la profondeur varie selon les endroits. Les archers les ont utilisées en pierres de foyer et en pierres chauffantes. Depuis leur séjour a eu lieu un apport de sable de l'ordre de 40 à 45 cm dû à la déflation éolienne lors de déforestations modernes : le sol gallo-romain, marqué par des apports de calcaire, est à 30-40 cm de la surface, il est dur et arrête la plupart des racines. Sous ce sol on ne trouve en général que l'horizon A1 lessivé (± 15 cm), puis l'horizon A2 gris-rosé (± 20 cm), fortement perturbés et mélangés par des terriers. La couche archéologique mésolithique est, comme à Montbani, à l'Allée Tortue et à Tigny, dans l'horizon A2 du podzol : sur une épaisseur de 15 à 20 cm il y a dans le sable un cailloutis lâche de meulière (avec un peu de grès) fait de pierres de 1 à 5 cm, occupant 1/10 à 1/5 du volume pour 8 à 9/10 de sable. Ce cailloutis est partiellement brûlé : selon les endroits, 1/3 à 1/6 du volume de pierres est entièrement ou partiellement rougi, les plus petites provenant de l'éclatement thermique de la meulière, qui est ici beaucoup plus rare qu'à l'Allée Tortue. A aucun endroit nous n'avons pu observer d'accumulation de pierres jointives brûlées évoquant une structure de foyer, les meulières sont dispersées irrégulièrement. Le cailloutis est accompagné de nombreux silex. L'horizon A1 répond à un apport de sable entre l'occupation mésolithique et le Gallo-romain, probablement assez tôt. Il contient nettement plus de silex déplacés que les 30 cm racineux du haut car il a eu 6 000 ans pour recevoir des silex déplacés, contre 1 600 ans ou moins pour les 30 cm supérieurs. Sous la couche archéologique de l'horizon A2 apparaît un sable brun foncé parfois fortement concrétionné en boules, qui est l'horizon B du podzol, très inégal en densité selon les endroits, il n'est pas détectable partout et sinon l'on passe, comme sous l'horizon B, au sable parental jaune (horizon C). En certains points, l'horizon B a été traversé par des fosses mésolithiques qui sont remplies de sable lessivé blanc contenant (ou non) des silex. L'horizon B s'est reconstitué partiellement depuis le Mésolithique, ce qui estompe les limites du creusement des archers. En plusieurs points on a trouvé du silex très profondément, jusqu'à 120 cm, mais l'horizon B s'était partiellement reconstitué et il a été impossible de distinguer les limites des fosses.

Les quatre autres concentrations de silex. Leur stabilité.

L'abondante collection mésolithique de Tillet-1 (plus de mille outils retouchés) n'a qu'une valeur globale, d'autant plus approximative qu'elle ne répond pas à un stationnement unique des archers. Un sondage voisin a donné l'amorce de la fouille en terrain non remanié. Elle fut logiquement désignée comme Tillet-2, et nous avons rapidement constaté d'importantes divergences avec la série globale de Tillet-1 : en particulier le taux d'armatures était (et reste) de 24 % à Tillet-2, contre ce 38 % qui nous avait étonnés à Tillet-1-sud. On retrouvait donc à Tillet-2 le bas taux d'armatures dépisté par les sondages de 1987. Mais après la campagne de 1993, lors de l'analyse des résultats avec confection d'un plan de densité, il apparut que nous étions passés sans nous en apercevoir d'une concentration de silex à une autre, qu'il fallait désigner comme Tillet-3. Après classement des pièces selon leur appartenance, s'imposa une autre surprise : le taux d'armatures de Tillet-3 était à nouveau de l'ordre de 40 %, proche de celui de Tillet-1-sud.

La séparation de ces deux zones est extrêmement nette (fig. 3). Il y a évidemment une part de recouvrement, des objets de Tillet-2 sont présents sur Tillet-3 et réciproquement. Mais statistiquement l'effet en est faible et les compositions typologiques sont fiables - on sait de toutes façons qu'un excès de précision en la matière serait illusoire, il s'agit d'ordres de grandeur. La progression topographique des recherches a montré constamment (aussi pour Tillet-4 et -5) que les proportions d'outils ne varient que peu selon les zones à l'intérieur d'une même concentration, à condition qu'il s'agisse de zones comportant plus de 100 outils : ainsi le taux d'armatures de Tillet-3 est-il passé au cours du travail de 39,5 % à 40,5 % pour revenir à 39 %, tout-à-fait dans la limite des variations aléatoires. Autrement dit, les "localisations d'outillages" parfois évoquées pour mettre en cause les études statistiques semblent correspondre à des stationnements différents et non à une répartition différente des travaux dans un même camp. Lors de l'extension de la fouille, Tillet-3 à son tour devenait double. La séparation topographique était certes moins nette qu'entre Tillet-2 et Tillet-3 (fig. 3), les centres d'activité étant plus proches l'un de l'autre. Et les taux d'armatures étaient dans les limites de la variabilité statistique : 35 % et 39 %. Mais le rapport numérique entre les segments de cercle et les triangles scalènes était inversé à Tillet-4 par rapport à Tillet-3 ! Il s'agit donc bien de stationnements distincts. Là aussi, seuls l'étude fine en laboratoire, la constitution des plans et les décomptes précis devaient permettre une appréciation correcte des éléments à peine suspectés sur le terrain.


Une nouvelle série de sondages fut aussi opérée, mais tous les 5 m, selon la même technique : un quart de mètre carré tamisé (cette fois, à 4 mm, pour pouvoir comparer avec la fouille) depuis la surface jusqu'à une couche sans silex. Sept sondages fournirent chacun (fig. 2) moins de 100 silex, valeur-limite adoptée dans ce site très riche pour considérer que l'on sort de la partie centrale d'une concentration (ailleurs, par exemple à la Roche-à-Fépin, Rozoy 1996a, on est bien contents quand on dépasse 60). Mais leur large distribution vers le sud du site montre que l'activité des chasseurs mésolithiques s'étendait bien au-delà de ces parties centrales, soit du fait d'activités annexes, ou par suite de campements plus courts ou (et) moins peuplés. Le point le plus éloigné au sud, avec 99 silex, en R'23Nord, pourrait même bien annoncer encore une autre concentration. Trois autres sondages plus proches (I27, E26 et A24) étaient autour de 100. Et en H23Nord Nicolas Crinvillé dépassait 300 silex ! et travaillait (la tête en bas) jusqu'à plus d'un mètre de profondeur. Les trois carrés voisins confirmaient, avec un total de 1 113 silex et 21 outils pour un mètre carré. D'où la perception d'une concentration Tillet-5 qui rejoint à l'ouest Tillet-2 et à l'est Tillet-3, et dont la délimitation d'avec ces deux ensembles était délicate : les plans des diverses classes d'outils et de déchets et les proportions d'outils des zones intermédiaires la permirent avec une bonne probabilité. La présence des trois sondages assez riches à l'ouest et au sud laisse penser que de nouvelles concentrations restent à découvrir dans cette zone. Ce "gros" site est donc en réalité la juxtaposition de sites petits et moyens, certains peut-être utilisés plusieurs fois.

Composition typologique des concentrations.

Toutes les séries du Tillet appartiennent au début du stade moyen de la Culture de la Somme (Rozoy 1994). En effet, sur 3 966 outils et 1 251 armatures, une seule concentration, Tillet-4, a fourni un unique fragment d'une armature à retouches couvrantes, classe connue dans ce groupe humain au Petit Marais de La Chaussée Tirancourt (Ducrocq et Ketterer 1995) comme dans la fin du Tardenoisien moyen (Rozoy 1978, p. 451-479). Les variations typologiques entre les concentrations du Tillet sont faibles et demeurent largement dans les limites connues pour cette époque et cette culture. Les taux d'armatures pointues (24 % et 35, 39 et 40 %), quoique variables d'une concentration à l'autre, sont inférieurs à ceux du Tardenoisien à la même époque (50 à 70 %). Les nombres de nucleus, quoique parmi les plus bas pour la culture, sont nettement supérieurs à ceux du Tardenoisien, traduisant la relative abondance des outils du fonds commun et notamment des éclats retouchés, qui se reflète aussi dans les poids importants de silex utilisé (Rozoy 1994, figures 7 à 11).


Les principales variations des proportions des classes d'outils d'une concentration à l'autre ont été citées ci-dessus : taux d'armatures plus bas à Tillet-2, inversion du rapport segments/scalènes entre Tillet-3 et -4. Le rapport entre outils sur lames et sur lamelles tourne autour de 1 (3 à 15 dans le Tardenoisien). L'équilibre tardenoisien entre les classes d'armatures est ici remplacé par un net déséquilibre, toutefois moins marqué que dans la plupart des sites de la culture. A Tillet-3 ce sont les segments qui l'emportent, comme à Hangest et à la Haute Borne, mais à Tillet-4 il y a plus de triangles, ce qui est une exception pour la Culture de la Somme où ils sont toujours négligés. Cela rapproche cette concentration du Tardenoisien voisin (de l'autre côté de l'Oise). Mais l'opposition des compositions globales demeure.

Le style de débitage et celui de réalisation des armatures ne paraissent pas très différents de ceux du Tardenoisien voisin. On ne perçoit pas l'opposition remarquée dès l'abord entre les styles de l'Ardennien et du Tardenoisien (Rozoy 1996 c). Il est probable que la séquence du débitage soit encore plus proche de celle du Tardenoisien que ce n'est le cas dans l'Ardennien, où J. Walczak (1996) a dépisté une minime différence dans le point de percussion, entraînant la production de plus de lames et d'éclats et de moins de lamelles.

Le Tillet 2-3-4-5 est la conjonction de plusieurs concentrations qui apparaissent comme provenant d'au moins autant de séjours distincts des archers. Quoique appartenant toutes au stade moyen de la Culture de la Somme, dans sa période antérieure à l'utilisation des armatures à retouches couvrantes, ces concentrations ont des compositions typologiques nettement différentes qui attestent soit des différences chronologiques, soit plus probablement des activités distinctes des mêmes chasseurs. Dans un cas comme dans l'autre on doit donc exclure la contemporanéité stricte des séjours dans les diverses concentrations, et donc l'idée de l'un de ces "camps d'agglomération" chers aux chercheurs anglophones. En faveur d'une position chronologique plus tardive, excluant le retour en des lieux connus (mais les rochers sont des points d'appel), jouent pour Tillet-4 la présence d'un fragment de pointe à retouches couvrantes, qui atteste le milieu du stade moyen, le nombre élevé des triangles (tableau 1), qui rapproche de la fin du Tardenoisien moyen où ceux-ci se développent alors de façon importante, et l'inversion des rôles entre pointes à base non retouchée et à base transversale (tableau 2). Les premières sont partout plus nombreuses au stade ancien et au début du stade moyen, on en fabrique moins par la suite, au profit des pointes à base transversale. Sous cet angle aussi, Tillet-4 est donc la concentration qui évoque le plus une date tardive, vers 6 400 B.P. (non calibré), date d'apparition des pointes à retouche couvrante dans la région (Rozoy 1978, p. 463-466).

En dehors de cette assez bonne probabilité pour Tillet-4, il n'y a pas pour les autres concentrations d'éléments évoquant plutôt une évolution chronologique (qui demeure possible) ou des retours des mêmes archers en ce site connu d'eux, pour des travaux différents peut-être liés à des saisons distinctes. La différence la plus manifeste concerne le taux d'armatures (24 % à Tillet-2, contre 39 et 34 % pour les deux autres). Il reste donc tout aussi possible que ces trois concentrations soient le fait des mêmes chasseurs ou soient séparées par plusieurs décennies ou même siècles.

Les structures relevées

Nous avons perçu au cours de la fouille quelques structures, certainement une petite partie de ce qui a existé (fig. 4). Outre les répartitions des diverses catégories de silex taillés, ces structures sont des fosses, dont l'acidité du sol a détruit les contenants organiques, et des traces de foyers. Les deux traces patentes de foyers étaient simplement des feux entretenus contre des blocs de grès. Le foyer M-16 a été entretenu contre un bloc en place de plusieurs mètres cubes dont la paroi verticale était tournée vers le sud, le foyer était bien protégée contre les vents du Nord et du Nord-Ouest, les vents d'Ouest dominants pouvant entretenir la combustion, la fumée partant au nord des emplacements de débitage et de travail. Le foyer O-25 était adossé à deux blocs beaucoup plus petits. A nouveau, le feu a été entretenu contre une surface verticale, cette fois exposée à l'Ouest - donc protection très médiocre contre les vents du Nord, et pas du tout contre les vents d'Ouest (mais la fumée s'en va loin des surfaces de débitage de Tillet-4). Dans les deux cas il s'agit de foyers de campements ayant duré quelque temps. Deux "traces de vidange" en N-20 et en P-20 sont, elles aussi, contre des blocs de grès et sont probablement des traces de foyers en place. Les blocs sont tournés l'un vers le Nord-Est, l'autre vers le Sud-Est, il y a donc toutes les orientations possibles. Il y a deux foyers pour chacune des concentrations 3 et 4. Pour N-20, la fumée part hors de la concentration 3, pour P-20 elle pouvait gêner une partie de l'aire de débitage de la concentration 4, mais nous ignorons si les deux foyers étaient contemporains. Aucun des blocs n'apparaissait au sol actuellement, et nous nous demandions pourquoi les chasseurs avaient campé là plutôt qu'ailleurs, et notamment entre les gros blocs de grès que le carrier avait détruits en 1987. La réponse est claire : d'autres blocs plus petits émergeaient alors, et chaque camp s'est choisi un bloc de grès pour y adosser son foyer.

Les fosses n'ont été dépistées pour la plupart que par la présence de silex à des profondeurs anormales, tranchant avec celles observées dans les carrés voisins. Les contours n'en ont pu être déterminés précisément : la percolation permanente à laquelle le sable est soumis les efface. Le témoin permettant l'attribution au Mésolithique est la présence au-dessus de la fosse de la couche archéologique en place, à son niveau normal, avec son cailloutis de meulière partiellement brûlée et ses abondants silex taillés.


D'autres structures d'occupation n'ont pas été perçues à la fouille, mais sont apparues à la suite de la très fastidieuse confection des plans des diverses catégories de vestiges à partir des cahiers de fouille. Ces catégories ne fournissent pas toutes les mêmes indications, probablement parce qu'elles n'ont pas été abandonnées par les chasseurs dans des conditions identiques : il y a certainement eu, au moins à Tillet-2, deux ou plusieurs séjours sur la même concentration, avec modification de certains emplacements de structures, des travaux différents entraînant alors l'apport de certaines catégories d'objets (microburins, outils, armatures etc) en des zones différentes de celles utilisées précédemment.

Un très net "effet de paroi" apparu sur le plan des microburins en J-K-L-15 a permis, après confirmation par plusieurs autres plans, de conclure à la présence d'une cabane ou d'un coupe-vent ou d'une tente (mais avec une paroi rectiligne) ou (et) d'un revêtement de sol, tel que peaux ou fourrures pour le couchage. Il apparaît un assez net angle droit dans cette zone. Un tel effet ne peut être perçu que là où les objets sont assez abondants. C'est pourquoi l'angle opposé ne peut être apprécié, étant par nature dans une zone pauvre en ce qui concerne Tillet-2. Une dimension de cabane de l'ordre de 3m x 3m, avec une entrée au sud en I-J-16-17 (fig. 5), est assez vraisemblable en fonction de ce qu'on connaît par ailleurs, tant à Pincevent pour le Magdalénien (Leroi-Gourhan 1966, 1972) qu'à Bergumermeer et ailleurs pour le Mésolithique (Newell 1978), mais elle ne peut être ici confirmée positivement. Une surface de l'ordre de 10 m2 ou moins correspond aussi à ce que l'on sait des aborigènes californiens subactuels (un mètre carré couvert par personne, jusqu'à 7 personnes, Cook et Heizer 1968, Rozoy 1978, p.1092-1093). On remarque en L-17-Ouest un carré riche en armatures (fig. 6), qui appartient à Tillet-3. Donc Tillet-3 n'était pas strictement contemporain de Tillet-2, ses silex étaient soit déjà incorporés au sol, soit non encore parvenus, lors de l'occupation de la cabane de Tillet-2. La différence n'est peut-être que de quelques mois, ou au contraire de beaucoup plus, mais il ne s'agit pas d'une agglomération. L'effet de paroi n'est pas retrouvé nettement sur le plan des éclats retouchés ni sur celui des éclats denticulés. Par contre ces plans montrent un vide en I-J-K-17-18-19, évoquant une possible installation (lors d'un autre séjour) d'un autre abri dans cette zone, assez pauvre sur la plupart des plans, et particulièrement sur celui des outils du fonds commun. Cela confirme la diversité d'organisation des camps mésolithiques.

Ces oppositions de répartition selon les classes d'outils montrent que les camps successifs n'étaient pas consacrés aux mêmes activités, sinon les effets de paroi seraient brouillés. On voit donc, comme déjà établi ci-dessus à propos de la stabilité numérique des taux d'armatures dans les concentrations, que les "localisations d'outillages" parfois mises en avant pour contester l'utilisation des statistiques en Préhistoire sont, en réalité, liées non à des travaux distincts dans un même camp, mais à des séjours séparés au cours dequels ces travaux ont été accomplis, peut-être même les mêmes travaux accomplis avec des outils différents au point de vue typologique, mais non aux yeux des chasseurs. On comprend mieux alors que les camps isolés du même groupe à la même période et sous-période ne fournissent jamais des séries d'outils strictement identiques statistiquement : on ne doit sous-estimer ni la variabilité des activités des mésolithiques, ni surtout la possibilité et même la probabilité de la fantaisie individuelle dans le choix des moyens. Il ne s'agit pas ici du travail stéréotypé de l'araignée tissant sa toile, mais d'une activité humaine avec toute la liberté de choix que cela comporte parmi des outils équivalents (grattoirs, éclats retouchés, lames retouchées, lamelles retouchées d'une part; pointes, triangles ou segments de cercle de l'autre). Bien entendu, si les armatures peuvent se remplacer les unes les autres, on ne peut leur substituer des outils communs, et réciproquement. D'où la meilleure stabilité concernant le taux d'armatures.

A Tillet-3, la structure essentielle est constituée par l'accumulation de la plupart des outils du fonds commun en K-L-21-22-23, soit 6 m2 sur un espace total de 35 m2 (fig. 7). Il y a bien en M-N-20-21-22 un espace peu dense en outils communs, avec un petit foyer N-20-Sud, mais cet espace bourré de déchets (fig. 3), de nucleus, de microburins en M-N-22, d'armatures et contenant aussi des éclats denticulés, ne peut guère être assimilé au vide observé à Tillet-2. Et l'espace plus ou moins libre devant le foyer M-15-16 n'est pas assez vaste (et de loin) pour correspondre à une cabane comme celle de Tillet-2. Certes il n'était pas interdit aux chasseurs mésolithiques de traiter du silex à l'intérieur de leur cabane, mais en ce cas nous sommes ici privés de tout moyen d'en dépister la présence. A proprement parler, c'est le cas de Tillet-2 qui constitue l'heureuse exception nous permettant de la distinguer.

La répartition spatiale des classes d'outils

Cette étude étant en plein développement, et pour ne pas alourdir cet article, nous ne donnerons ici que quelques indications sommaires. Le détail et les 20 plans seront publiés après la fin de la fouille, probablement dans la Revue Archéologique de Picardie. Les auteurs sont toutefois à la disposition des chercheurs intéressés pour toute documentation.

L'identification des concentrations de silex repose sur les nombres de déchets de taille, qui sont beaucoup plus abondants que les outils retouchés (décomptés séparément) et aussi que les lames, lamelles et grands éclats qui ont pu être utilisés, et donc rejetés ailleurs qu'à leur lieu de production. Le plan correspondant aux déchets (fig. 3) est donc celui des activités de débitage. Certains plans de distribution des outils - essentiellement ceux des armatures (segments, fig. 6) - n'évoquent pas clairement les divisions en concentrations indiquées par la répartition des déchets. Une telle divergence avait déjà été remarquée lors de l'analyse des plans de la Roche-à-Fépin (Rozoy 1996 a). Toutefois, les concentrations apparaissent sur le plan des outils (toutes classes additionnées, fig. 7), qui en outre confirme utilement les séparations entre Tillet-2 et -3 et Tillet-5.

Pour chaque concentration nous pouvons distinguer un espace interne correspondant à la zone à plus de 150 silex au carré, et un espace externe moins dense (fig. 6-7-8-9). Les co-incidences des classes d'outils sont discutées en fonction de ces distinctions. Si nous avions basé les limites de ces espaces sur le plan de densité des outils (fig. 8), nous aurions retenu des espaces internes un peu différents, et dans l'ensemble nettement plus petits. Il y a en effet de larges plages emplies de déchets et avec peu d'outils, tandis que les outils (notamment éclats retouchés, éclats denticulés) ne débordent les déchets que peu, au nord et à l'ouest de Tillet-2, selon des lignes obliques assez nettes, mais qui ne concordent pas entre elles et signalent peut-être des structures moins permanentes que la cabane présumée. Pour Tillet-3, la zone dense des outils se réduit pratiquement au quart sud de celle des déchets (fig. 8). Le plan global des armatures (fig. 9) montre toutefois pour Tillet-3 divers points éparpillés, avec des zones vides entre eux, ce sont les outils domestiques qui sont groupés au sud, tandis que ceux de Tillet-2, plus abondants comme on sait, s'accumulent en trois zones avec un vide paramédian (fig. 7). De cette première approche nous pouvons déjà conclure que les espaces d'abandon des outils (peut-être indicatifs de leurs espaces d'utilisation) ne se confondent pas exactement avec les espaces de débitage. On peut donc penser que les supports bruts issus du débitage ont été emportés là où l'on en avait besoin, puis retouchés, utilisés et abandonnés au lieu d'utilisation. Pour Tillet-3 les outils sont concentrés dans la partie sud, pour Tillet-2 il y a plusieurs centres de travail. Et les espaces d'abandon de la minorité d'armatures trouvée dans le camp ne sont pas identiques, et de loin, à ceux d'abandon des outils du fonds commun. Ces camps d'archers mésolithiques comportaient donc des postes de travail différenciés et une répartition temporelle (et probablement sociale) des tâches.

La distribution de chaque classe d'outils dans l'espace total de chaque concentration n'est à l'évidence pas aléatoire, tout au moins pour les outils du fonds commun, puisque nous avons vu qu'ils sont concentrés dans les espaces internes, et même dans certaines parties de ceux-ci (fig. 7). Des espaces particuliers, ne coïncidant que partiellement avec ceux du débitage, contiennent la plupart de ces outils domestiques, bien que l'on en trouve quelques-uns un peu partout. Cette non-coïncidence, particulièrement frappante à Tillet-3, conforte l'idée que ces espaces préférentiels d'abandon sont ceux où l'on a fabriqué, puis utilisé ces outils. Nous ne percevons pas ici ces espaces de rejet qui sont classiques en ethnographie et dont un exemple très partiel paraît exister à la Roche-à-Fépin (Rozoy 1996 a). La raison en est peut-être dans les très petites dimensions des outils dans le Mésolithique, on ne prend pas soin de jeter loin ce qui n'est pas encombrant. A Fépin, la zone 1A, si elle est vraiement une zone de rejets, l'est essentiellement en raison des nucleus, c'est-à-dire des objets les plus volumineux. Les distributions des armatures au Tillet paraissent beaucoup plus régulières, sur toute la surface fouillée, la distinction des espaces internes ou totaux est moindre pour les armatures que pour les outils domestiques. Il y aura donc lieu d'utiliser des tests statistiques pour rechercher si les uns et les autres sont vraiment répartis au hasard (les armatures dans l'espace total, les outils communs dans l'espace interne) ou s'il existe des groupements à l'intérieur de ces espaces. Claudine Robert (Université de Grenoble) indique pour cela la confrontation de la distribution spatiale de chaque classe dans les unités de fouille avec une distribution de Poisson, les tests seront pratiqués dès que possible (hiver 1996-97).

Les microburins et les outils du fonds commun (y compris lamelles à bord abattu) sont répartis essentiellement sur la surface de débitage, confirmant ainsi les concentrations. Il n'y a aucun groupement exclusif qui puisse évoquer une action unique, jamais répétée, mais au contraire des distributions de pièces une à une montrant des actions séparées successives. Ces actions ont été très nombreuses, puisqu'on a recueilli plus de 1 300 outils à Tillet-2 et plus de 500 à Tillet-3 et à Tillet-4, plus de 300 à Tillet-5 dont la fouille n'est pas terminée. On a vu plus haut que Tillet-2 a probablement connu au moins deux occupations, avec des emplacements un peu différents pour la tente ou abri. Comme le nombre d'outils y est le double de ceux de Tillet-3 et -4, et que d'autres sites comme Montbani-II et Sablonnière-II ont fourni des effectifs analogues (545 et 358), on est tenté de penser qu'il y a vers 500 outils une unité de base, correspondant à un séjour sinon "standard", du moins moyen. Mais ce serait très hasardeux, d'abord parce qu'il ne s'agit pas du même groupe régional, ensuite parce que Montbani-II a été présumé comporter deux unités d'habitation (Rozoy 1978, p. 464) et que Sablonnière-II est certainement le produit de plusieurs passages des archers. Les données disponibles sont beaucoup trop modestes pour avancer sérieusement sur ces points.

Les plans de distribution des armatures montrent des répartitions qui débordent largement l'aire d'activité de débitage et des outils communs et effacent en apparence les distinctions entre les concentrations (n'oublions pas, comme rappelé ci-dessus, que le camp n'est pas le lieu normal d'utilisation de ces pièces, et la diversité des causes de leur apport sur place). Les armatures ont été fabriquées par petites séries (5 ou 10) et ensuite traitées par petits paquets de deux ou trois pièces semblables, de façon beaucoup plus marquée à Tillet-4, moins nette et moins générale à Tillet-3. La répartition aléatoire des paquets rappelle celle des outils communs et prête aux mêmes conclusions. Les gens de Tillet-2, qui font moins d'armatures que ceux des trois autres concentrations (24 % contre 35, 39 et 43 %), les ont traitées une à une dans l'ensemble, n'associant par deux qu'une partie des segments de cercle. On pourrait y voir la fabrication de flèches à une seule armature en pointe à Tillet-2, contre deux armatures par flèche à Tillet-3, -4 et -5, et plus encore dans le Tardenoisien où le taux d'armatures est plus élevé. C'est de toutes façons un argument (non décisif) pour voir Tillet-2 comme séparé culturellement de Tillet-3, -4 et -5 (et de Tillet-1-sud remanié, qui a le même taux d'armatures de 35 % que -3, -4 et -5). La séparation pourrait être chronologique aussi bien que saisonnière ou avoir trait aux activités choisies. Les 29 premiers sondages exploratoires de 1987, répartis sur 200 m le long de la carrière, avaient fourni globalement un taux d'armatures de 20 %, qui concorde avec la composition de Tillet-1-nord et, plus convaincant, de Tillet-2, mais pas avec celles de Tillet-1-sud, -3, -4 et -5. Il est donc à présumer que ces sondages ont concerné plus souvent des vestiges correspondant à Tillet-2 qu'aux autres concentrations, et que le terrain recèle encore nombre d'autres traces des archers, sans parler aussi des Aziloïdes, attestés plus au Nord.

Les coincidences des classes d'outils

Grâce à leur abondance et au maillage étroit retenu, par quarts de mètres carrés, les données spatiales du Tillet se prêtent bien à une étude statistique approfondie des relations que les archers ont (ou n'ont pas) maintenues entre classes d'outils. Tillet-2 est la concentration la plus utilisable à cet effet, du fait de son abondance. Il y a deux aspects aux co-incidences possibles de deux classes d'outils : les espaces occupés par ces classes et le nombre d'objets concernés. Ces deux aspects complémentaires doivent être traités séparément pour les espaces (total, interne) de chaque concentration, et faire l'objet, pour la probabilité des occurences de ces co-incidences, de tests statistiques, cette fois fondés sur la distribution "normale" (loi de Gauss). Il n'est pas possible d'exposer ici en détail les procédures employées, actuellement limitées à Tillet-2 et -3, qui seront fournies dans la monographie du site. En voici seulement les conclusions :

Les liens dépistés entre les classes sont les suivants à Tillet-2 :

  • grattoirs et éclats
  • denticulés.
  • grattoirs et lames retouchées.
  • éclats retouchés et éclats denticulés.
  • éclats retouchés et lames retouchées.
  • lames retouchées et lamelles retouch.

et à Tillet-3 : grattoirs et éclats retouchés.

On a souligné les classes concernées. En effet la liaison n'est pas toujours réciproque.
"Non fiable" désigne les cas où les effectifs ne sont pas suffisants pour que les tests autorisent une affirmation. Cela concerne les burins partout et souvent les perçoirs.

On n'a dépisté aucun lien entre les classes d'armatures.

A Tillet-2 où le nombre de perçoirs est suffisant, il n'y a pas avec les grattoirs le lien que l'on aurait pu attendre en raison du rôle présumé de ces deux outils dans la préparation des vêtements. Préparer les peaux et les coudre étaient donc là des opérations distinctes.

Les liens assez forts ou très forts dépistés à Tillet-2 entre les principales classes d'outils du fonds commun ne sont pas retrouvés à Tillet-3, où par contre apparaît entre grattoirs et éclats retouchés une solidarité (assez faible) qui ne figurait pas à Tillet-2. Les associations entre les classes d'outils varient selon les concentrations, probablement en fonction des travaux effectués.

Conclusions

Une méthode appropriée permet d'obtenir dans les gisements mésolithiques sur sable d'importantes précisions d'ordre ethnographique. Les "gros" gisements s'analysent comme des juxtapositions de camps petits et moyens non strictement contemporains et ne sont donc pas des "camps d'agglomération". Les camps des archers mésolithiques apparaissent beaucoup plus organisés qu'on n'avait tendance à le présumer, avec des postes de travail différenciés et une division chronologique et sans doute sociale du travail, les camps successifs au même endroit n'utilisaient pas les mêmes outils, et sans doute étaient consacrés à des travaux différents.

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LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1 - Le Tillet dans le contexte de la Culture de la Somme et du Tardenoisien

La rivière Oise constitue la limite entre Tardenoisien-Nord et Culture de la Somme, la Seine celle entre Tardenoisien-Nord et -Sud, l'Ardennien occupe au stade moyen le bassin de la Meuse jusque vers Mouzon. Les ressemblances, d'ailleurs limitées (éclats et lames retouchés abondants), entre Ardennien et Culture de la Somme n'indiquent pas une communauté humaine, mais seulement que c'est le Tardenoisien qui est spécial avec sa manie des armatures.

Fig. 2 - Plan d'ensemble des fouilles du Tillet

Les sondages à l'ouest et au sud indiquent qu'il reste des concentrations à fouiller avant l'exploitation du sable pour les remblais.

Fig. 3 - Densités des silex à Tillet-2, -3,-4 et -5

Ce plan des déchets est celui des activités de débitage. Elles ont été cinq à dix fois plus intenses dans les centres qu'à la périphérie, où cependant elles s'étalent assez loin, par exemple à l'Est de Tillet-4, et comme le prouvent aussi les sondages (fig. 2).

Fig. 4 - Plan des foyers et des blocs de grès .

Aucun de ces blocs de grès n'apparaît au sol actuel. Les foyers ont été systématiquement adossés contre les blocs qui émergeaient à l'époque, et c'est sans doute la raison des emplacements divers choisis par les chasseurs pour leurs camps.

Fig. 5 - Emplacements proposés pour les cabanes successives de Tillet-2.

Le plan en J-K-L-15-16-17 est le mieux établi. Toute sa partie Est demeure hypothétique puisqu'elle est incluse dans une zone pauvre en vestiges où les limites ne sont pas apparentes (voir texte). L'angle Nord a pu s'appuyer sur le gros bloc de grès en M-15, auquel une autre fois le foyer principal de Tillet-3 a été adossé. Le plan en I-J-K-19-20-21 se fonde à la fois sur les déchets (ce plan) et sur les plans des éclats retouchés et des éclats denticulés qui évoquent une implantation 2 m plus à l'Ouest, à partir du milieu de la colonne 17, peut-être en réutilisant des vestiges de la première cabane (ou réciproquement, nous ignorons laquelle précédait l'autre). La partie Nord et Est est incertaine pour les mêmes raisons que pour l'autre plan, elle a pu s'appuyer sur le bloc de grès en L-19-Sud et sur le petit bloc en H-I-21-22. Elle comprend des zones riches qui font partie de Tillet-3 et n'étaient pas présentes (ou plus perceptibles) lors de l'occupation de Tillet-2.

Fig. 6 - Distribution des segments de cercle.

Ce n'est qu'un exemple des distributions des armatures, moins conformes aux espaces de débitage que celles des outils du fonds commun.

Fig. 7 - Densité des outils (toutes classes).

Globalement, les outils sont surtout présents dans les espaces internes que d'ailleurs ils n'emplissent pas complètement. Il y avait donc des postes de travail différenciés, et distincts selon les opérations accomplies : débitage ou emploi des outils.

Fig. 8 - Densité des outils du fonds commun.

S'agissant d'une fouille en cours, le lecteur voudra bien excuser ce plan où les résultats de 1996 n'ont pas encore été incoporés. Si l'on compare à la fig. 3 (débitage), non seulement toute une zone médiane de l'espace interne de Tillet-2 est presque vide, et il y a un débord au Nord-Ouest, mais il y a de fortes inégalités d'un carré de fouille à ses voisins immédiats, traduisant, là encore, des postes de travail spécialisés ayant entraîné l'accumulation des outils domestiques en certains points. A Tillet-3, les outils communs sont groupés dans la partie Sud, les trois-quarts de l'espace interne n'en comportent guère plus que l'espace externe entre Tillet-2 et Tillet-3. A Tillet-2, il y a devant le foyer K-13 une zone riche en outils du fonds commun (et aussi en armatures, fig. 9), par contre à Tillet-3 il n'y a presque pas d'outils communs devant les foyers M-N-16 et N-20. Doit-on en conclure à : camp d'hiver et camp d'été ? Il y a sans doute bien d'autres interprétations, à commencer par les travaux qui ont besoin d'un foyer (mais pour Tillet-2 ce ne peut être de ramollir la résine pour fixer les armatures, puisque cette concentration en a peu).

Fig. 9 - Densité des armatures.

Comme pour la figure 8, les résultats de 1996 n'ont pas encore été incorporés. Les lieux d'abandon des armatures sont très dispersés et séparés par des zones pauvres en ces pièces. C'est à Tillet-4 que ce fait est le plus marqué, évoquant nettement des groupements inattendus, puisque la multiplicité des causes (présumées !) de présence des armatures dans le camp laissait prévoir une distribution aléatoire. Nous devons attendre la réalisation des tests statistiques pour avancer plus en la matière.

 Tableau 1 :

Tableau 1 : Segments et triangles
à Tillet-3 et -4
  Tillet-3 Tillet-4*
Segments 83 73
Triangles 67 92
Rapport Seg/Tri 1,24 0,79
*comptes provisoires fouilles 1993 à 1996.

Tableau 2 :

Tableau 2 : Rapports numériques entre les classes de pointes au Tillet
  Tillet-1 sud Tillet-2 Tillet-3 Tillet-4 Tillet-5
Pointes à base non retouchés 34 43 32 27 20
Pointes à base transversales 38 64 28 50 13
Rapport 0,9 0,7 1,1 0,5 1,5

Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

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