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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

1993

Colette et Dr. J.-G. Rozoy

LA LIMITE NORD DE LA CIVILISATION MARNIENNE DE LA TENE I



Résumé

La bordure Sud de l'Ardenne a connu au La Tène 1 un peuplement très notable, sans hiatus au IVe siècle. En témoignent, malgré les destructions dues aux guerres et aux travaux, plusieurs nécropoles et des habitats. Autour de Charleville, sur le calcaire liasique, les deux rives de la Meuse étaient occupées, tant dans la plaine alluviale que sur les hauteurs. A l'ouest, la nécropole tumulaire de la forêt des Pothées, sur le schiste primaire, fut utilisée du Hallstatt au La Tène II.
A l'est, des habitats ont été fouillés près de Sedan, d'autres vus plus au sud, et des enclos entre Meuse et Chiers, ainsi qu'une tombe de la fin du La Tène 1 plus à l'est. Il s'agit du Marnien typique dont la présence explique les importantes "influences" reconnues entre le Marnien et le groupe Sud des tombelles ardennaises belges. Les céramiques et la plupart des bijoux ont leurs pendants dans les tombelles comme dans la zone marnienne, et l'on pourrait présumer pour les tombelles une durée jusqu'à la fin du llle siècle. Le hiatus qui persiste actuellement entre le sillon Chiers-Meuse et la vallée de l'Aisne est un phénomène interne au Marnien, il tient probablement à la nature différente des sous-sols.

Abstract

The Southem Ardenne border was occupied very widely in the La Tène 1 period, without any hiatus in the 4th century. Several cemeteries and some dwelling places are still there, in spite of wars and road-works, and can attest this fact. In the surroundings of Charleville, on the Lias chalky ground, both banks of the Meuse river were occupied, as much the alluvial plain as on the hills. To the West, the barrow cemetery in the "Les Pothées" forest, on the Primary schist, was used from Hallstatt days to La Tène Il. To the East, dwelling sites were dug near Sedan, other sites were perceived further South, so were enclosing ditches between Meuse and Chiers, and a tomb dated end of La Tène 1 further East. All of them were typically Marnian, their existence there is an explanation to the strong influences recognised between the Marnian and the Southern group of the Belgian-Ardennian "tombelles". The pots and most jewels can match with those in the "tombelles" and in the Marnian area ; for the "tombelles", they might have been in use till the end of the 3rd century. The hiatus which still exists between the Chiers-Meuse valleys and the Aisne valley is part of the Marnian, it may depend on the opposite subsoil natures.

De très fortes "influences" ont existé entre le Marnien de la Champagne et les Celtes de l'Ardenne qui ont établi des tombelles hallstattiennes et laténiennes et spécialement leur groupe Sud (Ste Marie Chevigny, Hamipré etc.). Les excellents travaux de nos collègues belges (Bonenfant, 1965 ; Cahen-Delhaye 1974, 1983, 1987, 1990) l'ont montré clairement, tout en établissant qu'il s'agit d'un groupe autonome de population parfaitement défini.

On ne sait pas, en fait, dans quel sens les influences se sont répandues, ou si ce ne sont pas plutôt les traductions de communautés d'idées. Au-delà des formes de la céramique ou des bijoux, ces "influences" doivent s'interpréter comme une communauté culturelle et idéologique partielle. En témoignent entre autres les décors de certains vases funéraires qui ont un rôle symbolique (évocation des Divinités tutélaires). D'autres éléments divergent :
tombes plates en Champagne, tumulus en Ardenne (mais il y a des tombes plates entre les tertres).

Une telle communauté de pensée suppose des contacts matériels entre voisins, et ceux-ci n'auraient pu avoir lieu si la zone intermédiaire avait été inhabitée, occupée par la forêt inexploitée. Le blanc qui sur les cartes séparait le Marnien des tombelles de l'Ardenne belge tenait (fig. 1) à une lacune des connaissances. Ainsi dans l'excellent article de J.-L. Flouest et I. Stead (1977a la mention : "Au nord de l'Aisne, pratiquement aucune tombe de La Tène 1 n'a été découverte" ; la référence à l'ouvrage de D. Bretz-Mahler (1971) ne fait que souligner une fois de plus la difficulté de la documentation pour qui ne peut se rendre sur le terrain et consulter érudits, musées et bibliothèques locaux.

Tout d'abord, la rivière d'Aisne n'est pas en elle même un obstacle ni une frontière, comme en témoignent la nécropole du La Tène Ill de l'Aiguillon à Château-Porcien (fouilles Larmigny) et la tombe à char de Voncq, qui sont sur les hauteurs dominant la rive droite (fig. 2). On ne sait rien de la tombe de Voncq (objets volés par les Allemands en 1870) qui peut très bien être du La Tène Ill comme la nécropole de l'Aiguillon. Par contre, les tombes à char et l'enclos vus sur la hauteur au nord de Rethel en 1990, à l'extrême limite de la craie (inédit), sont du La Tène 1, l'habitat de Barby (Guérin, 1965), aussi au nord de l'Aisne, mais en bas, est hallstattien, et le site des Auges à Rethel (Lambot et Guérin, 1979), de même en plaine alluviale au nord de l'Aisne, a livré des tessons que l'on peut discuter entre la fin du La Tène 1 et le début du La Tène Il. Il faut surtout souligner que les conditions géologiques étaient défavorables entre Aisne et Meuse à l'identification des sépultures, au moins autant (sinon plus) qu'à la vie même de nos pères, les Celtes. Au sud de l'Aisne s'étend en effet la craie qui à la fois conserve les os et facilite la recherche des tombes. Elle a induit chez les Celtes champenois, ou tout au moins chez une partie d'entre eux, des pratiques funéraires spéciales peu courantes ailleurs (Rozoy, 1963 a, 1988). Aboutissant à la formation de la "terre noire des tombes", ces techniques rendent la mise en évidence de celles-ci beaucoup plus facile.

Les sols plus argileux au nord de l'Aisne ne devaient pas permettre les mêmes conditions de culture et d'élevage, et il est probable que le peuplement y ait été moindre que sur la craie champenoise. Il y a toutefois des terres légères et calcaires dans la bande du Corallien-Argovien, d'autres dans celles du Bajocien et du Bathonien, à mi-chemin entre Charleville et Rethel. Ce sont des régions agricoles aujourd'hui faiblement peuplées, qui n'ont pas comme le Porcien bénéficié pendant 50 ans de la présence d'un archéologue tel que J. Carlier : celui-ci), lui-même cultivateur, avait la confiance de ses pairs et assurait un minimum de formation archéologique dans sa région. L'absence de toute trace identifiée de la culture marnienne entre Aisne et Meuse contraste toutefois avec un peuplement très notable au La Tène III (Amagne, Saulces-Monclin - rouelle en or - ; Thin, Giraumont, Bâalons - temple avec plusieurs centaines de monnaies, Chémery, le Flavier - temple avec offrandes d'armes votives et monnaies - v. fig. 2) et l'on peut présumer que la densité d'occupation y était au La Tène 1 soit plus faible qu'en Champagne, soit même nulle. On y a trouvé en effet de nombreux cimetières mérovingiens, il ne devait pas y avoir beaucoup de nécropoles marniennes... perceptibles tout au moins. Mais J. Carlier habitait Hannogne, dans la zone de la craie, et il n'a découvert aucune nécropole ni même une seule tombe du Hallstatt ni du La Tène 1 dans tout le Porcien. Il a su identifier à Hannogne un habitat du l'Age du Fer. Or en Champagne la détection des habitats est en général plus difficile que celle des tombes. On peut penser qu'il y a eu dans cette région, comme entre Aisne et Meuse, des pratiques funéraires différentes rendant la détection des sépultures plus difficile.

La même absence de sépultures du La Tène 1 s'observe, sans qu'on en saisisse la raison, au sud de l'Aisne, dans toute la partie ouest de la craie ardennaise, en prolongement du Porcien. Un splendide fourreau d'épée décoré du IVe siècle a été trouvé en surface dans un champ à St-Germainmont (Kruta et coll. 1984). Son origine funéraire est probable, mais ce pouvait être une sépulture isolée ne témoignant pas d'un peuplement (des bruits ont couru en 1962-63 sur une fouille clandestine qui aurait trouvé des tombes avec des récipients en bronze, mais aucun renseignement sérieux n'a pu être obtenu). A cette (remarquable) exception près, nous ne connaissons à l'ouest de la ligne Reims-Rethel aucune sépulture du La Tène 1 ni d'ailleurs du Hallstatt. Les points les plus occidentaux sont dans les Ardennes Acy-Romance (Lambot, 1989 a, b), L'Ecaille (Le Tombeau), fouilles de 1957 et l'habitat de Tagnon trouvé à l'été 1992. Avant la guerre de 1940-1945, la limite connue était encore plus à l'Est. S'agit-il de répartition des fouilleurs plus que des sites ? Le cas de J. Carlier, cité ci-dessus, paraît infirmer cette idée. Toutefois, un sauvetage de B. Lambot (1982) à Vieux-les-Asfeld a fourni en surface un torque à petits tampons qui ne peut guère provenir que d'une tombe attaquée par la charrue. En tous cas, ni l'Aisne ni la craie ne constituent en elles-mêmes des limites objectives, naturelles. Qu'il s'agisse de non- ou médiocre visibilité (par exemple en cas d'incinération), ou d'absence, les causes en sont d'ordre humain, social, et non imposées par la Nature.

SEMEUSE (commune de VILLERS-SEMEUSE)

Le groupe de nécropoles des environs de Charleville (fig. 3), connu parce que proche d'une ville importante, se rattache de la façon la plus nette au faciès marnien (et non à d'autres) de la civilisation de La Tène 1. Certes les objets ont aujourd'hui presque tous disparu, du fait des guerres de 1870-1871, 1914-1918 et 1 939-1945 avec leurs cortèges de destructions (en particulier des archives et des collections de Mr Brissot en 1940) et de pillages (n'a-t-on pas retrouvé en Allemagne, avec des étiquettes allemandes, certaines collections scientifiques ardennaises disparues pendant ces occupations ? ...).

Deux nécropoles celtes au moins sont attestées à Villers-Semeuse, section de Semeuse, dans l'ancienne ballastière Dauchy, entre la Meuse et la voie ferrée, près du lieudit "la Morture". L'une, du La Tène1, fut attaquée en 1912 et au moins une autre, distincte, fut découverte par Mr Brissot peu avant la seconde guerre mondiale et attribuée au La Tène Il et Ill (Anonyme, 1912 ; Dupuis, 1933, 1936 ; Anonyme, 1938 ; Fromols, 1955, p. 6). La céramique et les bijoux découverts dans la première ne laissent pas de doute sur l'appartenance au groupe marnien (fig. 4, 5, 6, 7, 8). Deux fibules (fig. 4) ont une position assez tardive au sein du La Tène 1, L.T. lc probablement, mais le torque torsadé est certainement un peu plus ancien (L.T. la - lb), peut-être aussi le bracelet en fer. L'anneau en schiste est ambigu, le bracelet fin est, lui, à la limite Hallstatt-La Tène. Cette nécropole couvrait donc tout le La Tène 1.

Le torque baroque à gros tampons et le bracelet à fortes bossettes (fig. 5) paraissent datables au début du La Tène II (Rozoy, 1990), ou en tout cas à la limite L.T. lc/L.T. II. On trouve un point de comparaison pour le bracelet à Ménil-Annelles, tombe 4, où le bracelet à bossettes est accompagné d'une fibule typiquement La Tène Il (Flouest et Stead, 1977 b), comme d'ailleurs la 3e fibule en bronze et la grande fibule en fer de Semeuse (fig. 5). La nécropole de 1912 abordait donc le La Tène Il, ou bien la ballastière avait attaqué la seconde nécropole. Les objets de Semeuse du Musée de Charleville proviennent de la fouille de 1912, le produit de celle de 1936 ayant péri en 1940 lors de la destruction de la maison Brissot, qui nous prive aussi de toute information sur les structures des tombes, on ignore s'il y avait de la "terre noire" comme en Champagne et si les nécropoles de Semeuse étaient en rangées ou à tombes dispersées. Mais la trouvaille d'une monnaie (Scheers, 146, Doyen et Lémant, 1982) au lieudit Lignicourt, habitat gallo-romain par ailleurs, à 1.500 m de la ballastière Dauchy, confirme la réalité de l'habitat La Tène III dans cette plaine alluviale.

Au Musée de Charleville sont conservés aussi de la nécropole de Semeuse 15 vases (fig. 6, 7, 8), heureusement inventoriés, marqués et dessinés jadis à échelle réduite par Mlle Tainturier, ce qui a beaucoup diminué les difficultés issues de l'effondrement du plafond (misère de nos musées...) et du déménagement consécutif. Par comparaison avec celles du Mont Troté à Manre et des Rouliers à Aure (Rozoy 1988), on peut placer ces céramiques au La Tène lb et lc, soit essentiellement aux IVe et llle siècles. Il n'y ni les carénés avec ou sans col du Ve siècle (qui étaient présents à Aiglemont, à La Warenne et à Mairy, voir ci-dessous), ni les ovoïdes du L.T.l c et du L.T. Il (mais la situle curviligne 440 s'en rapproche beaucoup). Manque aussi le décor de trois fois trois bandes horizontales, avec ou sans croisillon dans des métopes, qui est commun à la Champagne et au groupe sud des tombelles ardennaises. Le caractère limité de l'échantillon ne permet pas de conclusions fermes puisqu'on posède pour Semeuse des éléments antérieurs et postérieurs à l'usage (certainement symbolique) de ce décor de part et d'autre, les décors des vases 444.A et 444.D en sont peut-être des avatars (fig. 8).

On trouve pour tous les vases de Semeuse des analogues dans le Sud du département et aussi, quoique moins exacts, en Ardenne belge. Les situles curvilignes 428 et 435 (fig. 7) rappellent celle de la tombe Ro 67 de Aure, le vase globuleux 436 est presque identique au vase-muguet de Ro 52, la soupière globuleuse 439, à celle de M.T- 23 à Manre, toutes tombes de la période 4 de ces nécropoles (L.T. lb), mais M.T- 23 contenait des carénés avec et sans cols (Rozoy, 1988). Compte tenu de la tendance manifeste dans les tombelles ardennaises à faire des vases plus élevés que dans le Marnien, on peut comparer ces vases globuleux à ceux de Léglise-"Gohimont" et de Orgéo-Nevraumont (Cahen-Delhaye, 1983, p. 253). La situle décorée 427 (fig. 6) réunit la forme de celle de Ro 38 (L.T. Ic) et le décor à l'ongle de celles de Ro 65 ou de Ro 21 (classées au L.T. lb), ce qui la placerait à la limite des IVe et llle siècles. Elle a pour la forme son pendant en Ardenne dans la t-15 de Longlier-Massul, où le décor analogue est fait avec un poinçon en os, ce qui incite A. Cahen-Delhaye (1983, p. 253) à l'attribuer au Ve siècle par comparaison avec Vix (mais la forme ne figure pas à Vix). La toupie curviligne 444.C (fig. 8) évoque celle de Ro 65 dont nous venons de retrouver le décor sur la situle 427, décor qui figure aussi sur les vases globuleux 426 (fig. 6) et 440 (fig. 8). Le petit vase-toupie 431 évoque celui Ro 36.3, mais avec un segment supérieur évasé plus tardif, il est surtout très analogue au petit vase isolé de La Warenne (fig. l1), à des éléments de Mairy (fig. 17-18) et à une pièce de Loos attribuée par Mme Leman-Delerive (1990) au L.T. Il.

Le petit vase-tulipe 433 (fig. 7) est identique à celui de Ro 24 qui faisait partie du système des 4 vases (L.T. lb, fin du IVe siècle, système non attesté en Ardenne). On retrouve les mêmes vases-tulipes en Ardenne à Hamipré-Offaing (Cahen-Delhaye, 1983, p. 249, p. 252 attribution au Ve siècle par comparaison avec des éléments champenois situés plus au Sud). Le vase piriforme à col droit 444.A (fig. 8) évoque directement ceux de MT. 134 à Manre et Ro 5 et 51 à Aure (périodes 2, 3 et 4 de ces nécropoles), il est toutefois de plus belle facture, sa cuisson est plus poussée, et la qualité de sa pâte rappelle celle des vases au croisillon du Mont Troté et des Rouliers (période 4, L.T. lb, Rozoy, 1988), comme eux il porte le décor symbolique de trois bandes horizontales, mais dans une forme très dérivée.

Le vase globuleux décoré 429 (fig. 6) par son bourrelet sous le col rappelle le vase rouge tardif de M.T.131 a (L.T. Ic), et par son décor de chevrons le grand caréné peint de M.T.123 a (L.T. lb, mais les chevrons y sont plus géométriques) et surtout le gros vase M.T. 133.3, bien daté au L.T. lc par le torque à gros tampons et décor d'esses. Un bourrelet analogue sous le col est présent en Ardenne à Léglise sur un grand caréné évoquant les cratères et portant lui aussi un décor géométrique. Enfin la coupe à épaulement 444.D, la seule pièce tournée de l'ensemble de Semeuse, elle aussi avec un bourrelet sous le col (fig. 8), rappelle M.T. 131.1 et 131.2 et Ro 38.3, elle est identique à Ro 25.2 et surtout à Ro 20.2 (toutes au La Tène 1c, les dernières à la limite du La Tène Ill, et à plusieurs vases des Pothées (Fromols, 1955, Flouest, 1984, et vases inédits du Musée de Charleville). Les quelques éléments céramiques de Semeuse qui ont échappé aux deux guerres donnent donc une image (peut-être déformée) où dominent nettement les L-T. lb et lc (IVe et IIIe siècles), et où les points communs avec les vases des tombelles ardennaises (attribuées aux Ve et IVe siècles) sont nombreux. En raison de la continuité typologique de la céramique, la vacuité de la région au La Tène 1 b ne peut à l'évidence être retenue, et l'on pourrait aussi penser que les tombelles de l'Ardenne ont duré jusqu'au IIIe siècle.

La céramique de Semeuse a été faite d'une argile contenant naturellement des cristaux de quartz fin bien classés (vers 50 microns) et quelques ovoïdes d'oxyde de fer. D'après L. Voisin, que les auteurs remercient ici), on peut trouver, entre autres lieux, une association de ce type à un kilomètre au sud-ouest de la nécropole dans une formation sédimentaire ou dans le Domérien voisin. La qualité de ce matériau n'était pas celle de l'Argonne (Rozoy, 1988, p. 189-190) et les potiers ont plus fortement complété avec beaucoup de chamotte, plus des végétaux (paille, foin) mais aussi (dans 5 des 10 vases analysés) avec du sable siliceux assez grossier, très hétérométrique et très roulé. lls ont ainsi obtenu un très fort taux de dégraissant, donnant une céramique robuste. La pâte apparaît très hétérogène, du moins à un grossissement notable (x 20 à x 50). Les vases sont montés au colombin, puis assez bien lissés (mais des cannelures verticales estompées sont perceptibles sur le vase-tulipe 433) et certaines formes sont assez gauches, ainsi la situle 435 est plus haute d'un côté que de l'autre.

Les pots sont dans l'ensemble plus épais, à dimension égale, que ceux de Manre "le Mont Troté". Les vases décorés sont plus soignés que les autres, la coupe à épaulement 444.D, tournée, est excellente et a mieux résisté que ses homologues de Aure "les Rouliers". Sa pâte est différente des autres, contenant moins de quartz (ou du quartz plus fini et étant dégraissée aux coquilles, d'où une couleur plus claire. Avec le tournage, il y a là nettement un changement de fabrication, comme celui observé au Mont Troté à la même époque. La toupie à col 444.C, conservée avec la précédente, ayant probablement la même origine précise, est aussi dégraissée aux coquilles, avec un peu de calcaire et des traces d'oxyde de fer, mais l'argile contient autant de quartz que celle des autres vases et elle n'est pas tournée. L'engobe est à Semeuse faible, laissant apparaître les plus gros éléments du dégraissant, ou absent. La pâte est peu ou non litée, la cuisson peu poussée a produit trois couches (deux couches orangées assez minces de part et d'autre d'un coeur noir plus épais). Les vases 427, 434 et 444.A ont subi en fin de cuisson un enfumage leur donnant une couverte noire (brillante et uniforme sur le 444.A, plus terne sur le 427, panachée sur le 433), les autres sont d'une teinte brune-orangée, assez homogène en général.

CHARLEVILLE-MÉZIÈRES "LA WARENNE"

Un important habitat gaulois existait à "la Warenne" à Mézières, avec du Néolithique, de l'Age du Bronze et du Gallo-romain, on sait depuis 60 ans que cette boucle est truffée de vestiges sur plus de deux mètres d'épaisseur. L'ensemble de La Warenne a en grande partie été massacré par les engins de terrassement en 1973 lors des prélèvements de graviers pour la construction du Parc des expositions, sans que les autorités s'en émeuvent. A un certain niveau, les engins de l'entreprise Urano roulaient sur des mètres carrés couverts de céramique. J.-P. Lémant, A. Quatreville et Cl. Marolle ont pu sauver quelques éléments : un petit vase (initialement entier) dont les débris ont été repris dans le godet de l'excavateur (fig.11) et les fonds de plusieurs fosses, récupérés incomplètement (tout le haut manque) et sans relevés détaillés, mais fosse par fosse. Dans le même temps on a aussi sauvé ce qu'on pouvait au cimetière St-Julien (Lambot, 1980) et à Mézières en face de Montjoly, sans aide aucune des services de l'Etat, comme d'habitude. Il subsiste à La Warenne au moins une fosse de l'autre côté du chemin qui borde la gravière, devenue baignade.
Mais les services des Antiquités ne paraissent pas intéressés et cela finira aussi par être détruit. Les tessons prélevés ont été nettoyés, recollés et marqués par A. Quatreville, Cl. Marolle et D. Billoin. B. Lambot (1980) a étudié l'Age du Bronze (fosse 4). L'ensemble a été déposé au Musée de Charleville où les auteurs l'ont redécouvert fortuitement.

La fosse n°1 a fourni les débris d'au moins 18 vases identifiables, peut-être plus, comme le montre parfois l'examen des pâtes à la loupe binoculaire, ainsi F1 -1, F1 -5a et F1 -5b, initialement confondus (fig. 9). L'assiette carénée à bord plat F1 -4, décorée au dehors de méandres au peigne (fig. 10), a été attribuée à l'Age du Bronze par B. Chertier (1974) qui lui raccordait le pied El -6, mais les profils sont incompatibles, les compositions des pâtes sont différentes, et une telle forme est inconnue à l'Age du Bronze. Elle est par contre (sans le pied) des plus fréquentes au La Tène 1. Nous assurent aussi d'une datation au La Tène 1 les très probables situles carénées F1-1, Fl-5 (a-b), F1-7, F1-11 à 13, et le piédouche F1 -6 (fig. 9), mais il n'y a aucun caréné à col identifiable, ni de vase à fond rond et carène basse.
Il y a bien un tesson de col qui pourrait en venir, mais rien ne permet de le rattacher à une carène et le La Tène la serait donc exclu. On ne peut attribuer l'absence des carénés à cols au fait qu'il s'agit d'un habitat : à Mairy (ci-après) les fosses à détritus fournissent des débris bien caractérisés de grands carénés à cols, associés à des vases à fond rond et carène basse. Toutefois, l'habitat de La Warenne n'ayant pas été fouillé en entier (et de loin !), on ne peut conclure de façon ferme. On note aussi, sous les mêmes réserves, l'absence de tout caréné à Semeuse malgré la présence de bijoux en bronze qui en sont contemporains.

A Manre "Le Mont Troté", site comparable datable le plus proche (Rozoy, 1988), les décors au peigne analogues à ceux de La Warenne sont placés au La Tène lb, et figurent sur des situles utilitaires (le peigne y est manié verticalement sur les vases cultuels). Le profil du tesson El -9 rappelle celui de Ro 38.2 classé au La Tène lc, du vase 427 de Semeuse (fig. 6) et du La Tène lb de Courtrai (Termotte, 1990). Comme les objets de La Warenne sont trouvés dans une même fosse, cela confirme la continuité de ces formes et donc l'attribution au La Tène lb des fosses séparées du Mont Troté contenant les situles carénées ainsi décorées, c'est un élément de plus prouvant l'occupation continue du Ve au IIIe siècle.

Le manche d'un peigne "de tisserand" en os vient aussi de la fosse El (fig. 9). Il est assez semblable à l'objet complet de Mairy (fig. 22) pour que l'on soit assurés de sa nature, et donc de la datation au La Tène lb.

Les fosses 5 à 10 ont fourni aussi de la céramique du La Tène 1, avec des carènes (situles carénées probables). Les décors au peigne sont nombreux dans la fosse 7 (fig. 9, en bas) où les formes de bords évoquent à nouveau le La Tène 1 c, voire le La Tène Il. F8-2 est représenté par un seul petit tesson décoré au peigne, très voisin (mais distinct) de El -4.
Les rangées d'impressions digitales de F9 évoquent la limite du La Tène lb et du La Tène lc. La faisselle marquée W Il a son pendant (presque intact) à Mairy (fig.17). Le vase repris sauvé de l'excavateur (fig. l1) est une sorte de toupie à petit col, assez gauche et où le potier a laissé des cannelures verticales estompées, mais elle est solide ; elle évoque des pièces La Tène lb de Aure "les Rouliers" (Ro 36.3 et 36.4, Ro 67.1) et aussi une de Loos, attribuée au début du La Tène II (Leman-Delerive, 1990). Elle est très proche du vase 431 de Semeuse (ci-dessus). Apparemment, toutes ces fosses laténiennes de La Warenne sont en continuité chronologique au milieu et à la fin du La Tène 1.

Les potiers qui ont fourni Charleville-Mézières "La Warenne" ont utilisé une argile contenant naturellement beaucoup (45 % et plus) de cristaux de quartz de 20 à 50 microns, mais nous n'avons pas vu de grains d'oxyde de fer. Comme ceux de Semeuse, ils ont abondamment complété avec de la chamotte, de façon à dépasser constamment un total de 60 % de dégraissants, ce qui permet une excellente qualité de céramique. Parfois (El -1, El -7, El -8) il y a quelques gros quartz ronds indiquant un faible ajout, peut-être accidentel, de sable roulé. Il ya aussi la base d'un très grand vase (bien plus de 40 cm), isolé, écrasé par les engins, la pâte est dégraissée aux coquilles, forme inconnue. Le montage au colombin est suivi généralement d'un bon lissage, sauf sur les grands vases. L'assiette décorée El -4 et quelques autres pièces, très analogues à celles que l'on trouve dans les tombes, sont noires, non seulement au coeur de la pâte, parfois encadré de deux faibles couches rouges oxydées, mais aussi à la surface qui a subi en fin de cuisson un enfumage systématique, puis un nouveau lissage. La dureté après cuisson est seulement moyenne, comparable à ce dont nous avons l'habitude pour les vases funéraires, apparemment issus des vases domestiques d'usage courant (vases de table ?). Aucune trace de tournage ni même de tournassage n'a été relevée, mais la réalisation des formes est bonne ou excellente pour la plupart des vases petits ou moyens.

Mais d'autres situles carénées moyennes, ainsi El -10 à 13, et tous les grands ou très grands vases à provisions, sont au dehors rouges, orangés ou beiges, soit du simple fait d'une fin de cuisson oxydante, soit par suite d'un engobage avant celle-ci. Les intérieurs sont alors soit bruns, soit clairs comme le dehors. La pâte du grand vase El -15 dont la forme n'est pas connue (diamètre de plus de 35 cm) contient un peu de calcaire, d'où sans doute sa couleur gris clair. Tous les grands vases sont très fortement cuits, étant souvent rouges à coeur, et très durs : pour étudier la pâte on ne peut en casser un petit morceau à la main, il faut employer un marteau. Cela contraste avec l'aspect extérieur de ces objets, que l'on pourrait croire négligés : mal lissés, souvent frottés avec des végétaux, ou non lissés, la surface en est poudreuse ; les grands vases El-2 et El-8, dont la forme n'est pas connue, mais qui dépassent des diamètres de 35 ou 40 cm, ont la panse éclaboussée. La situle El -9 est lissée au-dessus de la carène, rugueuse et un peu éclaboussée sur la panse. Tout cela répond à des besoins pratiques : faire des pots solides et en faciliter la préhension.
Dès le La Tène lb nos Gaulois savaient très bien cuire leurs céramiques à coeur en cuisson oxydante quand ils en ressentaient le besoin, et l'engobage, rare sur les vases funéraires, leur était familier.

AIGLEMONT ET LA GRANDVILLE

Une nécropole à tombes dispersées fut trouvée entre les deux guerres (mais bien avant 1936, date erronée citée par J. Fromols, 1955) lors de l'exploitation des sables lotharingiens pour les fonderies à Aiglemont-La Grandville (Dorigny, 1951). Elle couvrait, à l'est de la route St-Laurent-Aiglemont, aux lieux-dits La Croix Là Haut, L'Homme Mort, Les Mottes, et jusque sur le terroir de La Grandville, au lieu-dit Arnival, peut-être 20 ou 40 ha, ou plus probablement il y avait plusieurs cimetières distincts. Ici encore, la destruction des collections et des notes de Mr Brissot en 1940 nous prive de détails, mais nous en savons un peu plus par des témoins oculaires et par des recherches postérieures. Mr Dorigny, ancien instituteur d'Aiglemont, a été frappé par les premiers vases carénés (et surtout par les situles carénées) du Mont Troté à Manre lui rappelant de très près les poteries vues par lui vers 1928-1929 à l'école d'Aiglemont où il était élève, poteries qui venaient du lieu-dit "L'Homme Mort" (carrière Maillard). En 1957 Mr Viot trouva encore quelques vases, depuis détruits, et MM. Cl. et Fr. Mathieu un torque à petits tampons et un bracelet, le tout à "L'Homme Mort", dans cette même carrière Maillard-Dellys (Schmittel et Viot, 1958 et fig. 13). Le torque filiforme à petits tampons jointifs a été attribué au La Tène II, mais le bracelet torsadé à petits tampons ébauchés qui l'accompagnait est du La Tène lb et les 7 vases (qui ne viennent pas nécessairement de la même tombe) comportent deux tulipiformes un peu ventrus, deux situles curvilignes, une jatte carénée, un semi-ovoïde à fond plat et une jatte tronconique : il s'agit à l'évidence là aussi du La Tène la-lb, plus probablement lb.

En 1954 Mr Paul Avril trouva au lieu-dit Arnival, à La Grandville (juste derrière les lieux-dits La Croix Là Haut et l'Homme Mort d'Aiglemont) un vase La Tène 1 contenant des os (de lapin moderne ?). Les débris en ont été dispersés entre MM. Détrey (et ses élèves de l'Ecole Normale) et Godart et d'autres, et l'un des auteurs a pu personnellement en retrouver quelques tessons en fouillant à l'entrée de la cabane de carrier où le vase avait été déposé. Il s'agissait bien, d'après la qualité de la pâte, de poterie du La Tène (1 ?) avec un col. Enfin le Musée de Charleville conserve un bracelet trouvé par Mr Marteau au lieudit Arnival à La Grandville vers 1936 avec une fibule, rappelant celles à bec d'oiseau, portant une chaînette (fig. 12). Ces deux objets sont incontestablement du La Tène la et plus spécialement du Marnien, comme d'ailleurs le bracelet fin de Semeuse (fig. 4) dont les analogues à Manre "le Mont Troté" sont à la limite Hallstatt-La Tène (Rozoy, 1989).

Les objets d'Aiglemont-La Grandville ont été trouvés isolément dans le sable de fonderie lors de l'extraction manuelle. Dans ce milieu très acide aucun os n'est conservé, en outre il semble que le remplissage des fosses n'ait pas été différent du sable encaissant, ce qui rend la recherche systématique presque impossible. Il n'y avait certainement pas la "terre noire" des tombes champenoises. Mais il n'y a pas à douter de l'existence aux confins d'Aiglemont et de La Grandville d'au moins une nécropole du La Tène 1, à tombes dispersées (les rares trouvailles faites côte à côte ne concernaient que des objets pouvant avoir été dans la même tombe, comme le bracelet et la fibule de la fig. 12). Les fosses à incinération (plus de 20 fosses) qui ont été vues un peu plus au sud, au lieu-dit "Les Mottes", fosses de 2 x 1 x 0,7 m, n'ont fourni que de très rares indices, se rapportant au Gallo-romain. Au lieudit "Champ-Bataille", immédiatement à l'ouest de la route et de la nécropole du La Tène 1, était un cimetière mérovingien. Cette crête qui domine le village actuel a accueilli à diverses époques les nécropoles, car les sables lotharingiens ne sont guère cultivables et c'était donc un terrain disponible. Le terroir était aussi habité au La Tène III car on y trouva, lieudit "la ferme de Gély", plusieurs monnaies gauloises où figurait le sanglier (H. Colin, s.d., p. 9).

MAIRY "LES HAUTES CHANVIÈRES"

La fouille de sauvetage du village Michelsberg des Hautes Chanvières à Mairy (Marolle, 1984, 1989), dans la plaine alluviale du confluent Meuse-Chiers, a fourni aussi un habitat de l'époque de La Tène dont les structures (fosses, enclos) recoupaient celles du Néolithique moyen. Les auteurs doivent à la complaisance de leur vieil ami Clément Marolle de pouvoir publier ici ce matériel demeuré inédit, "le Michelsberg ayant priorité" pour le fouilleur.

L'habitat était très important, plusieurs dizaines de fosses ont été fouillées, intriquées avec de multiples autres datant les unes du Gallo-romain (dont elles ont subi le labour), d'autres encore de l'Age du Bronze, et bien entendu avec le Néolithique moyen.
Il y avait à proximité (100 à 200 m une dizaine (au moins) d'enclos circulaires de grande taille (20 à 35 m de diamètre, 1 m de large, 1 m de profondeur) dont les espaces intérieurs étaient vierges de structures protohistoriques et dont les remplissages n'ont fourni (à des fouilles nécessairement très rapides) que quelques tessons de l'Age du Fer. Les fosses de l'habitat n'étaient perceptibles que dans le gravier sous-jacent, on ne les distinguait pas dans les premiers 50 cm composés de limon d'inondation. C'est dire que d'une part des mélanges avec les époques précédentes ne sont pas exclus, les éléments de ces périodes ayant été présents dans la terre avant le creusement des fosses gauloises. Et que par ailleurs les parties supérieures des fosses ont pu subir des contaminations par les époques suivantes, sans parler encore des infiltrations de petits objets dues aux nombreux terriers de taupes et de souris. On a ainsi trouvé une petite monnaie romaine (un As) dans une fosse du La Tène 1. Ces circonstances doivent rester présentes à l'esprit lors de la discussion. L'habitat marnien des Hautes Chanvières fera l'objet d'une publication détaillée ultérieurement, nous ne fournirons ici que les éléments les plus caractéristiques permettant d'affirmer la présence des Gaulois marniens dans cette plaine alluviale.

L'habitat celtique des Hautes Chanvières a duré plusieurs siècles. On y trouve (fig. 20, en haut à droite) dans la fosse 24 un caréné à col associé à un vase à fond rond et carène basse et dans une structure voisine (AE 64, niveau 2a1) un autre vase à fond rond et carène basse. Il s'agit donc du La Tène 1 a, avec encore des vestiges de la transition depuis le Hallstatt final. Cette fosse confirme la continuité absolue de ces deux époques, bien manifeste en Champagne (Rozoy, 1989). Le fragment de bracelet en roche noire ("schiste" ? sapropélite ?) de la fosse7 (fig. 22) pourrait appartenir aussi à la transition Hallstatt-La Tène, il rappelle celui de Semeuse (fig. 4). Plusieurs gobelets carénés à cols (fig. 14), les uns à fond rond, un autre plus laténien, ont été trouvés entiers, seuls dans de petites fosses qui ont donc un caractère différent des fosses à détritus voisines, mais aucune sépulture n'a été découverte, bien que l'os soit conservé. L'un de ces gobelets porte un décor de marches d'escalier peint en clair sur fond plus foncé. Il y a dans les fosses de rejets des assiettes carénées, bombées (fig.15, en haut, fig. 21) ou plates (fig. 15, dessous, fig. 21, en haut), des vases tronconiques, des jattes curvilignes (fig. 18, 21) et de nombreuses carènes (fig. 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21) dont la plupart appartiennent sans doute à des situles et à des jattes carénées, mais on sait que dans le Nord-champenois ces formes persistent au La Tène lb.

Il y a aussi des indices d'évolution. La fosse 32 (fig. 14) contient de nombreux décors au peigne (à 6 dents) qui à Manre "le Mont Troté" (Rozoy, 1988) et à Charleville-Mézières "la Warenne" (ci-dessus) se placent au La Tène lb, des bords plats, et un décor d'impressions à la spatule, alignées à la partie la plus large d'une situle curviligne. Caréné à col peint dans la structure 5689, cette fois une fosse à détritus (fig.19), mais il porte des groupes de trois bandes verticales et voisine avec des méandres au peigne sur une écuelle curviligne. Autre jatte curviligne avec décor au peigne dans la fosse 28 (fig. 21). Dans la fosse 34 c'est, avec un caréné à col et une coupe "parasol", une situle curviligne à bord évasé (fig. 15). Une autre coupe "parasol", vient de la structure 6757 (fig. 18), une autre de la structure 5689 (fig. 19). Un fragment d'une quatrième a été trouvé sur les déblais des engins mécaniques, une autre à Amblimont, à 3 km en amont, à la jonction du coteau et de la prairie alluviale (Lambot, 1988). Dans la fosse 21 (fig. 18, en haut), une situle décorée au peigne et un vase à profil curviligne décoré, à nouveau, d'une ligne d'impressions à la spatule. Décor analogue, mais couvrant, sur un tesson de la fosse 22 (fig. 20). Dans les fosses 20 et 38, des situles carénées à segments supérieurs à profil concave (fig. 20) qui rappellent celle de Aure Ro 38 datée au La Tène lc par son accompagnement (Rozoy, 1988). Une autre dans la structure 7368 (fig. 18, en bas à droite) accompagne un décor au peigne opéré par croisement et une jatte curviligne. Les vases archéologiquement complets de la fig. 16 sont aussi nettement plus tardifs que les carénés.

La Tène l est attesté dans les fosses 14 (fig. 14, en haut à gauche) et 16 (fig. 18, en bas à droite) par des coupes à épaulement bas ou à carène basse, portant le replat sous le col si caractéristique qui permet de ne pas les confondre avec les vases à fond rond et carène basse du Hallstatt final. La présence dans cette même fosse 14 du décor peint, mais cette fois avec un motif croisillonné, montre que cette technique de vases peints ne se limite pas au début du La Tène 1. Les coupes à épaulement sont d'ailleurs encore présentes au La Tène Il, dont les autres formes céramiques (ovoïdes, etc.) sont difficilement identifiables sur les tessons non raccordables des fosses de rejets. Les associations dans les mêmes fosses de formes censées appartenir les unes au La Tène la, les autres au La Tène lc, montrent une perduration des carènes au La Tène lb et la continuité absolue de l'habitat, sans interruption. La région n'a donc pas été désertée au IVe siècle.

La céramique celtique de Mairy "les Hautes Chanvières" a été faite d'une argile contenant naturellement 45 % et plus (souvent 60 %) de cristaux de quartz de 5 à 50 microns et des quantités notables (15 à 30 %) de grains d'oxyde de fer de 20 à 50 microns. Il s'y joint de très petites quantités de gros quartz ronds (de 100 à 500 microns et plus) et parfois des traces de débris de coquilles et (ou) de calcite. L'oxyde de fer, qui a la même teinte que la pâte, est assez difficile à percevoir, et on peut se demander s'il n'y en avait pas dans les céramiques de Charleville-Mézières "la Warenne", qui n'aurait pas été perçu, puisque la composition en est par ailleurs la même, jusque dans les détails. L'oxyde de fer est plus visible à la surface, où il a peut-être été apporté ou concentré par les façons des céramistes. Le limon très argileux dans lequel les fosses sont creusées contient ces mêmes ingrédients dans les mêmes dimensions et les mêmes proportions, et il paraît évident que les potiers locaux ont utilisé cet excellent matériau trouvé sur place. Sur les 33 vases analysés, un seul (de la fosse 16, tardive, dont les autres céramiques ont la composition constante dans le gisement) contient de l'oxyde de fer beaucoup plus gros, de 50 à 300 microns, rappelant celui de certaines céramiques de Manre "le Mont Troté", fabriquées en Argonne. Mais il serait imprudent d'affirmer une importation depuis les ateliers ayant fourni le Mont Troté, car la géologie régionale permet de postuler diverses sources d'une telle association dans les prolongements nord de l'Argonne, qui sont beaucoup plus proches.

Les potiers locaux ont, comme à Semeuse et à La Warenne, fortement complémenté cette argile déjà très bonne avec de la chamotte, à raison le plus souvent de 30 à 45 %, parfois un peu plus ou un peu moins. La chamotte est ainsi le second dégraissant dans 28 cas sur les 33 examinés, le troisième dans trois cas, et elle ne manque que dans deux cas, étant remplacée par de la calcite broyée dans un cas, pour l'autre il s'agit du vase cité ci-dessus pouvant provenir d'un autre site où l'oxyde de fer est plus gros. D'autres compléments plus rares sont la calcite (9 cas, dont 4 à l'état de traces pouvant provenir de la chamotte) et des coquilles (6 cas, tous à moins de 5 %). Quelques inclusions de végétaux n'ont été observées que 3 fois, à l'état de traces. L'ajout massif de tesson broyé (ayant la même composition que la pâte qui le contient) permet d'obtenir une céramique très dure (on a dû prendre une pince pour en briser de petits morceaux pour les examens). La cuisson n'est cependant pas très forte ni très longue, la pâte reste noire ou brune foncée dans la plus grande part de l'épaisseur, des couches externes peu oxydées et peu développées n'ont été observées que 14 fois, dont 8 avec enfumage de surface. La cassure reste granuleuse dans la majorité des cas (27 sur 33), avec une ébauche de litage dans 11 cas, mais un bon ou assez bon litage n'est observé que 6 fois, et la cassure n'est jamais polyèdrique. La couleur extérieure est noire dans 16 cas, grise ou brune dans onze autres, et rouge ou orange seulement dans cinq, beige pour le dernier. Un faible engobe a été observé 2 fois.

Une fibule en fer a été trouvée dans la fosse 13 (fig. 22). Bien que le pied en manque, le grand arc bas en quart de cercle et le ressort bilatéral à 2 x 2 spires et corde externe permettent de l'attribuer au La Tène lb plutôt qu'au La Tène la. Le fragment de fibule en bronze (trouvé hors structure) est de même plan.

Un peigne "de tisserand" de toute beauté a été découvert dans la structure 4508 (fig. 22). Il est en matière organique, os ou bois de cerf. La face supérieure bombée a été soigneusement polie avant sa décoration, elle porte toutefois des griffades transversales postérieures au polissage et qui proviennent probablement du travail auquel le peigne a servi. La face inférieure est plane et le polissage n'y est parfait qu'au long des deux bords, au milieu apparaît le tissu spongieux qui n'était pas susceptible de fournir une surface lisse, mais qui a été bien régularisé par le travail. Le peigne mesure 139 x 38 mm, il a la forme d'un trapèze allongé avec les 10 dents (longues de 23 mm) à l'extrémité la plus large.
Il est muni, à l'opposé, d'une terminaison ronde décorée de chevrons opposés par le sommet et perforée en son centre pour permettre la suspension.
Des groupes de trois traits transversaux décorent en outre les deux extrémités du trapèze. On retrouve là le décor de chevrons connu au Hallstatt final et au La Tène la - lb sur les céramiques et les bronzes, et celui de trois traits connu au La Tène lb sur les céramiques (Rozoy, 1988). L'identité de forme avec l'objet de la fosse 1 de Charleville-Mézières "la Warenne" (fig. 9) permet à la fois d'assurer la nature de ce dernier et de retenir pour les deux la datation au La Tène lb (Marolle et Rozoy, 1993).

Les peignes "de tisserands" auraient servi à tasser sur la chaîne les fils de trame des métiers à tisser verticaux à pesons (Hodder et Hedges, 1977 ; Warmenbol, Cabuy, Hurt et Cauwe, 1992). Le débat subsiste toutefois sur leur commodité d'emploi (Hodder et Hedges, 1977). lls ont parfois été confondus (Camps-Fabrer, 1990) avec des peignes à carder ou "sérançoirs" dont la morphologie est nettement différente. Bien que la plus grande masse en ait été trouvée en Angleterre (plus de 700 pièces, Hodder et Hedges, 1977) il y en a aussi en Belgique (Warmenbol, Cabuy, Hurt et Cauwe, 1992) et en France à Hauviné (Roualet, 1973) et Verberie (Marquis et Brunaux, 1975). Les pièces de la cabane 5 d'Hauviné et de Verberie sont bien datées à la limite L.T. la - L.T. lb par les riches mobiliers d'accompagnement.

AUTRES ELEMENTS

Le Musée de Charleville possède encore dans la collection Pierquin un torque à petits tampons typiquement La Tène 1 (fig. 23). Il aurait été trouvé dans la propriété Bougon sur le "Mont Olympe" à Charleville-Mézières (à l'époque, commune de Montcy-StPierre). Toutefois il est notoire que Mr Pierquin qui achetait des antiquités uniquement ardennaises a été parfois dupé par des revendeurs qui lui présentaient comme de provenance ardennaise des objets manifestement étrangers : c'est le cas pour le poignard chypriote trouvé "dans un tumulus à Dricourt" avec un poignard plat triangulaire à languette et une fibule "a sanguisuga" (Rozoy, 1968). En outre Mr Bougon est qualifié par F.X. Masson (1861) d'"antiquaire". Aussi le torque "de Montcy St-Pierre" ne peut-il être retenu trop sûrement comme d'origine locale.

Rappelons enfin la nécropole de la forêt des Pothées (Hégly, 1938 ; Fromols, 1955 ; Toumeux, 1990) qui est maintenant attribuée par J.-L. Flouest (1984, 1990 b) au Hallstatt avec poursuite de l'utilisation au La Tène 1c/II, ce qui la rapproche beaucoup de Haulzy (Goury, 1911) et des nécropoles hallstattiennes belges de Gédinne et de Louette St-Pierre. Son ampleur était considérable (2 000 hectares, 200 tumulus annoncés, 70 effectivement repérés, mais l'un des auteurs en a retrouvé d'autres). Elle supposait donc un peuplement important, et d'autant plus qu'apparemment on n'y enterrait que des privilégiés. De ce peuplement témoigne encore le vase à incinération du La Tène II trouvé comme sépulture adventice dans le tumulus de l'allée couverte de Ganguille à Giraumont (commune de St Marcel), près des Pothées (Rozoy, 1963 b). Ce vase est toutefois discuté, il est maintenant revendiqué par les spécialistes du Chalcolithique (on pourrait résoudre l'ambiguïté en datant le charbon de bois qui l'accompagnait, qui est conservé chez les auteurs).

La découverte par photographie aérienne d'enclos analogues à ceux de Manre "le Mont Troté" entre la Meuse et la Chiers, au-dessus d'Amblimont, demande confirmation au sol. Enfin il y a encore la sépulture isolée sauvée au bord d'une route à Sapogne-sur-Marche par J.-P. Lémant (1985-86). Elle a fourni un fourreau d'épée du type d'Hatvan-Boldog, donc de la fin du La Tène 1, et trois vases fragmentaires dont l'un (n° 6) évoque celui de la t. Ill d'Hamipré-"La Hasse" en Ardenne (Cahen-Delhaye, 1983, p. 253). C'est un nouvel élément suggérant que le peuplement du massif ardennais a pu durer un peu plus longtemps qu'on ne le pensait.

CONCLUSIONS

La bordure sud de l'Ardenne connaissait au La Tène Il-III un important peuplement : Giraumont, Les Pothées, Bertaucourt, Semeuse, Angoury (Ville-sur-Lumes), Mairy, Saulces-Monclin, temples de Balons et du Flavier à Mouzon (fig. 2). Ce n'était pas, et de loin, sans antécédent au Hallstatt et au La Tène 1.
Cette étude n'a pour but que de le montrer. La continuité des habitats et des nécropoles, la coexistence d'éléments typologiques distincts dans les mêmes fosses et parfois sur les mêmes objets (fig. 4) montrent que la région a été habitée continûment au cours de tout le La Tène 1, sans vide au IVe siècle.

Remerciements

Les auteurs remercient leurs excellents amis Alain Tourneux, conservateur du Musée municipal de Charleville-Mézières, qui a mis à leur disposition dans de très bonnes conditions le matériel de ce Musée, et Clément Marolle, qui leur a confié et expliqué avec une patience infinie le matériel laténien inédit de sa magnifique fouille des Hautes Chanvières à Mairy. Sans ces participations désintéressées il n'eût pas été possible de combler la lacune documentaire qui séparait les tombelles ardennaises belges du Marnien.

(M. C. Musée municipal de Charleville-Mézières).

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LISTE DES FIGURES

Fig. l : Marnien, tombelles de l'Ardenne et Nord de la France.
Triangles : Hallstatt Points : La Tène.
Au cours des 20 ans écoulés l'isolement géographique du Marnien a été rompu par les travaux de nos collègues belges, nordistes et picards. Les sites marniens du sillon préardennais Meuse-Chiers achèvent de combler la lacune.

Fig. 2 : Les Ages du Fer dans le département des Ardennes.
Les traits renforcés de hachures indiquent les limites des zones géologiques : Ardenne primaire, zone jurassique, zone de la craie. Tous les sites ardennais connus des auteurs sont figurés. Dans la Marne n'ont été indiqués que l'Argentelle (à Beine ) et Haulzy : il y en a trop, et on ne dispose pas d'un relevé exhaustif. Pour les Ardennes, bon nombre de sites non sûrs ont été omis (par exemple "éperon barré de Chestres, qui n'est pas daté). L'inclusion des trouvailles de monnaies gauloises (44 communes) favorise peut-être le La Tène III, mais la terre noire des fosses marniennes favorise cette culture, tout au moins sur la craie.

Fig. 3. : Sites celtes des environs de Charleville.
Les nécropoles connues du La Tène 1 étaient l'une dans la plaine alluviale de Semeuse, plus un habitat à La Warenne, les autres sur le plateau à Aiglemont-La Grandville, 130 m plus haut. L'occupation n'était donc pas limitée à un seul biotope, ni à l'une ou "autre rive du fleuve. Pour le La Tène III des monnaies ont été trouvées à Montcy-St-Pierre, peu au-dessus de la vallée, et au Mont Olympe, des incinérations, des habitats et des monnaies à Bertaucourt à 60 m plus haut, et des monnaies à Aiglemont (ferme de Gély, sur la hauteur schisteuse) et à Ville-sur-Lumes dans la ville romaine d'Angoury à 100 m au-dessus de la vallée. De la nécropole La Tène III de Semeuse affirmée par Mr. Brissot il ne nous reste rien et on ne peut la retenir trop sûrement, mais les fibules (fig. 5) sont du La Tène II, les monnaies trouvées à Lignicourt confirment le La Tène III, et il n'apparaît pas non plus de limitation. D'autres sites qui ont fourni des monnaies sont en cours de prospections (Doyen et Lémant 1982) et il n'apparaît pas opportun de publier leurs emplacements précis actuellement.

Fig. 4. Semeuse : torque à torsade large, fibules, bracelet fin, bracelet fer, anneau schiste, anneau bronze. (M. C. ).
Les fibules typiquement La Tène 1 évoquent par leur grand arc en quart de cercle celles de la tombe 3 des Rouliers et de la tombe 54 du Mont Troté, placées dans la période 4 de ces nécropoles, donc au La Tène lb. Mais par leurs grosses boules elles rappellent celles de la tombe Ro 25 placée dans la période 5, au La Tène lc, c'est encore une confirmation de la continuité de ces nécropoles. Le bracelet en fer (dont les boursouflures de rouille n'ont pas été figurées) évoque la pénurie de bronze dans le Nord-Champenois au 4e siècle, déjà rencontrée au Mont Troté (MT.81). Le torque à torsade large (dont on ignore s'il était dans la même tombe) renvoie à la tombe Ro.36.A placée dans la période 3, donc au La Tène la, comme l'anneau plat qui évoque celui de M. T.27.
L'anneau en schiste, qui parait trop petit pour être un bracelet, peut se placer dans tout le La Tène 1, mais plutôt au début. Et le bracelet fin sans tampons, avec ses incisions transversales groupées, ne peut se comparer qu'à la période de transition Hallstatt-La Tène (Rozoy 1989).
La nécropole de Semeuse couvrait donc tout le La Tène 1.

Fig. 5 : Semeuse : torque, bracelet à bossettes, fibules (M. C. )
Il n'est pas certain, mais probable en raison du style original, que le torque et le bracelet proviennent d'une même tombe. Le torque est extraordinairement baroque avec ses 6 bossettes en très fort relief portant des esses enchaînées. Les bossettes sont séparées par huit disques. Bossettes et disques ne saillent pas de l'autre côté, qui est plat. D'autres esses enchaînées figurent aussi sur le jonc, à l'opposé des tampons, et sur ceux-ci, qui sont creux et contiennent encore une substance noirâtre qui resterait à déterminer. Les 17 bossettes du bracelet sont elles aussi très fortement saillantes, mais leur décor d'icisions est plus simple et rappelle, comme dans la tombe 4 de Ménil-Annelles, le style géométrique précédent. L'exubérance du décor évoque une évolution au-delà du L T. Ic classique et on doit être à la limite du LT. II, sinon déjà dans cette époque. Les fibules sont le fossile directeur même du La Tène II, avec leur anneau liant le pied au haut de l'arc, elles proviennent très probablement de tombes distinctes.

Fig. 6 : Semeuse : céramique. (M. C. ).
Le décor de chevrons du vase 429 est dans la tradition géométrique héritée du Hallstatt, et qui, dans le Nord-Champenois, a occupé tout le LT. lb (Rozoy 1988), mais c'en est une adaptation libre datée à MT.133 du LT. Ic, comme aussi le bourrelet sous le col. Les rangées de coups d'ongle (426, 427 et 440 sur la fig. 8) sont au Mont Troté à la fin du LT. lb, mais le replat du col du 427 est au LT.lc et va avec des décors curvilignes, tant sur les pots que sur les bijoux (Rozoy 1989), décors que nous trouvons sur le torque de la figure 5. Le vase 426 a été dessiné d'après les mensurations et dessins réduits de Mlle Tainturier.

Fig. 7 : Semeuse : céramique. (M.C. ).
La situle curviligne 435 (dans cette courte série qui n'est certainement pas représentative) est à Semeuse, avec le vase-toupie 431 de la fig. 8, le seul vestige subsistant, et bien édulcoré, des formes carénées du Ve siècle, qui par contre figurent à La Warenne et étaient (d'après Mr Dorigny) bien caractérisées a Aiglemont. Mais il n'y a pas non plus les décors curvilignes qui au Sud de la Champagne commencent déjà au Ile siècle, mais au Mont Troté n'apparaissent qu'au IIIe. lci les formes globuleuses dominent fortement, peut-être aussi pour des raisons de conservation, il est déjà bien beau que ces 15 vases soient parvenus jusqu'a nous. Les vases-tulipes comme le 433 sont au Mont Troté au L.T. I b avec des vases globuleux comme ici. Le vase 428 a été dessiné d'après les mensurations et dessins réduits de Mlle Tainturier.

Fig. 8 : Semeuse : Céramique. (M.C. )
La coupe à épaulement bas 444.D, la seule pièce tournée connue à Semeuse, ne peut être antérieure à la fin du LT. I c. Le motif des trois bandes horizontales y est, comme sur le piriforme à col droit 444.A, très modifié par rapport à ses expressions antérieures (Rozoy 1988). Le vase-toupie 431, le seul à Semeuse portant une sorte de carène, évoque des pots des Rouliers (Ro.36) accompagnant un torque à torsade large analogue à celui de la fig.4, et surtout le vase isolé de La Warenne (fig. 11).

Fig. 9 : Charleville-Mézières "La Warenne" : céramique sauvée des travaux de 1973. (M. C.) (page de droite ).
Les seules formes attestées après ce massacre sont des situles et assiettes carénées typiques du La Tène 1, mais les carénés à col manquent, et la reconnaissance des vases globuleux est beaucoup plus aléatoire dans ces conditions ; il y a toutefois dans ce sens le vase de la fosse 5 (W II), dont la panse est éclaboussée comme celle de la situle de la fosse 7, et d'autres. Le tesson F1-9 renvoie au L.T. I b de Gourtrai, ce qui confirme. L'objet F1-18, en os, est expliqué par celui plus complet de Mairy (fig. 22) qui est un peigne "de tisserand".

Fig. 10 : Charleville-Mézières "La Warenne " : assiette carénée F1-4, fosse F-10. (M. C. ).
Le décor de méandres au peigne à l'extérieur de l'assiette F1-4, et son bord plat, renvoient au L.T. I b du Mont Troté. Il n'y a pas dans la fosse F-10 d'élément vraiment caractéristique et la datation pourrait être discutée, le bord décoré pourrait être plus ancien que le second Age du Fer, mais on en verra de semblables à Mairy avec des situles carénées (fig. 18-19).

Fig. 11 : Charleville-Mézières "La Warenne " : vase de la fosse F-6, vase sauvé du godet. (M. C. ).
La situle de F6 présente un décor en très fort relief, très original, auquel nous ne connaissons pas de point de comparaison, on en trouvera certainement plus quand on aura fouillé plus d'habitats. Le vase isolé sauvé du godet renvoie au L.T. II de Loos comme au L.T. I b des Rouliers et au vase 431 de Semeuse (fig. 8).

Fig. 12 : La Grandville, lieudit "Arnival" : bracelet et fibule.
Fibule à grand arc en anse de panier, gros ressort à 4 spires (2 + 2), corde interne. Le pied se recourbe vers l'arc qu'il touche à mi-hauteur, il porte une protubérance et de part et d'autre 3 et 3 incisions transversales. L'évocation d'un bec d'oiseau est assez lointaine. La chaînette enfilée sur l'ardillon par ses 2 extrémités comprend 28 anneaux, tous doubles, dont les diamètres varient de 5 à 10 mm. Bracelet fin à tampons ébauchés, à décor d'incisions obliques alternées très effacé par l'usure. Les deux objets ont été trouvés ensemble et étaient très probablement dans la même tombe. Les points de comparaison sont au début du La Tène la.

Fig. 13 : Aiglemont, "l'Homme Mort" : vases, torque, bracelet. (Photos J. Héraux). (d'après Etudes Ardennaises 13 (avril 1958)
Le bracelet torsadé à petits tampons ébauchés et les 7 vases sont à l'évidence du La Téné I b. Le torque initialement attribué au La Tène II doit raisonnablement être restitué à cette période également.

Fig. 14 : Mairy, "Hautes Chanvières " : fosses 14 et 32, vases entiers isolés.
La fosse 32 associe de grandes situles carénées à panse éclaboussée ou non, certaines décorées au peigne, à d'autres sans carène avec ou sans décor de ponctuations alignées. Il y a au moins un caréné à col, et des bords plats saillant en dehors. Les trois vases entiers, à l'évidence du début du La Tène 1, étaient dans de petites fosses spéciales et pourraient avoir eu un caractère d'offrandes. Dans la fosse 14 les deux fragments de bords évoquent les coupes du La Tène lc (Rouliers 25.2). Le décor croisillonné dans cette fosse, comme sur le gobelet à carène basse de la structure 4719, est peint à la barbotine claire sur fond brun foncé. Mais cela ne signifie pas nécessairement une contemporanéité avec 4719, qui paraît exclue en fonction des formes d'accompagnement dans la fosse 14.

Fig. 15 : Mairy, "Hautes Chanvières " : fosse 34, structure 5136.
La structure 5136, à nouveau, associe des situles carénées et d'autres qui ne le sont pas, certaines décorées au peigne, et des assiettes bombées, décorées au peigne ou non. Ces éléments sont antérieurs au gobelet caréné à col entier de la figure 14, qui était dans une petite fosse spéciale creusée aux dépens du remplissage de la structure 5136. Dans la fosse 34 une coupe à bord ourlé ("coupe parasol") voisine avec les débris d'un vase caréné à col, d'un piédouche et d'une situle carénée, mais l'un des bords évoque le vase isolé de La Warenne (fig. 11) et le vase 431 de Semeuse (fig. 8). Il y a donc de larges recouvrements chronologiques entre ces formes que l'on donne parfois pour exclusives les unes des autres.

Fig.16 : Mairy, "Hautes Chanvières" : structures 3220 et 4720, fossé 7435.
Ces vases curvilignes paraissent plus récents que les éléments des figures 14 et 15 (sauf la fosse 14).
Celui du haut était couché entier au fond du petit fossé 7435, un fossé d'enclos présentant un angle droit (le reste était détruit). Il pourrait donc avoir une valeur idéologique, comme les gobelets de la figure 14. Les deux autres vases (structures 3220 et 4720), trouvés dans des fosses à détritus, sont incomplets.

Fig. 17 : Mairy, "Hautes Chanvières" : structures 7375 et autres.
A nouveau dans la structure 7375 l'association d'un grand caréné à col très bas, qui évoque celui de la tombe à char du Mont Troté, et d'une situle curviligne à petit rebord, plus de grandes jattes carénées que l'on retrouve dans d'autres structures. La faisselle de 5116 montre un souci d'esthétique pour un vase manifestement utilitaire.

Fig. 18 : Mairy, "Hautes Chanvières " : structures diverses.
On retrouve l'association de formes carénées et non carénées, de jattes ou assiettes bombées, la présence de quelques bords plats, le décor au peigne. Dans la fosse 16, le replat sous le col que l'on ne rencontre pas avant le La Tène Ic. Dans la structure 6527 il n'y a pas de forme bien caractéristique du La Tène, on pourrait discuter l'attribution à cette époque, mais c'est dans la zone des fosses celtiques et la qualité de la céramique est la même.

Fig. 19 : Mairy, "Hautes Chanvières" : structures 5689 et 6772.
A nouveau "association (str. 5689) d'assiettes et de situles carénées, et même d'un caréné à col peint, avec des bords plats, des méandres au peigne et des segments supérieurs évasés. D'ailleurs le décor peint, par ses bandes verticales, évoque aussi la période 4 du Mont Troté et le La Tène lb. La coupe à bord festonné ("parasol") paraît bien durer tout le long du La Tène 1. Dans la str. 6772, de même, assiette et écuelle carénée accompagnent une situle curviligne et un décor de chevrons couchés qui à MT.68A est associé à un torque à gros tampons. Curieux petits vases d'accompagnement, dont un avec une division interne à laquelle les auteurs ne connaissent pas d'analogue.

Fig. 20 : Mairy, "Hautes Chanvières " : structures diverses.
Les fosses 23 et surtout 24 et le carré AE. 64 (couche 2a1) sont apparemment très précoces avec des vases à fond rond et épaulement bas.
Par contre les fosses 20 et 22, voisines, et la fosse 38, semblent plus tardives avec le décor couvrant et les segments supérieurs évasés, également présents dans 6765. Dans le carré AG. 69 (couche 2a1), une sorte d'anse (cuiller ?) inconnue dans les nécropoles. Et dans les structures 6765 et 6597, de très grands vases, pas très beaux mais très solides, que l'on ne trouve pas non plus dans les tombes.

Fig. 21 : Mairy, "Hautes Chanvières " : assiettes et jattes carénées et curvilignes.
Dans diverses fosses voisines, des assiettes basses ou bombées avec baguette au bord et des jattes, l'une carénée et baguettée, l'autre curviligne et portant le décor au peigne. La dimension de ces vases est dans l'ensemble nettement supérieure à ce qu'on trouve dans les tombes : 2 sur 32 en dessous de 20 cm, contre 18 sur 28 au Mont Troté et aux Rouliers.

Fig. 22 : Mairy, "Hautes Chanvières " : fibule en fer, peigne en os.
La fibule de la fosse 13, à grand arc en quart de cercle, comporte un ressort à quatre spires (2 et 2) et corde externe, on peut "attribuer au La Tène lb.
Un fragment d'une autre fibule, en bronze celle-ci, a été trouvé hors structures : ardillon et deux spires du ressort. La fosse 7 a fourni un fragment d'un bracelet en roche noirâtre (sapropélite ?) à section ovalaire. Il pourrait être un peu plus ancien (transition Hallstlatt-La Tène 1 ?) Le peigne en os de la structure 4508, certainement un peigne "de tisserand" (Marolle et Rozoy 1993), est un splendide exemplaire, il ne déparerait pas les collections anglaises qui en ont fourni beaucoup (Hodder and Hedges 1977). Comparer avec la pièce fragmentée de La Warenne (fig. 9).

Fig. 23 : Torque "de Montcy-St-Pierre ". (M. C. ).
Beau torque à petits tampons du La Tène la, mais l'origine locale en est douteuse.


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