Haut
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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

2007

Dr J.-G. Rozoy

GRAVURES ET ABSTRACTION
ENGRAVINGS AND ABSTRACTION



Les gravures non figuratives de Roc-la-tour I, le schiste gravé des Beaux Sarts, et les progrès de
l'abstraction durant la préhistoire et l'histoire.

The Roc-la-Tour I non figurative engravings, the Beaux-Sarts engraved schist Plaquette and Abstraction Progresses through Praehistoric and Historic Times.

Résumé 


Les 491 plaquettes gravées magdaléniennes de Roc-la-tour I comportent, outre les 75 figurations animales et humaines, 410 signes abstraits de 14 types variés, dont 8 (avec plus de cent trente cas) sont inconnus dans le Magdalénien du Sud-Ouest de la France. Il y a en outre 213 groupes de traits parallèles. La plaquette de schiste des Beaux Sarts, nettement postérieure au Paléolithique, comporte 94 traits parallèles répartis en 4 séries. Ce ne sont pas des comptes. L’auteur analyse les capacités mentales attestées par ces témoins et les différencie des importants progrès intervenus par la suite dans les possibilités d’abstraction du cerveau humain.

Abstract 


Beyond the 75 animal and human pictures, the 491 Magdalenian engraved plaquettes bear 410 abstract signs, in 14 different types, among which 8 were unknown up to now in South-Western France, (more than 130 cases). Some examples of all those signs are shown. Besides there are 213 groups of parallel lines. At "Les Beaux Sarts," less than 2 meters from the hut described in 2003, another human excavation (maybe a tomb ?) delivered a schist plaquette with 94 parallel lines carved on its surface, the lines appear as three groups of 14, 7 (or 8 ?) and 24 (or 28 ?) lines and one group of 17 (or 18 ?) oblique lines, with various secondary lines. 5 000 years before the cerebral center of precise calculation was at the beginning of its formation, this piece, out of the bases of calculation might be subdivided, cannot be considered as the evidence that they were able to count. The author analyses the affective mental possibilities proved by those elements and puts them apart from the rational progress in the abstraction possibilities of the human brain, which occured later all through ten thousand years.
Mots-clés : abstraction- épigenèse – évolution cérébrale – plaquette(s) – signes – rationalité.
Key-words : Abstraction – Epigenesis – Brain evolution – Plaquette(s) – Signs – Rationality.

Les gravures abstraites de Roc-la-Tour-I.


I a. Le site

Un site de point de vue : Le site magdalénien récent de Roc-la-tour I (commune de Monthermé, Ardennes), sur un bord du plateau ardennais, domine la Semoy de 260 m. Il a été utilisé de 20 à 40 reprises (au moins) au cours d’un ou deux siècles, de même que les sites belges voisins (Chaleux etc.), par un groupe restreint de Magdaléniens. Cette équipe comprenait 10 à 15 personnes au plus, comme précédemment ceux d’un autre groupe à Gönnersdorf en Rhénanie. Nos gens venaient en été pour quelques jours depuis le bassin parisien (Rozoy 1996, 2005), en route vers les sites de la Lesse et de la Meuse ou en revenant. Certains vestiges sont tombés ensuite dans des fentes de gel du Dryas II. La chute de gros rochers depuis les "tours" de quartzite a préservé une partie du campement, le reste a été soliflué. Le sol est très acide et aucun os n'est conservé. Quatre niveaux ont été reconnus sur une épaisseur de 40 à 50 cm et une surface de 82 m2 (Rozoy 1988), mais les répartitions des qualités de silex employés montrent que chaque niveau correspond à 5 ou 10 passages, sinon plus. La distribution topographique des plaquettes de quartzite et de schiste provenant de divers endroits du massif primaire (tant en Devillien para-local qu’en Revinien apporté de plus d’un kilomètre) confirme abondamment cette conclusion.

L’abstraction l’emporte : les mieux conservées des 75 gravures figuratives ou ébauches présentes sur 48 plaquettes ont été publiées en premier (Rozoy 1990, 1997). Elles sont déjà par nature des abstractions, mais il y a beaucoup plus de dessins purement abstraits : 188 pièces de schiste en portent, plus les 110 où ne sont que des traits parallèles et les 181 où l’on ne voit que 1 à 5 traits. Au total, nous avons relevé, sur 164 supports, 410 signes et assimilés de 14 sortes, signes dont l’inflation culmine au niveau 3, alors que celle des figurations est maximale au niveau 2 (tableau page suivante, lignes 1 à 3). Et il y a en outre 173 pièces, réparties également selon les niveaux, portant 195 autres traces de travail (lissage, ocrage, mise en forme, rondelles). Le tout, parmi plus de 4 700 plaquettes apportées de plus ou moins loin, utilisées aux fins les plus diverses, avant comme après gravure, et sans aucune attention portée à celles-ci; et plus de 1 700 outils de silex avec les déchets correspondants. Cet apport assez massif de plaquettes (sans compter des millions de très petits fragments) ne  provient pas de la réalisation d’un dallage du sol quartzitique qui demeure sec par nature. Les signes ne sont pas particulièrement associés aux figurations animales, bien au contraire. La publication intégrale est en cours d’impression au bulletin de la Société Préhistorique Luxembourgeoise au dévouement bénévole de laquelle il n’est que juste de rendre hommage. Nous présentons ici, pour compléter et équilibrer les publications de 1990 et 1995, un échantillon des 14 variétés de signes abstraits que nous avons reconnues.

La gravure à Roc-la-Tour I : bilan global sur 491 objets

75 images animales ou humaines sur 48 supports (dont 17 sans signes) :
29 sujets identifiables : 4 chevaux, 3 bisons, 3 cervidés, 1 mammouth et 1 trompe,  4 carnivores, 1 serpent (?), 6 poissons (dont 2 douteux), 6 humains (dont 3 sous forme de signes).
21 sujets partiels : 2 têtes schématiques, 2 mufles, 14 pattes (dont 3 douteuses), 2 cornes, 1 ramure.
25 ébauches : 4 corps d'animaux, 7 lignes de croupe, 4 dos, 10 lignes cervico-dorsales (dont 6 douteuses).

410 signes et assimilés sur 163 supports, dont 31 avec des sujets ou ébauches :
126 signes ramifiés, 73 signes angulaires, 34 zigzags, 41 cercles et ovales (dont 29 sur la même plaque), 1 triangle, 37 signes fusiformes, 31 treillis, 3 groupes de traits rayonnants et 3 "soleils", 1 W (double signe angulaire ?), 3 rectangles ouverts, 8 "germinations", 10 signes angulaires ou fusiformes avec axe. Assimilés aux signes : 2 groupes de 13 et de 4 cupules, 11 zones incisées (Schleifzonen de Bosinski et Fischer, 1974, p. 90) et 26 faisceaux (Enge Linienbündel de Bosinski).

215 plaquettes portent un ou des groupes de traits parallèles (dont 90 ne portent rien d’autre).

181 plaquettes ne portent que 1 à 5 traits. Total des actions de gravure : 881.

Tableau 1– Roc-la-Tour I, Gravures à charge idéologique, par niveaux.
Table 1 - Roc-la-Tour I, Engravings with ideological Meaning, level by level.

Niveau1

Niveau 2

Niveau 3

Niveau 4

Hors centre

Niveau inconnu

Total*

Sujets identifiables

11

8

4

1

2

3

29

Parties de sujets

8

16

11

2

0

9

46

Signes abstraits

73

107

128**

26

19***

57

410

dont Ramifiés

33

32

32

7

6

16

126

Angulaires

12

26

16

3

7

9

73

Zigzags

3

9

17

1

1

3

34

Cercles

0

8****

29**

1

1

2

41

Fusiformes

10

7

9

4

0

7

37

Treillis

4

11

3

3

1

9

31

Tr.ray.+Soleils

0

1

2

0

2

1

6

Germination

2

0

5

0

1

0

8

Signes avec axe

2

1

5

1

0

1

10

Cupules

1

1

0

0

0

0

2

Zones incisées

1

4

4

2

0

0

11

Rectangles ouverts

1

0

0

0

0

2

3

Triangle + W

0

0

0

0

0

2

2

Faisceaux

4

7

6

4

0

5

26

Traits parallèles (gr.)

39

68

42

19

10

37

215

Nombr. traits, raclage

17

28

17

3

2

19

86

Quelques traits

27

53

33

22

18

28

181

Total actes de gravure

175

280

235

73

51

153

967

Nb plaquettes gravées

85

153

94

48

31

80

491

Lissage

5

6

4

6

1

4

26*

Mise en forme

9

4

9

5

1

7

35

Rondelles

1

1

4

2

1

1

10

Ocrage (plaq. + ocre)

27

26

23

25

17

6

124

Plaquettes travaillées

125

190

139

70

38

102

664*

* Les objets du niveau de base de chaque niveau ont été intégrés à ce niveau. Certains objets portent plusieurs sortes d'actions, certaines gravures ou plaques lissées sont en plusieurs fragments (on n'en a compté qu'un). Au total il y a 584 plaquettes travaillées + 80 dépôts d’ocre = 664 + 26 quartzites (23 ocrés + 3 mis en forme), total 690, + 5 pendeloques, 2 perles et 1 fragment de phtanite = 698 objets. 
** Les 29 cercles de la plaque 1269
*** dont 1 cercle et 2 soleils.
**** dont le 2300 (plusieurs cercles très incomplets comptés pour 1).   

 

Nos signes sont fondamentalement étrangers à ceux de la région classique. Les rares signes communs y sont employés inégalement. Et nos signes ramifiés et angulaires sont autres que ceux décrits en Ariège.

1399 signes en Périgord-Pyrénées (Vialou 1986) et 410 en Ardenne

Nous manquent

Plus ou moins communs

Nous avons en plus

Triangles (1 en Ardenne)

126 s. ramifiés (17 en Ariège)

34 zigzags (absents en Périgord)

Quadrilatères fermés

  73 s. angulaires (>300 en Ariège)

37 signes fusiformes

Pentagones, tectiformes

  41 cercles et ovales (25 en Ariège)

31 treillis

Claviformes

10 signes avec axe (85 en Ariège)

3 traits rayonnants et 3 soleils

Séries de points ou de traits

2 groupes de cupules (16 Ariège)

3 rectangles ouverts et 1 W

Croix

26 faisceaux (38 en Ariège d.1 grotte)

8 signes germination

 

 

11 zones incisées

(8 des 12 clés de G. Sauvet)

(6 de nos 14 groupes)

(8 groupes de plus)

 

RLT I - Groupements des dessins : 491 plaquettes décorées sur 4 718

  48 plaquettes avec sujets ou ébauches (dont 26 avec des signes et 34 avec  des traits parallèles).
  138 plaquettes portent des signes sans sujets (dont 69 avec des traits parallèles).
  10 plaquettes portent des traits parallèles avec d'autres traits sans sujets ni signes.
  14 plaquettes portent des traits nombreux sans sujets ni signes ni traits parallèles.
  10 plaquettes portent des traits parallèles avec lissage ou ocre ou mise en forme.
  90 plaquettes ne portent que des traits parallèles (de 2 ou 3 jusqu'à 7 et une fois 14).
  181 plaquettes ne portent que de 1 à 5 traits.

I b. 14 catégories de signes à Roc-la-tour I

Signes ramifiés (fig. 1) : Nous en présentons ici le quart, ordonnés, mais en réalité les plaquettes les portant étaient en tous sens dans le terrain, et nous ignorons évidemment tout de leurs positions antérieures. Ils sont très divers en formes et en dimensions. La moitié des pièces ne portent qu’une division, le maximum relevé est de cinq branches. Le caractère commun essentiel est la séparation à angle aigu. Sur 36 angles que nous avons mesurés, 15 sont entre 21 et 30 degrés, le reste se répartissant également de part et d’autre. Un seul angle dépasse 45°, celui du 936b (70°) qui n’a pas la même présentation, on devrait probablement l’écarter. Cette polarité sur des angles aigus est un point commun important avec les signes angulaires qui sont toutefois très différents par leur raideur et par le caractère limité et généralement égal de la longueur des branches. Le mêli-mêlo de 3 signes sur la plaquette 1871 (au milieu de la rangée du bas) est un des rares cas de fusion avec les lignes parallèles. Les trois signes ramifiés identifiés sur la plaque 4420 (en haut) nous ont posé un petit problème d’identification : le signe du milieu pouvait donner illusion pour un bouquet de six traits rayonnants. En fait, il s’agit d’un simple signe ramifié qui est croisé, à peu près au niveau de la ramification, par un autre trait – il y en a beaucoup sur cette plaque. Le trait croiseur fait en réalité partie d’une paire de traits parallèles assez longs et n’a donc rien à voir avec la ramification. On retrouve là la réflexion de R. Bégoüen et J. Clottes (1990) sur le caractère aléatoire de l’isolement de signes dans un ensemble complexe. Il y a sur cette plaque plusieurs autres signes ramifiés. Et peut-être aussi d’autres signes angulaires en sus des trois relevés. Nous nous sommes limités à ceux qui nous ont paru certains. Branch looking signs : there are here a quarter of them, organized, they were in all directions. They have between 2 and 5 branches .

Signes angulaires : (fig. 2). En voici une quinzaine (le quart). Comme pour les signes ramifiés, nous les avons ordonnés ; bien entendu, ils étaient, dans le terrain, sur des objets différents en général, dans le plus grand désordre, qui nous a paru aléatoire. Les trois cas figurés en haut, à gauche, sont des combinaisons avec les traits parallèles comme avec un autre signe angulaire. La plupart sont brefs et parfaitement rectilignes. Les angles vont de 12 à 40 degrés, si on excepte l'unique angle droit. On pourrait évidemment discuter le grand signe au milieu du tableau, ou, du moins, en faire un sous-type distinct, ainsi que de l'angle droit (chevron). On verra plus loin un autre exemple, encore différent, puisqu'il passe du signe angulaire aux traits parallèles. La combinaison avec les traits parallèles est d'ailleurs attestée par ceux des plaquettes 4420 et 3690-1 (fig. 2, en haut). Les deux signes du palimpseste 1 (2297-3004-1170, au milieu de la figure 2) sont les seuls avec une branche courte non rectiligne. Dans le fouillis 16 il y en a au moins six, qui sont présentés dans tous les sens et n'accompagnent aucun sujet. On verra sur la publication d ‘ensemble quelques signes angulaires dans leur environnement : le 4329 passe au fusiforme (variété bec). Le 2207 est associé à un ramifié, le 535 est un signe-crochet avec des traits parallèles dont le croisement pourrait en imposer pour un autre signe angulaire, le 1874 paraît fusionner avec un autre ramifié très atypique, le seul cas de ce genre. Le 964 est encore un exemple de fusion avec les traits parallèles. Les autres signes angulaires figurent sur les relevés des plaquettes, liste au tableau 9 de la publication totale. Statistiquement, il n’y a pas de corrélations entre les signes angulaires et les sujets figurés ou d’autres signes, simplement ils sont (comme les uns et les autres) concentrés sur un assez petit nombre de "belles" plaquettes.
Angle looking signs : there are here about a quarter of them (scattered on the ground), most of them are short.

Zigzags : Sur le fragment 2404 (fig. 3, en bas) on voit une patte arrière d'herbivore (équidé, cervidé ou capridé), des lignes courbes faisant peut-être partie d'une ou plusieurs figure(s) réaliste(s), et il y a six zigzags et un signe ramifié entremêlés entre eux et avec ces figures. Le petit fragment 443 (à droite) est celui de la découverte : Marie-Odile Vaillant, triant les refus de tamis après lavage pour chercher les débris de lamelles à dos, a remarqué les gravures : 2 zigzags et des traits parallèles. Le fouillis 23 (n° 1826, en haut), porte lui aussi deux zigzags emmêlés entre eux et avec des traits parallèles. Même association au 1388 (en H à G. ). Au 7905 (à G), on hésite entre un zigzag et un signe angulaire ou deux ou trois signes angulaires emmêlés. Le n° 8636 est isolé au bout d'une plaquette de 161 x 85 mm. Sur le fragment 9525 (en haut, à D), rencontre avec un signe fusiforme, sur le 3218 avec un signe angulaire et deux traits parallèles. Sur le 1510, 2 zigzags et deux traits parallèles, rencontre avec un fossile; les traits les plus à gauche, beaucoup plus larges que les traits gravés, appartiennent probablement au fossile. Le signe du 5125 est détruit par la cassure. Dans l’édition complète, voir aussi les zigzags sur les figures 32 (loup), 27 (élan), 40 (silhouette humaine ??), 45 (palimpseste aux 29 cercles, ici fig. 4),  55 (fouillis 2, grande plaque avec "soleil", cercle, traits parallèles, ici fig. 5),  62 (treillis), et 68 (fouillis lissé). Les autres zigzags figurent sur les relevés des plaquettes, liste au tableau 9 de la publication totale. Il n’a pas été reconnu de corrélations avec d’autres signes, les proportions respectives répondent statistiquement aux probabilités du hasard.
Zigzags :  Our zigzags are always short and often in groups.

Cercles : (fig. 4, 5 et 6). Nos 41 "cercles" sont pour près de la moitié des ovales, avec toutes les transitions entre de vrais cercles et une forme deux fois plus longue que large. Le trait est toujours un peu approximatif, il n'est pas question de tracés au compas, comme ce sera le cas au second âge du fer; les Magdaléniens sont aussi peu géométriques que possible, c'est spontané pour des gens tout-à-fait intégrés à la nature. Il y a des cercles incomplets, qui rendent sur la plaque 1269 le décompte un peu approximatif, on ne sait où s'arrêter (fig. 4). D'ailleurs, la plaquette 2300 porte non pas un cercle, comme compté dans le dénombrement, mais plusieurs tracés dont aucun n'est même à peu près fermé. Mais où pouvions-nous les mettre ? On retrouve l'impossibilité d'un dénombrement exact, si souvent discutée. Les traits parallèles (issus des transes chamaniques ? ?) étaient, par leur simplicité, le seul cas reproductible sans trop de déformations; les zigzags, en effet, sont assez irréguliers, comme il est naturel, et les cercles subissent la même adaptation à un monde plus concret. Les cercles (et ovales) figurent sur 11 plaques ou plaquettes, dont trois fortes plaques : la grande plaque verte à bandes brunes 2546 (10 fragments réassemblés, dont extrait à la fig. 5), le palimpseste 4 (1269-3610, fig. 4) qui porte les 29 cercles, et la plaque 3817 aux deux têtes, qui en affiche 3 (la voir sur l’édition complète); les deux premières ont des zigzags, la troisième non. Les sept autres sont assez grandes aussi, et la plupart portent de nombreux traits, mais pas de zigzag. On ne peut donc attribuer le défaut de corrélations à une forte fragmentation, comme ce pourrait être le cas pour les petits débris où il y a des faisceaux. Il n'y a pas non plus de lien avec les signes angulaires, on l'a vu. Six des 11 plaques à cercles portent des traits parallèles, la proportion statistique en ferait attendre 3 ou 4, le lien possible ne peut être affirmé, le nombre d'occurrences est trop faible. Deux des 11 objets portent des tracés de sujets partiels : une grande patte avec les 29 cercles, (fig. 4) et deux têtes au revers des deux ovales 3817. Là non plus, il n'est pas possible de retenir ou dénier un lien. De nombreux cercles, avec les mêmes caractéristiques, figurent sur les plaquettes de Gönnersdorf, dont une avec 16 cercles (Bosinski et Fischer 1974, p. 90 et Tafel 18). C'est donc une analogie de plus.
Circles : Half our circles are more or less oval and none is quite regular.

23 cercles sont relevés par D. Vialou sur les parois des grottes de l'Ariège (Magdalénien moyen), dont 17 aux Trois-Frères, parmi 1399 signes recensés (mais les 189 cercles de l’ours 9 des Trois-Frères sont comptés pour un, Vialou 1986, p. 136). On retrouve là un fait déjà remarqué pour les zigzags, l'accumulation de certains signes plus ou moins rares en certains points, leur absence totale dans le reste du même domaine (même domaine en apparence seulement, peut-être bien; ou cela dénote des sous-domaines au sein d'ensembles plus vastes). Les cercles seraient donc rares dans les grottes. Mais peut-être n'y a-t-il pas équivalence entre les deux types de supports, les cercles des plaquettes correspondent peut-être à d'autres signes sur les parois, peut-être les points, qui y sont si nombreux, et qu'on ne connaît pas sur nos ardoises ? (à moins que les points des grottes deviennent des cupules sur l'art mobilier). R. Bégouën et J. Clottes (1990) comptent 8 cercles parmi les 83 signes connus sur les 65 plaquettes d'Enlène analysées (sur 1150). Notre proportion est plus forte encore (41 parmi 384 signes sur 142 supports), mais elle est biaisée par la présence de 29 cercles sur la même pièce, on retrouve les réserves exprimées à juste titre par Bégouën et Clottes (p. 162) sur  "la vanité des statistiques portant sur des ensembles insuffisamment connus". Malheureusement, si la statistique concernant Enlène ne peut manquer de devenir fiable par la suite avec l'étude des 1150 plaquettes, annoncée voici 18 ans comme fermement résolue (Clottes 1990), et nous en avons bien besoin, celle de Roc-la-Tour n'offre que très peu de possibilités théoriques d'un complément certainement modeste (par une éventuelle fouille des dépôts soliflués dans la clairière). Il est hélas peu probable de trouver d'autres sites dans la région, les recherches du XIX° siècle ont tout ravagé et les plaquettes de Chaleux sont parties dans la rivière, depuis draguée.... Il nous faut donc prendre ce que nous avons, qui confirme tout de même l'importance des cercles dont Bégouën et Clottes (1990) écrivent "leur présence paraît d'autant plus significative qu'il est peu vraisemblable qu'ils résultent de tracés fortuits".

Signes fusiformes :  Ces 37 signes ressemblent à des poissons, et certains en sont peut-être, nous n'avons retenu comme poissons que ceux où l'on perçoit un œil ou des nageoires. En outre, plusieurs signes fusiformes sont interrompus par des cassures, et l'on peut douter de leur réalité (fig. 7), on ne les confondra pas avec ceux comportant un axe (fig. 8). Et dans plusieurs cas ils sont incomplets. Nous n'avons retenu dans ce type fusiforme que les figures plus ou moins pointues à au moins une extrémité. Cela marque la différence avec les signes "germination" avec lesquels nous les avions un moment confondus, et dans lesquels l'extrémité opposée au filet est nettement arrondie (il y a toutefois une exception, n° 7070, au revers, fusiforme avec un filet, fig. 9). On peut distinguer parmi les signes fusiformes trois catégories assez tranchées que nous aurions peut-être dû séparer : des signes minces, souples, formés par la réunion de deux arcs opposés, qui sont en somme assez pisciformes (fig. 7, n° 1960, 3220, 8217). Ils sont en général complets. Il y a là continuité avec les poissons, et certains "poissons" que nous avons hésité à dénommer comme tels devraient peut-être leur être rattachés. D'autres sont plus trapus, constitués par la jonction d'un arc plus ventru avec un segment rectiligne (fig. 7, n° 5244, 873 b, 1247). On peut les désigner comme arciformes. Ils sont la plupart du temps incomplets, la partie rectiligne étant partielle. Mais on est gêné dans l'appréciation par les nombreuses cassures. Ils sont raides et il n'est ici pas question d'assimilation aux poissons. Enfin, il en est quelques autres où la partie rectiligne est remplacée par un trait concave, ce sont en somme des signes-becs (fig. 7 en haut, n° 1247, le plus bas). L'origine figurative des pisciformes et des signes-becs est vraisemblable, celle des arciformes paraît plus douteuse et l'on se tourne à nouveau (à tort, diront d’aucuns, que nous respectons, même si la plupart ne nous le rendent pas) vers les visions entoptiques de la transe.

Les signes fusiformes, qui occupent 24 plaquettes, coincident sur 14 d’entre elles avec 13 signes angulaires, 16 signes ramifiés, un triangle, des cercles incomplets et un groupe de 29 cercles, des faisceaux, trois zigzags, trois treillis et une mise en forme, deux fois des rectangles ouverts, et de plus, deux fois ils sont à trois ensemble et une fois à quatre. Les nombres pour chaque variété de signes sont bien trop réduits pour qu'on puisse en tirer une conclusion statistique, ensemble cela fait 42 coincidences de signes à leur actif (les 29 cercles de la plaque 1269 étant comptés pour un seul). Ce n'est pas indicatif car 142 plaquettes (sur 491 gravées) portent des signes. 11 des 24 plaquettes à signes fusiformes portent des traits parallèles, c'est bien la proportion attendue. Colette Rozoy avait sous-titré le relevé de la plaquette 5014 (fig. 68 dans l’édition intégrale) : "fête de famille chez les fossiles". De fait, nous avons dû, après analyse et examens à la loupe binoculaire (qui révéla de l'ocre, en plus), supprimer un pseudo-zigzag, puis un autre, et d'autres traits. Nous espérons avoir dominé toutes ces embûches, tant sur cette plaquette que sur les autres.
Spindle-looking signs : Among the spindle-looking signs, we can distinguish (fig. 7) fish-looking ones (1980, 3220, 8217), bow shaped ones, (5244, 873 b, 1247) and bill-shaped signs (1247, bottom).

Les treillis (fig.10, en haut, à D.) : Bien qu’il y en ait une trentaine, rien ne nous assure qu’ils aient été le résultat de choix conscients : en effet, à Roc-la-Tour il y a 215 plaquettes portant des groupes de traits parallèles les plus divers, et pour les treillis rien ne nous garantit que lors du tracé du groupe croiseur la première série de traits était encore perceptible. En outre, jamais l’une des séries de traits ne s’arrête au niveau du dernier trait de la série croiseuse. Il y a plutôt là l’affirmation répétée d’une impulsion… dont, évidemment, la cause et la nature ne peuvent que nous échapper totalement.
Grids :
  It is not sure that the grids were drawn intentionnally.

Les zones incisées, analogues aux eingeschnittene Flächen de Bosinski et Fischer (1974 - 1980), figurent sur la plaque 765 avec un signe angulaire avec axe, et sur d'autres fragments en provenant probablement que nous n’avons pu lui raccorder. Ici, sur les plaques 8751 et 765, fig.10.
 Cut areas : The meanings of the cut areas are still more obscure (misunderstandable) than those of the other signs.

Les faisceaux : ce sont des lacis serrés de traits plus ou moins parallèles qui parfois couvrent des surfaces assez importantes, ainsi sur la grande plaque 748-4416-937b-1277 qui porte aussi une patte animale et deux éléments humains. On peut distinguer de ce signe deux variantes, dont l’une à traits tous parallèles (faisceaux vrais, n° 748, fig.10, et d’autres). Dans la seconde variété (faisceaux entrecroisés), des traits non strictement parallèles se coupent à angles très aigus, c’est le cas de la plaque 3385-4124 (fig.10, en bas) et de quelques autres. Cette catégorie, où des traits plus violemment incisés se mêlent à ceux qu’ils croisent, aurait peut-être dû être rejetée, au moins en partie, aux "zones incisées". C’est d’ailleurs ce qui a été fait au tableau 9 de la publication intégrale.
The bundles are more obscure yet than the cut areas.

Les traits parallèles : Comme la plupart de nos collègues, nous hésitons fortement à les considérer comme des signes, plus encore que pour les treillis, les zones incisées et les faisceaux. Mais il y en a partout, sur 215 plaquettes, parfois plusieurs groupes par unité ; ils sont les seuls graphes présents sur 90 d’entre elles, et l’on ne peut les passer sous silence. On peut penser que leur sens est autre que celui des signes plus typés, mais comme nous ne savons rien non plus sur la signification de ceux-ci, cela revient à dire qu’il s’agit d’un (ou plusieurs) autres groupes… Nous en donnons un faible échantillon sur la fig.11. Sur le fort bloc 7220 de 1 600 g, le départ d’un gros bloc a dégagé une surface lisse qui seule a été gravée. Onze traits tant bien que mal parallèles, dont un ramifié, croisent un signe angulaire ( ?) qui évolue plus loin en deux traits parallèles. Le fragment 739, outre les traits parallèles, porte un signe ramifié et un (deux ?) signe(s) angulaire(s). Sur le fragment 986, les traits parallèles, beaucoup plus serrés, sont croisés par une courbe mystérieuse. Les fragments 1796-1758, 2249 et 4558 montrent encore d’autres styles et associations de traits parallèles.
Parallel lines :  Perhaps the very numerous non systematized parallel lines are not real signs.

Signes rares, mais bien typés :

Les signes "rectangle ouvert" : Il s’agit de trois signes figurant (fig. 8) l'un près du cheval-qui-court 3241-3363, un autre sur le fouillis 14 (n°1329) mis en forme, avec deux cornes présumées, le troisième (n° 1998) dans le gros fouillis 1, si riche en signes les plus divers. Les trois "rectangles ouverts" ne sont pas rigoureusement semblables, mais leur rapprochement s'imposait d'autant plus que ce sont, avec les "germinations" et les "soleils", les seuls signes vraiment complexes que nous ayons pu reconnaître à Roc-la-Tour. Tous trois sont très petits. Ils sont basés sur des traits parallèles, mais, à titre exceptionnel, ceux-ci sont limités d'un côté au point de rencontre avec d'autres traits arrêtés eux aussi à ce point. Il en résulte une sorte de rectangle (ouvert à l'autre bout) qui comporte en outre quelques traits internes. Nous avons vainement cherché quelque chose d'approchant dans les signes pariétaux ou mobiliers du Magdalénien moyen ou supérieur (Vialou 1986, Sauvet et Wlodarczyk 1977, Sauvet 1990). Il y a bien les signes rectangulaires signalés par A. Leroi-Gourhan (1995, p. 593-595), mais ils sont tous dans le style III au Magdalénien ancien (Lascaux, Gabillou). De plus, ils sont fermés, ce que ne sont pas les trois nôtres. Nous rapprochons (fig. 8) de ces rectangles ouverts les traits du petit débris 2193, qui comportent aussi des traits obliques joignant les deux côtés parallèles, mais dont nous ne pouvons connaître la disposition totale.
Open rectangles : with the n° 3261 horse, n° 1229 in the n° 14 miscellany and n° 1998 in the n° 1 miscellany.

Les "soleils", eux aussi au nombre de 3 (fig. 6), sont composés d’un cercle entouré de traits rayonnants. Mais nous ne voulons évidemment pas affirmer que les Magdaléniens aient voulu représenter l’astre du jour, ce serait des plus étonnants, puisque par ailleurs ils ne figurent ni lune (dont le croissant serait facile à évoquer) ni étoiles, et plus généralement pas de vues d’ensemble. Sur la grande plaque 543-547-552-806-872-1605a-2546 le minuscule "soleil" (le plus complet des trois) est accompagné d’une forêt de traits plus ou moins parallèles (fig. 5 et 6), certains proches et parallèles à une partie de ses rayons. Sur la 5012 (fig. 6) il y a 4 traits d’un côté et 1 de l’autre, sur la 5014, six traits sont autour, plus deux se rejoignant au-delà du centre, l’autre côté a été détruit (plaquette brisée).
The "suns" :  They probably are not pictures of that heavenly body (there is no moon).

Les signes "germination" (fig. 9) sont composés d'un petit élément vide allongé, arrondi à un bout et en pointe à l'autre, et d'un trait (filet, au sens ancien) prolongeant cette extrémité effilée. Nous en avons trouvé chez G. Sauvet (1990, p. 92), en provenance du Placard, de St Marcel, de Gourdan, de Marsoulas, de Rochereil (toutefois, certains sont pointus aux deux bouts). Ils ne sont pas dénommés, nous avons donc dû le faire. On peut en rapprocher le signe qui accompagne une tête de cheval sur la planche 70 de Gönnesdorf (Bosinski et Fischer 1980). Le mémoire de maîtrise de Nicolas Mélard (2002) en montre un à Andernach. La forme évoque, aux yeux d'un biologiste, celle d'un spermatozoïde, mais pour ne pas choquer les âmes prudes nous avons préféré la référence au monde végétal… dont le sens est du même ordre ! Le terme est (comme celui de "soleil") exclusivement descriptif, morphologique. Le comique de l'affaire est que ce signe réunit, mais  sans les confondre ni les intégrer, deux éléments, l'un (ovale, Leroi-Gourhan 1995, p. 166) typiquement féminin pour cet auteur, et l'autre (filet ou bâtonnet) qu’il déclare typiquement masculin. On retrouve le sexe qu'on avait écarté ! Mais G. Sauvet et A. Wlodarczyk (1977), avec leurs 12 "clés", n'en seront, eux, pas étonnés. Il y a là assemblage de la clé 11 (bâtonnet) et de la clé 2 (cercle ou ovale) un tant soit peu déformée. Ce signe fut d'abord rencontré sur trois plaques, l'une (3241-3363) qui en porte plusieurs avec le bison et le cheval courant, une autre (1269-3610, fig. 4), aux 29 cercles, porte une patte à sabot, et le n° 7596 avec d'autres signes. Une révision d'ensemble nous en a montré d'autres sur les pièces fragmentaires 1667, 6042, 9540 et 7070, elles sont un peu différentes par la disproportion entre la forte "graine" et le mince filet qui semble en émaner (6042), deux autres sont cassées, ce qui nous prive d'un filet hypothétique, mais la comparaison des corps (graines) s'imposait de toutes façons, la dernière est spéciale par son extrémité pointue. Nous nous abstenons de toute hypothèse sur la signification, qui ne saurait avoir de base objective, mais la volonté de signifier est ici bien plus évidente que pour les signes angulaires, dont certains peuvent paraître accidentels (involontaires), et à plus forte raison pour les treillis.
Germination : We use this for any empty longiline element with a thin thread at one end.

Les signes "angulaires avec axe" sont connus dans le Sud-Ouest où, comme à Roc-la-Tour I (n° 765), certains ont un contour arrondi (Bégouën et Clottes 1990). C'est pourquoi nous les avons séparés des signes angulaires proprement dits, et nous leur en joignons d'autres qui sont fusiformes (fig. 8, en haut). On peut les rapprocher de la clé IX de Sauvet et Wodlarczyk (1990). Nous en avons isolé 9, à part les grandes plaques 765, 5283-6471, 3901 et le fouillis 20 (n° 3389), ils sont sur de petits débris. Ici, à nouveau, le caractère intentionnel paraît difficilement discutable.
Angular signs with axes : some of them  have rounded bases.

Les cupules, enfin, formant deux groupes de 13 et 4 unités sur les plaquettes 2315 (fouillis 12),  et 578-945 (fouillis 24), sont analogues par leur forme et par leur groupement à celles beaucoup plus nombreuses de Gönnersdorf. Nous les avons regroupées sur la fig. 8, en bas.

Le triangle : Nous en avons relevé un seul, sur la grosse plaque 1998 (ici, au milieu à D de la fig.10). Ses angles sont d'ailleurs arrondis… En fait, il y en a bien un autre, non moins arrondi, qui sert d'œil à la tête très grossière de la plaque 3817 (fig. 30-31 dans la publication intégrale). Si notre interprétation (discutable) de ce tracé est retenue, on peut se demander ce que signifie cet unique autre triangle arrondi. Il n'y a pourtant rien à côté, qui puisse évoquer une tête (il est vrai que toute une partie de cette face est érodée, juste au-delà du triangle).

En bref, les 410 signes abstraits de Roc-la-tour I, dominants dans le niveau 3, sont nettement séparés des figures animales, qui l’emporteront au niveau 2. Ils attestent des préoccupations mentales dont nous devrons essayer de préciser sinon la nature, du moins la validité et surtout les limites. Mais nous devons d’abord constater à quel point, deux mille ans plus tard, le cerveau humain demeurait, en matière de comptes, étroitement restreint .

II. La gravure des Beaux Sarts


La plaquette ornée : ce site de Bogny-sur-Meuse (Ardennes) qui nous a fourni il y a quatre ans une petite cabane enterrée (Potterie et Rozoy 2003, 2006 b), nous a livré en septembre 2004, dans un autre creusement situé à moins de deux mètres, une plaquette décorée attribuable, selon le mobilier d’accompagnement, à la même époque, à la limite du Paléolithique et du Mésolithique ancien. C’est un morceau de schiste ardoisier d’origine para-locale (nous sommes sur un placage de limon fluviatile d’un ou deux hectares, mais ce schiste est partout présent dès que l’on en sort). Il gisait assez profondément à 65 cm sous le chemin (donc environ 85 cm sous le sol initial), dans la structure du Mésolithique ancien, et presque au fond de celle-ci (fig. 12), dans le carré N12 (limite N12W et N12S). Après cette découverte, dûment déclarée dès la fin de 2004, il est particulièrement ridicule (et odieux) que la poursuite de la fouille ait été refusée 3 fois en prétendant qu’il s’agissait d’un chablis. Autant dire officiellement que la fouille est réservée à certains professionnels et à leurs amis personnels, même et surtout si nombre d’entre eux ne trouvent et ne publient guère.

Plusieurs suites de traits parallèles figurent sur cette pièce à divers endroits : tout d’abord (fig. 13, à échelle 1,5), une série de 14 traits, dont 3 plus courts, puis plus bas une autre de 7 (ou 8 ? si l’on compte le doublement du trait 15), ces deux zones sont entières : en haut, c’est l’extrémité naturelle de l’objet, en bas il y avait de la place pour continuer si on l’avait voulu. On trouve en bas, à gauche, un autre registre de 24 traits, incomplet par cassure ancienne, où ces nombres du haut n’apparaissent pas. Si l’on compte deux fois les traits repris 22 à 24, le total des grands traits monte à 49, dont 28 pour le troisième registre que nous savons incomplet par suite de la cassure. Chacun de ces trois registres comporte en outre des petits traits : en haut 14 (+ 3 au loin), au milieu, 8 ou 9 (selon que l’on compte ou non un 8° trait principal), plus 2 au loin, et en bas 12 (8 des numéros 22 à 28 et 4 de 34 à 40). Ces traits "annexes" ( ?) sont parallèles aux grands dans les registres 1 et 3, biais dans le registre moyen (certains de ces derniers paraissent douteux à un autre observateur). Mais ces traits biais s’étendent aussi à doite des traits 22 à 44 et constituent, avec ceux parasitant le second groupe de grands traits, une quatrième série que l’on peut penser indépendante des trois premières. J’ai relevé 9 traits dans la zone moyenne-inférieure, mais il y en a sans doute plus (y compris des traits plus grands dans le même biais), j’ai hésité à les figurer à cause du risque de confusion avec des structures naturelles du schiste. Le total des tracés relevés est donc de 94, sous les réserves dites : quelques petits traits biais contestés dans la zone du second ensemble, mais probablement d’autres de la même série non relevés dans la partie inférieure droite si tourmentée.

Des déductions abusives sur une capacité  à compter à l’époque en cause ne doivent pas être tirées des deux valeurs 7 (ou 8 ?) et 14 constatées pour les deux premiers groupes. On sait en effet, depuis un travail inédit que Jean Leclerc m’a aimablement communiqué, que les traits constatés sur plusieurs dizaines de publications ne montrent aucune constance dans les nombres observés, mais se répartissent aléatoirement. Je vais d’ailleurs publier un travail à ce sujet (Rozoy 2007 b), qui est aussi disponible sur Internet. Il est exclu que l’auteur (l’un des auteurs ?) de la gravure ait eu une élémentaire conception des nombres au-delà de 4, maximum attesté qui correspond au premier des trois centres cérébraux des comptes, celui qui nous est commun avec certains animaux : quelques oiseaux et quelques mammifères (Changeux 2002, p. 226-232, Carey 2002, Rozoy 1995, 2006 a, 2007 b). Le troisième centre cérébral permettant le calcul ne va se former qu’à la Protohistoire, en fonction des besoins nouveaux (commerce), ne se perfectionnera qu’au cours des générations, à la suite de la maturation post-natale éducative du cerveau, et permettra alors, très progressivement, des comptes longtemps difficiles. La méthode de calcul décimal ne sera inventée (en Inde) qu‘au 4° siècle de notre ère (Ifrah 1994, vol. 1, p. 805-821 et 937) et ne sera acquise en Europe qu’au 14°, après moult imputations de satanisme et contestations. Elle a été une des conditions cérébrales  essentielles pour le développement des sciences et pour  le progrès technique.

III. Évolution cérébrale au Paléolithique

Quelques étapes des progrès continus pour les outils et l’abstraction

Katanda (Zaïre)    - 90 000 harpons en os   Yellen 1998   Rozoy 2003
Blombos (Afrique du Sud) - 70 000  croisillon raide Enshilwood 2002 Rozoy 2003
Europe (divers sites) - 40 000    perles en os Lejeune 1987 Rozoy 2003
Périgord (divers sites) - 30 000  décors animaliers frustes   Lorblanchet 1999 fig. 14
Europe (divers sites)  - 16 000 propulseur  Cattelain 1989  fig. 15
Europe (Roc-la-Tour etc.) - 10 000  animaux + signes abstraits Rozoy 1990, 1995, ici fig. 1 à 11
Europe (Beaux Sarts) -   8 000 Cabane et séries de traits Rozoy, ici fig. 12 et 13
France (Remilly les P.)  -   4 000 Maisons, fossé d’enclos Marolle 1989, 1990 fig. 16
Monde (Grèce, Inde, Asie)  - 600  Héros et (ou) Dieux  Larousse 2002 fig. 17

L’évolution cérébrale est un fait continu. La gravure figurative existe bien avant le Magdalénien supérieur, depuis près de 20 000 ans, et une partie des "signes" paraît en Europe dès (au moins) 30 000 ans avant les gravures de Roc-la-Tour I. En fait, il y a eu depuis longtemps quelques tracés rectilignes et entrecroisés vers –70 000 en Afrique du Sud à Blombos (Enshilwood et alii 2002, Rozoy 2003), on en trouvera certainement d’autres quand les Africains auront les moyens (matériels et sociologiques) de fouiller. L’apparition des dessins est donc échelonnée, à très petits échelons, comme toute l’évolution de notre espèce (Lorblanchet 1999). Il s’agit, depuis Homo habilis et Homo erectus, de variations rapides, progressives et continues. Rapides, car elles ont lieu sur moins de trois millions d’années, au lieu de dizaines ou centaines de millions chez les animaux pour chaque stade reconnu, avec persistance quelque temps chez eux de l’espèce ancienne à côté de la nouvelle. Progressives, car il n’y eut dans notre cas nulle part trace d’une espèce précédente qui n’aurait plus  été fertile avec le nouveau rejeton. Continues, car, nous allons le voir, de nombreux et importants acquis ont eu lieu depuis la fin du Paléolithique, qui ont transformé notre espèce de tout en tout.

Les tracés figuratifs, gauches et raides à l’Aurignacien (fig. 14) et au Gravettien, souvent avec des proportions anormales (pattes animales trop courtes, en particulier), aboutissent au Magdalénien moyen et supérieur à des images très réalistes et bien vivantes, dans notre cas à 75 exemplaires plutôt mal que bien préservés sur 46 plaquettes, en y comprenant les ébauches et les  carnets d’exercice des artistes. Mais les signes abstraits maintenant sont 5 à 6 fois plus nombreux, sans compter encore à Roc-la-tour I les 195 pièces témoignant d’autres actions non utilitaires (lissage, enduit d’ocre, mise en forme, rondelles) ni les 215 groupes de traits parallèles, au total 834 actions relevées sur 584 pièces, parmi un total dépassant 4 700 plaquettes de toutes dimensions, dont plus de 4 000 non décorées. L’évolution améliorant le réalisme des figurations au cours du Paléolithique supérieur est manifeste, elle témoigne de la progressive maturation cérébrale, et elle est confirmée dans d‘autres domaines plus techniques, ainsi les armes de chasse : le fort javelot tenu ou lancé à la main de l’Aurignacien et du Périgordien, déjà un net progrès sur la lance moustérienne, a été allégé vers la fin du Solutréen en une sagaie pour le jet au moyen du propulseur (fig. 15), et c’est à la fin du Magdalénien que l’arc et la flèche, abandonnés précédemment parce que trop difficiles pour les cerveaux du temps, et cette fois généralisés, vont mener peu à peu vers l’Épipaléolithique. La perception et la figuration de l’espace et l’amélioraion de l’intelligence pratique ont ainsi progressé de pair pendant ces vingt millénaires, les niveaux atteints dans ces deux domaines (et dans quelques autres aussi) demeurant toutefois imparfaits, ainsi les sujets dessinés sont isolés un à un, le Mésolithique produira des scènes de groupes, et d’autres avancées dépendant de la maturation cérébrale devront intervenir pas à pas jusqu’à présent.

Le déficit persiste dans la perception du temps jusqu’à la fin du Paléolithique et au début du Mésolithique, ainsi pour l’auteur (les) auteur(s) de la plaquette ornée des Beaux Sarts. Cette incapacité est cause aussi de la non-figuration du mouvement. L’implacable déroulement temporel n’est alors perçu qu’au niveau ponctuel, celui du jour même et des quelques suivants, ou tout au plus une ou deux semaines (que l’on ne sait alors pas mesurer, faute de savoir compter au-delà de 4). Certes, la succession des saisons est connue, et l’on fait à la fin de l’automne quelques provisions pour l’hiver. Mais dans l’ignorance de sa durée, car toute possibilité de numération est alors durement limitée par les capacités du cerveau où ne figurent encore que les deux centres qui nous sont communs avec certains animaux. L’un de ces outils se limite au nombre 4 (au niveau de 5 il y a déjà un fort taux d’erreurs), l’autre se contentant du choix entre peu (alors précisé par le premier centre) et beaucoup (qui va de plus de 5 à des valeurs tout-à-fait indéfinissables pour le penseur). La perception encore vague du temps sur de plus longues durées, atteignant peu à peu l’ordre de plusieurs mois (lunes) en fonction des saisons, permettra enfin (aux femmes) au 8° millénaire avant notre ère de semer en vue de récolter et, mais mille ans plus tard, (aux hommes) de savoir le rôle du mâle dans les gestations, et donc d’élever des animaux.

IV. Évolution cérébrale ultérieure


Plusieurs millénaires de culture et d’élevage vont ainsi se développer, entraînant une énorme augmentation de la population : cent fois, puis mille fois plus. Les humains, devenus producteurs, se logent maintenant dans des villages de plusieurs confortables maisons (fig. 16), et aussi procèdent à des échanges qui demeureront très longtemps sous le mode du troc. Les capacités d’acquisition plus ou moins pré-monétaire n’apparaîtront qu’à l’âge du bronze, au Proche-Orient plus précoce que chez nous, mais cependant guère avant – 3 000. Comme précédemment pour les délais d’apparition de la culture des plantes, puis de l’élevage des animaux, cette longue latence témoigne de l’amélioration cérébrale devenant générale sous l’effet de l’éducation et, grâce à la panmixie et à l’épigenèse (1), mieux implantée dans le monde entier. Ce progrès est transmissible, génération après génération, sans qu’il soit nécessaire de postuler la moindre rupture dans notre hérédité (voir note au mot épigenèse en fin du texte).
 
Le calcul précis ne sera possible qu’avec le troisième centre cérébral proprement humain, mais qui n’apparaîtra peu à peu dans notre cerveau… que lorsqu’il sera devenu nécessaire du fait de l’évolution sociale, de la production et des échanges. Ceux-ci devront donc être quantifiés, et le seront lentement, pour aboutir à la formation du 3° centre cérébral de calcul, cette fois précis, lors du passage à l’âge du bronze (Changeux 2002, Carey 2002, Rozoy 2003). Rappelons aussi ensuite la très longue progression des capacités de mesure de toutes sortes, y compris le décompte du temps, dans l’Antiquité : leur traduction écrite décimale n’est apparue (en Inde) qu’au 4° siècle de notre ère, puis, après des perfectionnements progressifs, en Europe que mille ans plus tard, ouvrant enfin la voie au développement scientifique : à nouveau, cette longue latence atteste la lente amélioration cérébrale via l’épigenèse. 

La rationalité se développe lentement au cours de la Protohistoire et n’est clairement initiée qu’aux 7° et 6° siècles avant notre ère, simultanément en Grèce, en Inde et en Extrême-Orient, par le développement des capacités de corrélations, avec enfin sur l’espèce humaine des généralisations (Bouddha, fig. 17) qui depuis trois mille ans n’étaient pas encore à la portée des rois et des princes protohistoriques, ni de leurs conseillers plus aptes à écrire (et surtout à compter) qu’à manier l’épée. Un tel délai est imposé par la lenteur avec laquelle s’établissent dans le cerveau, par le langage et l’épigenèse, des corrélations nouvelles permettant la pensée généralisatrice (Delsol 1996, in Tort 1996). On retrouve ensuite un délai du même ordre, deux millénaires, entre la logique d’Aristote et les relations introduites par Frege au XIX° siècle et développées depuis avec les raisonnements par abduction et par induction de Peirce, Osherson et Sloman (George, 1997, p. 110-113). Les avancées actuelles de la neurobiologie (Changeux, 2002, p. 176) ont couronné l’approfondissement des signes de la pensée au XX° siècle par Peirce, de Saussure, Chomsky et Langacker. Ces stases, se comptant en millénaires pour les éléments abstraits, indiquent clairement qu’il s’agit d’une progression de la constitution cérébrale, dûe à la poursuite de l’évolution biologique. Nous assistons là au sein de notre espèce à "l’émergence de propriétés spécifiques à un niveau d’organisation plus global" analysée par Henri Atlan (1986, p. 78, et 1999, passim et p. 67-69). Cette émergence conforte et amplifie les notions proprement humaines, éthiques, de liberté et de responsabilité, inconcevables chez les animaux comme dans les machines.
(1) Voir la note en fin du texte.

Épigenèse, sentiments humains et rapports sociaux. Cette épigenèse qui se poursuit sous nos yeux est toutefois sévèrement conditionnée par l’indispensable intégration des sentiments humains et des rapports sociaux. En effet, comme l’ont montré A. Damasio (1994, chapitres 1 à 4, et 2003), P.M. Churchland (1999, p. 151-154) ainsi que O. Houdé, B. Mazoyer et N. Tzouro-Mazoyer (2002, p. 576-582), ce pas est radicalement aussi inabordable aux ordinateurs (Rozoy 2003, 5.4 : sensations, émotions…) que précédemment aux animaux. Le mode de raisonnement des machines est très efficace et donc extrêmement utile pour certains problèmes ne mettant en jeu que des objets ou êtres non pensants. Mais il est, par sa constitution même, foncièrement étranger au nôtre, et de plus incapable de s’adapter aux nécessités du raisonnement humain. Celui-ci, outre qu’il est basé sur des principes logiques différents, met en jeu des valeurs affectives étant, par essence, tout-à-fait étrangères à la structure même des ordinateurs et totalement en dehors de leurs capacités. Ces valeurs sont localisées pour une part importante dans le cerveau préfrontal, comme le montre l’incapacité à raisonner correctement des malheureux privés accidentellement de ces centres affectifs essentiels (Damasio 1994). On peut même se demander si cette insensibilité, cette non-prise en compte des phénomènes affectifs et des intérêts des petites gens, n’est pas aussi la raison des échecs répétés de certains économistes internationaux (F.M.I.)… Épigenèse, complexité et auto-organisation sont pour Strohman (cité par Atlan, 1999, p. 17) les composants essentiels du nouveau paradigme en biologie. D’où l'importance d'une instruction généralisée et d'une éducation précoce de tous les enfants.

Loin, bien loin, des dessins paléolithiques splendides, mais si élémentaires au plan rationnel, on peut donc espérer dans un avenir plus ou moins proche (décennies ? ? ? siècles ? ? millénaire ?) le perfectionnement chez tous les humains, pour intégrer ces systèmes mentaux, dessins, musique  et sentiments y compris, du "grand système généraliste" ébauché chez Aristote, amélioré chez Frege, Peano, De Saussure etc, annoncé par Pascal Boyer (1997, 2001, p. 118), déjà en cours de constitution chez une minorité notable de privilégiés de la Nature et de l’éducation. La généralisation de ces bases neurales à tous les humains entraînera, dans la "soupe" de représentations et de messages qui nous submerge encore, l'élimination progressive des "grumeaux" irrationnels (Boyer 2001, p. 322).

 

Note de bas de page :
Épigenèse* : "Théorie selon laquelle l’embryon se constitue graduellement dans l’œuf par formation successive des parties nouvelles"  (Larousse 2002). Ce terme est utilisé maintenant, au moins depuis la Table Ronde de 1984 de la Société zoologique de France, dans un sens plus développé : complément postnatal d'organisation du cerveau. Michel Delsol (1996) précise : "il désigne actuellement l’action des facteurs extérieurs et non génétiques qui influencent le déroulement de l’embryogenèse et de la vie adulte." Cet auteur en fournit exemples et explications concernant des espèces* végétales et animales de divers niveaux et les idées utiles à recadrer ce concept. La méconnaissance de ce sens du mot, vingt ans après, par les auteurs du Petit Larousse illustré en dit long sur le retard chronique des milieux littéraires par rapport au langage scientifique réellement pratiqué.

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Légendes des illustrations - Captions


Fig. 1 – Roc-La-Tour I. Signes ramifiés. Ramified signs (transcriptions - relevés : C. and J.-G. Rozoy).

Fig. 2 – RLT I. Signes angulaires. Angular signs. (Transcription - relevés : C. Rozoy).

Fig. 3 – RLT I. Zigzags. (Transcriptions - relevés : C. and J.-G. Rozoy).

Fig. 4  - RLT I. Le palimpseste aux 29 cercles  (Transcription - relevés : C. Rozoy).
Circles : Half our circles are more or less oval and none is quite regular.

Fig. 5 – RLT I. "Soleils", traits parallèles. (Transcription - relevés : C. Rozoy).
The "suns" :  They probably are not pictures of that heavenly body (there is no moon).

Fig. 6 – RLT I. Autres cercles.  (Transcription - relevés : C. Rozoy).
Circles 

Fig. 7– RLT I. Signes fusiformes (Transcriptions - relevés : C. and J.-G. Rozoy).
Spindle-looking signs : Among the spindle-looking signs, we can distinguish fish-looking ones (1980, 3220, 8217), bow shaped ones, (5244, 873 b, 1247) and bill-shaped signs (1247, bottom).

Fig. 8 – RLT I. Signes angulaires avec axe, cupules, rectangles ouverts (Transcription - relevés : C. Rozoy).
Angular signs with axes : some of them  have rounded bases. Cupules, open rectangles.

Fig. 9 – RLT I. Germinations (Transcription - relevés : C. Rozoy).
Germination : We use this for any empty longiline element with a thin thread at one end.

Fig. 10 – RLT I. Triangle, zones incisées, faisceaux, treillis. (Transcription - relevés : C. Rozoy.
Cut areas : The meanings of the cut areas are still more obscure (misunderstandable) than those of the other signs. The bundles and grids are more obscure yet than the cut areas.

Fig. 11 – RLT I. Traits parallèles. (Transcriptions - relevés : C. and J.-G. Rozoy).
Parallel lines :  Perhaps the very numerous non systematized parallel lines are not real signs.

Fig. 12– Bogny-sur Meuse, Les Beaux Sarts, le cadre spatial de la plaquette décorée. – The place where the Beaux-Sarts plaquette was found.

Elle reposait dans le carré N12, dans le creusement qui correspond probablement à une sépulture (le terrain siliceux exclut toute conservation des os). D’après la dispersion des vestiges, le site a dû être utilisé au moins une vingtaine de fois.

It was found on the place indicated by number 1 on this plan, in the excavation corresponding certainly to a tomb (the siliceous ground implies that no bone can be preserved). On account of the scattering of the remains, the site may have been occupied twenty times at least.

Fig. 13 – La plaquette décorée des Beaux Sarts – The Beaux Sarts carved plaquette (échelle - scale 3/2). (Transcriptions - relevés : C. and J.-G. Rozoy).

Le ou la (le)s auteur(es) des grands traits (horizontaux dans cette présentation) ont occupé à peu près toutes les zones utilisables pour eux : en haut, à gauche, s’étend un plan incliné coupé de plusieurs reliefs, en bas les deux-tiers droits sont tourmentés et inégaux. Ces obstacles n’ont pas gêné le (les) auteur(s) des petits traits biais. On peut donc supposer qu’il y a eu deux ou plusieurs graveurs.

The man (men) who carved the long lines (those horizontal on the drawing above) used nearly all the areas which they could use ; at the left hand top, there is an inclined plane interrupted by several spots standing out in relief, at the bottom the right hand two-thirds are distorted and uneven. These obstacles did not disturb the carver(s) who made the short slant lines. We can then suppose that there may have been two or several carvers.

Fig. 14 – Mammouth aurignacien du Vogelherd, d’après (after) Lorblanchet 1999.

Après diverses ébauches faisant "une timide apparition principalement entre 45 000 et 35 000 ans avant le présent" (Lorblanchet 1999, p. 208), les figurations animales incontestables sont dans l’Aurignacien vers 30 000 avant notre ère.

Various attempts emerged timidly mainly between 45 000 and 35 000 BP (Lorblanchet 1999, p. 208). They were followed by undoubtable animal pictures in Aurignacian around 30 00 B.P.

Fig. 15 – Le crochet de propulseur (spear-hook) solutréen de Combe-Saunière 1, d’après (after) Cattelain 1989.

Cette pièce, estimée vers 18 000 B.P., permettait de lancer plus loin et plus fort des sagaies un peu moins pesantes que les javelots aurignaciens, périgordiens et du Solutréen plus ancien.

This piece, dated around 18 000 B.P., allowed to throw assegais further and more strongly. Those assegais were less heavy than the Aurignacian and earlier Solutrean spears.

Fig 16 – Le village Michelsberg des Hautes Chanvières à Mairy (Ardennes) (extrait de – from - Marolle, in "L’Ardenne avant l’histoire t", p. 79-102 ).

Il comportait plus de vingt maisons et était entouré d’un large fossé interrompu (parc à bétail), que certains ont tenu à tort pour une fortification guerrière qui ne suppose pas ce type d’interruptions.

There were more than 20 houses there, which were surrounded by a wide interrupted ditch (a cattle-pen). Some believed falsely that it was some kind of war defence work, but that sort of interruption does not allow us to suppose that.

Fig. 17 – Bouddha (extrait du – from- Larousse dictionary 2002).

Il est contemporain des classiques Sages de la Grèce antique et du Chinois Lao Tseu.

He was contemporaneous with the classical Wise Men in Ancient Greece and Chinese Lao Tseu.


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